Pourquoi le SCFP devrait-il prendre position sur la guerre contre l’Iraq ?
Le SCFP est un syndicat qui a une conscience sociale. Nous nous sommes toujours exprimé sur les enjeux d’actualité, depuis l’époque de Grace Hartman, qui était une leader du mouvement pour la paix. Aujourd’hui, la population canadienne manifeste et exige la paix et le SCFP est invité à se prononcer.
Au dernier congrès national du SCFP, les déléguées et délégués ont adopté une résolution intitulée « Paix et sécurité contre le terrorisme» . La résolution demandait au SCFP de se joindre aux « églises, aux groupes d’étudiantes et étudiants, aux groupes pour la paix, aux organismes d’aide, au NPD et à d’autres syndicats dans l’opposition au bombardement de l’Afghanistan ou de tout autre pays et d’inciter le gouvernement canadien à maintenir le droit international comme moyen le plus efficace pour assurer la justice.»
Le SCFP est opposé à la guerre contre l’Iraq
La guerre n’est dans l’intérêt ni des travailleuses et travailleurs, ni des citoyennes et citoyens – que ce soit au Canada ou en Iraq. La guerre détruit l’économie et les collectivités. La guerre s’approprie le financement destiné aux services à la population comme les soins de santé, l’éducation, le logement et les services publics. Une attaque armée contre l’Iraq causera un tort immense aux femmes, aux enfants et aux hommes d’un pays qui est déjà aux prises avec une crise humanitaire majeure. Pendant la guerre, les femmes sont toujours les victimes directes et innocentes de violence, de déplacements et de viols. La guerre coûte très cher aux femmes.
Au SCFP, nous nous efforçons de travailler pour le développement des infrastructures et des services publics. En Iraq, les infrastructures publiques – les hôpitaux, les écoles, les usines de traitement de l’eau et le réseau d’électricité – ont toutes été détruites pendant la guerre du Golfe. L’Iraq ne peut pas entreprendre la reconstruction de ses infra-structures parce que le pays est soumis à des sanctions économiques qui ont été approuvées par le gouvernement du Canada. Les maladies transmises par l’eau sont devenues épidémiques. À cause des sanctions économiques, la population est incapable de se procurer la nourriture, les médicaments et les autres denrées de base pour assurer sa survie.
Résultat : au cours des onze dernières années, on estime à 1,5 million le nombre d’Iraquiennes et d’Iraquiens qui ont trouvé la mort à cause de la guerre et des sanctions. Selon l’UNICEF, le tiers de ces victimes, soit 500 000, sont des enfants et, en ce moment même, plus de 25 % des enfants iraquiens souffrent de malnutrition. Près de la moitié de la population de l’Iraq est âgée de moins de 14 ans.
Les femmes et les hommes qui ont consacré leur vie aux forces armées canadiennes ne doivent pas être utilisés pour livrer une guerre injuste. Nous appuyons le rôle important qu’ont toujours joué les forces militaires du Canada comme soldats de maintien de la paix. Nous demandons au gouvernement d’affirmer la souveraineté du Canada et de maintenir une politique étrangère indépendante, incluant une politique indépendante en matière de défense.
Il est inacceptable que les gouvernements puissent trouver immédiatement les milliards de dollars nécessaires à une opération militaire de cette envergure pendant qu’ils continuent de sabrer dans le financement des services et infrastructures publiques.
Les sondages montrent que les Canadiennes et Canadiens ne sont pas en faveur d’une attaque contre l’Iraq.
La guerre n’est pas une solution
Le SCFP dénonce Saddam Hussein, son gouvernement non démocratique et les brutalités qu’il continue d’infliger aux Iraquiens et Iraquiennes qui s’opposent à son régime, en particulier le peuple kurde.
Les Iraquiennes et les Iraquiens veulent un nouveau gouvernement, mais ils ne veulent pas échanger une dictature contre une autre. Nous devons trouver d’autres solutions que la guerre pour montrer que nous sommes solidaires de leur lutte. La guerre avec l’Iraq n’aura rien à voir avec la libération du peuple kurde, ni avec l’accès du peuple iraquien à la richesse pétrolière du pays. La guerre avec l’Iraq portera sur l’accès inconditionnel des puissances occidentales aux vastes champs pétrolifères du pays, les deuxièmes plus grands au monde. Cette guerre garantira les profits des sociétés multinationales du pétrole.
La guerre n’est ni une façon légitime de démettre un dirigeant ou un gouvernement, ni une façon acceptable d’avoir accès aux champs pétrolifères de l’Iraq, ni une solution au terrorisme. Cette guerre est une guerre injuste.
Nous appuyons la déclaration suivante du CTC : « La guerre contribuera à accroître l’instabilité dans cette région du monde, elle occasionnera de nouvelles souffrances aux populations civiles, elle sera à l’origine d’une colère et d’une haine encore plus fortes et elle engendrera encore d’autres conflits.» De nombreuses personnes croient qu’une attaque menée contre l’Iraq dégénérera en un conflit qui débordera rapidement des frontières de l’Iraq.
Nous convenons qu’il faut débarrasser le monde des armes de destruction massive. Mais la question de savoir comment arrêter la fabrication d’armes de destruction massive est complexe – les armes de destruction massive sont une menace à l’humanité à l’extérieur des frontières de l’Iraq aussi — aux États-Unis, en Russie, et dans les mains de terroristes individuels. Soutenir le déclenchement d’un conflit contre l’Iraq n’est pas une solution au problème.
Il faut plutôt militer activement en faveur de l’application, dans tous les pays, du droit international, de la négociation de traités sur le désarmement véritablement efficaces et de l’octroi de ressources suffisantes aux agences internationales d’inspection. Seul un engagement mondial en faveur du respect des droits de la personne, de la redistribution de la richesse et du partage des ressources naturelles pourra nous permettre de bâtir un monde sans violence, sans terrorisme et sans guerre.
La paix est une question qui concerne les travailleuses et travailleurs et les syndicats
Pendant la guerre, ce sont les travailleuses et les travailleurs qui sont aux premières lignes – et non les dirigeantes et dirigeants politiques ou les membres des conseils d’administration des grandes multinationales qui tireront profit de l’assujettissement de l’un des plus importants fournisseurs de pétrole au monde. Ce sont les travailleuses et travailleurs et les citoyennes et citoyens qui sacrifient leur vie sur les champs de bataille. La guerre nuit davantage aux travailleuses et travailleurs et aux gens ordinaires parce qu’elle mobilise les ressources déjà minimes destinées aux programmes sociaux et aux services publics, ce qui nuit à nos collectivités.
Le SCFP :
- Demandera que notre premier ministre et nos députées et députés prennent publiquement position contre une attaque en Iraq et qu’il use de l’influence du Canada sur la scène internationale pour trouver une solution diplomatique au conflit.
- Participera à des moyens d’action contre la guerre en faveur de la paix, du droit international, de solutions négociées au conflit et de la participation des citoyennes et des citoyens au processus décisionnel en matière de politique étrangère.
- Se prononcera publiquement et fermement contre le racisme et toutes les formes d’intolérance anti-arabe, anti-islamique et antisémite, chaque fois et partout où elles surgiront.
- Appuiera les organisations internationales et les voix progressistes qui s’élèvent en Iraq pour exiger la liberté de parole, un mouvement syndical libre et une économie qui n’est pas entravée par des sanctions économiques.
«Adopté par le Conseil exécutif national, décembre 2002»