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Les travailleuses en garderie sont au bas de l’échelle au chapitre du respect qu’on leur accorde. En dépit de la panoplie d’études réalisées au cours de la dernière décennie sur l’importance capitale de la petite enfance et du travail en garderie, la société canadienne ne s’intéresse que pour la forme à la valeur de ce travail - les conditions de travail et le niveau de la rémunération des éducatrices demeurent extrêmement faibles. La garde d’enfants est perçue comme un travail « réservé aux femmes » et reste sous-évalué à travers le Canada.

Oui, ça me touche! 1 est le rapport d’une enquête réalisée en 1998 sur la rémunération et les conditions de travail des éducatrices et des directrices en garderie au Canada. L’étude a repris l’enquête Garde à l’enfance, menée en 1991, pour comparer ses données à celles de 1998. Voici les faits saillants au chapitre des conditions de travail et de la rémunération des travailleuses.

Portrait du personnel

  • Plus de 98 % du personnel était des femmes
  • Environ 91 % des employées travaillaient plus de 30 heures par semaine
  • À l’échelle du Canada, 44,5 % des travailleuses était âgé de moins de 30 ans
  • Près de 30 % d’entre elles avait un enfant à la maison de moins de 12 ans
  • 60 % travaillaient dans le secteur des garderies depuis plus de 5 ans
  • 71 % des éducatrices en 1998 détenaient un diplôme postsecondaire d’une durée de 1 an, 2 ans ou 3 ans en services éducatifs et de garde à l’enfance – SÉGE (une augmentation substantielle par rapport à 58 % en 1991)
  • 11 % de toutes les éducatrices n’avaient aucune formation reliée aux SÉGE.

RÉMUNÉRATION :

Les salaires versés en garderie sont très bas. À l’échelle du Canada, le taux horaire était de 11,62 $ pour les éducatrices et de seulement 9,59 $ pour les aides-éducatrices.

La syndicalisation est un avantage significatif pour les travailleuses en garderie. Le salaire des éducatrices syndiquées était 30 % plus élevé que celui des éducatrices non syndiquées. Les travailleuses syndiquées gagnaient approximativement 14,24 $ de l’heure tandis que leurs consœurs non syndiquées gagnaient seulement 10,92 $ de l’heure. Par contre, le niveau de syndicalisation était très bas - selon l’enquête, à peine 16 % des éducatrices étaient syndiquées.

Le salaire moyen d’une éducatrice à temps plein était de 22 716 $ par année. L’étude a comparé ce salaire à celui des préposés au stationnement qui, au Canada, en 1996, gagnaient en moyenne 21 038 $ par année.

En 1998 comme en 1991, le salaire versé à certaines éducatrices des Maritimes et des provinces de l’Atlantique était sous le seuil de faible revenu (seuil de pauvreté) défini par Statistique Canada.

Près d’un cinquième des éducatrices à temps plein occupent d’autres emplois et, dans 80 % des cas, elles le font pour suppléer à leur revenu. Elles travaillent ainsi toute l’année à raison, en moyenne, de 6,7 heures par semaine. En 1991 et en 1998, pour les éducatrices et les directrices, l’augmentation du salaire était la chose la plus importante pour faire de leur travail une profession plus satisfaisante.

Avantages sociaux :

Il est possible de pallier, dans une certaine mesure, à une faible rémunération en assurant un certain niveau de sécurité à long terme aux employées. Clairement, en garderie, les avantages sociaux doivent être améliorés. Seulement 10 % du budget des garderies sans but lucratif est affecté aux avantages sociaux (6 % dans les garderies commerciales). Parmi les éducatrices à temps plein :

  • 74 % ont des congés de maladie payés (en moyenne 7,6 jours par année)
  • 58 % bénéficient d’un régime d’assurance-maladie complémentaire
  • 57 % bénéficient d’un régime de soins dentaires
  • 48 % bénéficient d’un régime d’assurance-invalidité longue durée
  • 25 % bénéficient d’un régime de retraite enregistrée.

La majorité des éducatrices sont en âge d’avoir des enfants. Dans deux tiers environ des garderies, les éducatrices ont droit à un congé de maternité non rémunéré et leur emploi est protégé mais seulement 6 % des aides-éducatrices et 16 % des éducatrices ont droit à une prestation complémentaire pour suppléer le manque à gagner des prestations de l’assurance-emploi. Les deux tiers des éducatrices ont droit à une pause-santé payée mais seulement 37 % ont droit à une heure de repas rémunéré. Environ 50 % des éducatrices sont payées pour leur temps de préparation. Environ deux tiers des éducatrices dispose d’un local qui leur est réservé.

CONDITIONS DE TRAVAIL:

Heures de travail :

L’étude a révélé que 91 % des éducatrices travaillaient plus de 30 heures par semaine mais que près du tiers d’entre elles travail-laient comme suppléantes ou occasionnelles ou avaient des contrats limités dans le temps. La plupart de ces travailleuses n’ont droit à aucun avantage social.

