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Qu’est-ce qui ne va pas avec le projet de Ralph Klein?

En permettant aux hôpitaux privés d’effectuer en sous-traitance des interventions chirurgicales, Ralph Klein concède au secteur privé de précieux dollars destinés aux soins de santé. Les coûts administratifs et les frais sont beaucoup plus élevés dans les hôpitaux privés. La note augmente quand vous dédoublez les installations et l’équipement.

Les coûts de commercialisation et les sommes déboursées pour attirer les investisseurs et pour payer les options d’achat d’actions pour les cadres supérieurs et les dividendes aux investisseurs grimpent en flèche. Pendant ce temps, le système de santé public en fait les frais et les soins aux malades sont menacés.

La sous-traitance des interventions chirurgicales aux hôpitaux privés ne peut-elle pas réduire les listes d’attente et alléger les souffrances?

Il n’existe aucune preuve à l’effet que les listes d’attente seront plus courtes si les interventions chirurgicales sont faites dans les hôpitaux privés. En réalité, pour des interventions chirurgicales effectuées en clinique privée, les patients doivent attendre plus longtemps à Calgary qu’à Edmonton où les mêmes interventions ont lieu dans les hôpitaux publics.

À Calgary, où toute chirurgie de la cataracte est faite en clinique privée, le délai moyen d’attente varie entre seize et vingt-quatre semaines. À Edmonton, qui compte un moins grand nombre de chirurgiens de l’œil et où 80 pour cent des interventions ont lieu dans des hôpitaux publics, le délai est de cinq à sept semaines en moyenne. À Lethbridge, où toute chirurgie de l’œil a lieu dans des établissements publics, le délai est de quatre à sept semaines.

Au Manitoba, les listes d’attente pour obtenir les soins d’un chirurgien de la cataracte travaillant à la fois dans le système privé et le système public étaient plus longues que pour les médecins œuvrant exclusivement dans le système public.
Santé Canada a également examiné toute la question des listes d’attente pour conclure que les établissements de soins privés ne constituent pas une solution viable au problème des listes d’attente.

Quelle est la solution aux longues listes d’attente?

Les listes d’attente seraient réduites si un financement suffisant était consenti pour reconstruire le système des soins actifs, en augmentant le nombre de lits disponibles et le personnel.

De plus, des sommes additionnelles pour les soins prolongés et les soins à domiciles adéquats permettraient de libérer des lits de soins actifs et de fournir aux patients les services qui conviennent le mieux à leurs besoins.

Des ressources suffisantes devraient également être attribuées à une gestion appropriée des listes d’attente. Selon certaines études, il n’existe aucune méthode systématique de gestion des listes d’attente. La création d’une seconde liste d’attente pour le système privé ne résoudra pas le problème.

Les établissements de santé privés ne vont-ils pas simplement constituer un complément au système de santé public existant et le renforcer?

Non. Les établissements de santé privés sont axés sur le profit et tenteront d’élargir leurs marchés. Plus les établissements privés fournissent de services et plus le système public s’en trouve miné, ce qui en retour incite la population à chercher des prestataires de services du côté du système privé, créant un mouvement favorable au système de santé privé qui draine à son avantage tant le personnel qualifié que le financement.

Les établissements de soins privés ne sont-ils pas plus efficaces en termes de coûts?

Certainement pas. La preuve a été faite, tant aux États-Unis qu’en Grande-Bretagne, que les établissements de santé privés connaissent des coûts administratifs extrêmement élevés, beaucoup plus élevés que ceux d’un système de santé public comme celui du Canada. En 1995, les coûts administratifs globaux en matière de santé aux États-Unis étaient de 995 $ par personne. Au Canada, les coûts étaient de 248 $ par personne. En 1997, le coût total des soins de santé par personne au Canada n’était que de 2 095 $ en comparaison des États-Unis, où il équivalait au double, soit 4 090 $. Et malgré cela, 43 millions d’Américaines et Américains ne bénéficient d’aucune assurance-maladie.

Même aux États-Unis, une étude du prestigieux New England Journal of Medicine rapporte que les hausses de dépenses relatives à la santé étaient plus élevées dans les secteurs desservis par des hôpitaux privés par rapport aux secteurs desservis par des hôpitaux sans but lucratif.

Si j’ai les moyens de me payer des services de santé privés, ne devrais-je pas y avoir recours?

Quand les personnes qui peuvent se payer des services de santé privés y ont recours, l’établissement d’un système à deux vitesses en résulte; un système pour ceux qui peuvent se payer des soins et un système pour ceux qui ne le peuvent pas. Les bien nantis peuvent dès lors avoir accès aux services de santé plus rapidement, c’est-à-dire passer devant tout le monde. Le simple fait de pouvoir acheter dans le système privé des services de diagnostic tel que l’IRM permet à ces personnes de passer devant tout le monde pour des services thérapeutiques, par exemple une intervention chirurgicale.

De plus, les hôpitaux privés sont susceptibles de privilégier des interventions ne comportant que peu de risques et un taux de profit élevé. Il en résulte que le système de santé public perd le financement de ces interventions. À mesure que la clientèle et le genre de services offerts se modifient, les coûts du système public augmentent.

Le régime d’assurance-maladie permet le même accès aux services à l’ensemble de la population canadienne sans égard aux moyens financiers. Les principes fondamentaux de l’assurance-maladie sont menacés quand certaines personnes peuvent avoir accès aux services plus rapidement que d’autres simplement parce qu’elles ont les moyens de payer pour ces services.

Mais le fardeau sur le système public ne serait-il pas allégé d’autant si j’achetais mes services de santé sur le marché privé?

Non. En fait, c’est le contraire qui se produit. Les personnes qui achètent des services de santé accroissent le fardeau du système public. Le système de soins privé gruge des ressources qui, autrement, auraient été disponibles dans le système public. Par exemple, certains médecins, des infirmières ou des professionnels de la santé décideront de ne fournir des services que dans le système privé en privant ainsi le système public d’une part nécessaire de personnel qualifié. D’autres médecins tâcheront de recevoir leur clientèle du privé dans les hôpitaux publics et, ce faisant, utiliseront de fait le système public pour financer les profits privés. D’une façon comme d’une autre, le fardeau sur le système public s’en trouve accru.

Est-ce que je ne recevrais pas de meilleurs soins dans un établissement de santé privé?

Non. Les soins de santé offerts dans le système public sont en tout point aussi bons sinon meilleurs que les soins dispensés dans le secteur privé. Le système public du Canada peut compter sur des professionnels de la santé et du personnel de soutien dévoués qui s’enorgueillissent des services qu’ils dispensent. En revanche, toutes ces personnes reconnaissent qu’elles pourraient accomplir un meilleur travail si les gouvernements provinciaux et fédéral n’avaient pas sabré dans le financement de façon si draconienne.

Dans un système de santé public, le financement va à la prestation des services de santé. Dans un système privé, le profit constitue l’objectif premier des sociétés de soins de santé. Il arrive souvent que le désir de faire du profit constitue une entrave à la prestation des services. Un article du New England Journal of Medicine rapporte que le taux de décès est plus élevé dans les cliniques de dialyse privées que dans les cliniques sans but lucratif. Les auteurs suggèrent que la cause pourrait en être que les cliniques hésitent à inscrire le nom de leurs patients sur une liste d’attente pour une greffe du rein. Pourquoi? Parce que ces cliniques perdraient une part de revenu si ces patients subissaient une greffe.

Pourquoi ne pas payer pour un « supplément » dans un établissement privé quand on en a les moyens?

Les « suppléments » ne font qu’accroître les profits des hôpitaux privés sans pour autant améliorer la qualité des soins. Par exemple, les cliniques de l’œil privées de Calgary exigent un « supplément » pour des lentilles de « meilleure qualité » qui sont offertes gratuitement ou à moindre coût dans les hôpitaux publics d’Edmonton ou de Lethbridge. Dans la même veine, lors du remplacement d’une hanche, la hanche en titane peut constituer un « supplément » dans un hôpital privé tandis qu’elle est déjà fournie gratuitement en vertu de régimes publics d’assurance-maladie à bien des endroits.