Travail non rémunéré :

Le travail non rémunéré est également un problème grave dans les garderies. En effet, l’étude indique que les éducatrices et les aides-éducatrices font en moyenne 4,6 heures par semaine de temps supplémentaire non rémunéré. Dans d’autres secteurs d’emploi, seulement 7 % des travailleurs font 5 heures ou plus de travail non rémunéré par semaine.

Stress :

On a questionné les travailleuses sur ce qu’elles ressentaient face à leur travail. Leurs réponses révèlent un degré de stress inquiétant chez les éducatrices en garderie. Près de 55 % d’entre elles considéraient qu’elles n’avaient pas suffisamment de temps pour accomplir les tâches. 48 % des répondantes ont dit qu’elles se sentaient physiquement épuisées à la fin de la journée et 29 %, vidées au plan émotif.

Taux de roulement :

Le taux de roulement est un problème sérieux en garderie. À l’échelle du Canada, en 1998, 22 % des éducatrices avaient quitté la garderie au cours de l’année précédente. Par contre, les pourcentages variaient d’un endroit à l’autre – en Alberta, le taux de roulement atteignait presque 45 %; à l’Î.-P.-É., 15 %; et en Ontario et au Québec, il se situait aux alentours de 17 %. À l’échelle du Canada, le pourcentage des employées ayant quitté leur travail volontairement était 38 %. Le taux de roulement « volontaire » en garderie commerciale était de 45 % tandis qu’il était de 35 % dans les garderies SBL.

On le constate en parcourant ce tableau, les taux de roulement élevés sont associés à des niveaux de salaires inférieurs.

Taux de roulement et les rémunérations / l’heure des éducatrices en garderie

Taux horaireTaux de roulement
Moins de 10,50 $40,0 %
De 10,50 $ à 13,99 $22,7 %
14,00 $ et plus19,9 %

Chez celles qui avaient quitté leur emploi volontairement, 66 % avaient accepté un autre emploi et parmi celles-ci, 39 % travaillaient dans une autre garderie.

Le pourcentage d’éducatrices qui ne choisiraient pas de travailler en garderie si c’était à refaire a presque doublé, passant de 16 % en 1991 à 35 % en 1998. Néanmoins, seulement 22 % des éducatrices ne s’attendaient pas à être dans le domaine dans trois ans.

Le stress était également étroitement lié au taux de roulement. 16 % des personnes qui avaient quitté volontairement leur poste étaient parties parce qu’elles trouvaient leur emploi trop stressant.

Respect :

95 % des éducatrices ont dit qu’elles faisaient une différence significative dans la vie des enfants. Pour environ 84 % des éducatrices, leur travail faisait suffisamment appel à leur compétence, était stimulant et rempli de défis et leur donnait le sentiment d’accomplir quelque chose. Par contre, une forte proportion d’éducatrices trouvaient qu’elles n’avaient pas assez de temps pour tout faire ce qu’il y avait à faire et se sentaient épuisées physiquement et sur le plan émotif à la fin de la journée.

Plus de 90 % des éducatrices et des directrices de garderie ont dit que la nature de leur travail (c’est-à-dire l’amour que leur exprimaient les enfants, la variété du travail et ses défis et le fait que ce soit un travail centré sur les personnes) en faisait un choix de carrière très positif. Par contre, ses aspects négatifs étaient la faible rémunération, le peu de possibilité de promotion, et le manque de respect qu’on leur accordait.

Même si elles sont conscientes de leur importante contribution sociale, les travailleuses en garderie estiment que les autres ne respectent pas leur travail. En 1991, 42 % des éducatrices croyaient que les professionnelles œuvrant dans d’autres secteurs respectaient leur travail. Ce pourcentage a chuté abruptement à 20 % en 1998. En 1991, aussi peu que 16 % des éducatrices estimait que la population en général respectait leur travail. Ce pourcentage n’était plus que de 8 % en 1998.

Les aspects négatifs les plus souvent mentionnés en rapport au travail en garderie étaient la faible rémunération (76 %), le peu de respect envers la profession (46 %), et les conditions de travail insatisfaisantes (32 %).

Les travailleuses ont dressé une liste de recommandations qui rendraient leur travail plus satisfaisant. En tête de liste, avec 91 % des voies, de meilleurs salaires et en second lieu, avec 89 % des voies, promouvoir plus de respect pour la profession.

En septembre 2000, l’étude Oui, ça me touche! 2 est parue. Il s’agit d’une recherche sur la qualité des services de garde offerts en garderie. Un fait saillant de cette étude est le lien étroit entre les salaires et la qualité des services.

opeiu 491

Service de l’égalité du SCFP