La Saskatchewan a adopté une loi précise pour que les établissements privés ne puissent pas exiger de supplément pour un service ou un appareil accessible dans le système de santé public.
Les hôpitaux à but lucratif veillent à leurs intérêts quand ils font pression sur le gouvernement provincial pour que les « suppléments » ne soient pas accessibles en vertu du régime public de soins de santé. Les « suppléments » n’en sont pas toujours en réalité mais ils coûteront plus cher dans des établissements privés et c’est vous qui devrez les payer de votre poche plutôt que de voir la facture payée par le régime de santé public.

Est-ce que je dois faire confiance à Ralph Klein quand il affirme qu’il ne créera pas un système à deux vitesses?

Non. Peu importe que la loi crée intentionnellement un système à deux vitesses ou non. En fin de comptes, le résultat sera le même. La loi établira la base nécessaire aux prestataires de services axés sur le profit pour leur permettre de s’implanter dans un marché extrêmement lucratif; l’intervention pour le remplacement d’une hanche ou d’un genou exigeant une nuit à l’hôpital. Des pressions seront faites pour que certains services soient retirés de la liste des services visés par la Loi sur l’assurance-maladie si les hôpitaux privés sont en mesure d’offrir ces services.

Que peut faire Ottawa pour empêcher Ralph Klein d’aller plus loin?

Le gouvernement fédéral peut retenir le financement de l’Alberta pour protéger l’intention de la Loi canadienne sur la santé, modifiant la loi, si nécessaire, pour interdire de façon explicite les hôpitaux privés.

N’est-il pas nécessaire de moderniser notre système de santé?

Certainement. L’assurance-maladie doit être élargie et sortir des hôpitaux et des cabinets de médecins pour englober les soins à domicile et les soins communautaires. Et il est important de contenir la hausse des coûts des médicaments et d’implanter un régime national d’assurance-médicaments. Ces deux secteurs connaissent une importante hausse de coûts à laquelle est confrontée la population canadienne.

Mais ces programmes innovateurs sont voués à l’échec sans des investissements suffisants et permanents de la part d’Ottawa dans les infrastructures de la santé nouvelles ou existantes.

Qu’en est-il des 2,5 milliards de dollars injectés dans les soins de santé lors du dernier budget? N’est-ce pas suffisant?

Le ministre des Finances Paul Martin a injecté 2,5 milliards de dollars sur quatre ans devant être ajoutés sur une base unique au Transfert social canadien (TSC) et devant être partagés entre la santé et l’éducation postsecondaire. Un milliard de dollars sera alloué en 2000-2001 et 500 millions pour chacune des trois années subséquentes.

Les 2,5 milliards constituent en réalité un investissement unique que les provinces peuvent employer à tout moment au cours des quatre prochaines années. Et dans la mesure où les 2,5 milliards de dollars sont destinés tant à l’éducation postsecondaire qu’à la santé, nous n’avons aucun moyen de savoir combien d’argent sera dépensé pour la santé.

Un financement stable et à long terme est essentiel pour compenser l’effet des compressions et pour accroître les services de santé financés et fournis par le secteur public pour des soins communautaires ou à domicile plus que jamais nécessaires pour les personnes âgées, les personnes ayant un handicap et les personnes qui obtiennent leur congé de l’hôpital et qui ont toujours besoins de soins actifs. Le budget Martin n’a pas atteint cet objectif.

Des réformes comme celles des soins primaires ne peuvent pas être mises en place sans un engagement financier à long terme du gouvernement fédéral. Un niveau de financement aussi bas ne fait rien pour résoudre le problème relatif aux coûts des médicaments qui connaît la hausse la plus rapide de tout le système de santé.

En 1995, le gouvernement fédéral a effectué des compressions draconiennes aux paiements de transfert en adoptant le Transfert social canadien. Et l’engagement du gouvernement fédéral en termes de financement envers les soins de santé et d’autres programmes sociaux ne rejoindra les niveaux de 1995 qu’en l’an 2003. Compte tenu des coûts de l’inflation, des nouvelles technologies et de la croissance démographique, le manque à gagner sera toujours de plusieurs milliards de dollars par rapport à l’engagement d’Ottawa antérieur au TSC envers le régime d’assurance-maladie.