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Ferdinand Gaite a apporté quelque chose de la maison au Forum mondial sur l’eau.

M. Gaite ne transportait pas un souvenir précieux, comme une photo d’un être cher ni une feuille placée avec soin entre les pages d’un livre. Il transportait une preuve, soit un récipient contenant de l’eau potable douteuse qui, à son avis, prouve que la privatisation de l’eau a été un échec dans son pays, les Philippines.

« J’aimerais voir les administrateurs de la Lyonnaise des Eaux boire cette eau trouble », a-t-il dit.

M. Gaite, membre du syndicat de la fonction publique des Philippines, COURAGE (Confédé-ration pour l’unité, la reconnaissance et l’avancement des fonctionnaires gouvernementaux), faisait partie d’une délégation internationale d’activistes qui se sont rendus à La Haye pour faire dérailler le programme du Forum visant à créer des ententes de partenariats public-privé pour les projets d’approvisionnement en eau dans les pays en voie de développement.

« On nous a rabattu les oreilles avec l’entente sur l’approvisionnement en eau de Manille. Elle a été négociée en secret et la situation est pire qu’avant », de dire Ferdinand Gaite.

« Les collectivités qui avaient de l’eau entre six et huit heures par jour n’en ont plus que deux heures à tous les deux jours. On ne peut pas dire que c’est le progrès. »

Cependant, les géants de l’eau, avec Vivendi et la Suez Lyonnaise des Eaux en tête, propageaient ce type de « partenariat » au Forum sur l’eau. Il y avait des ateliers, des sessions plénières, des déclarations et des énoncés sur les perspectives d’avenir au Forum, tous limités par la vision étroite de la privatisation.

Des personnes déléguées dissidentes, menées par le SCFP, le Conseil des Canadiens et les partenaires des coalitions du monde entier, sont intervenues à chaque tournant. À mesure que le temps passait, un nombre croissant de personnes déléguées mettaient la privatisation en doute. À la fin de la semaine, le Forum avait été exposé comme une couverture pour les multinationales et la Banque mondiale et sa crédibilité a été minée de manière permanente.

« Nous avons mis en lumière les entreprises qui étaient derrière le Forum. Les multinationales comptent sur le désespoir pour vendre leurs produits. Nous avons réussi à livrer le message à l’effet que les seules véritables solutions aux problèmes d’approvisionnement en eau dans le monde sont les solutions publiques, et les délégués ont écouté », de dire Claude Généreux, président du SCFP-Québec qui a dirigé la délégation du SCFP au Forum et à la réunion ministérielle.

« On ne peut imaginer l’arrogance des multinationales qui prétendent qu’elles représentent une partie de la solution quand, en fait, elles augmentent une partie du problème», de dire Hans Engelberts, secrétaire général de l’organisme de coordination des syndicats, l’Internationale des ser-vices publics (ISP), qui compte les membres du SCFP parmi ses 20 millions de membres à l’échelle mondiale. « Quand vous regardez ces entreprises et qui elles visent, c’est le colonialisme qui reprend le dessus. »

La réunion ministérielle des gouvernements du monde entier qui a suivi ne pouvait ignorer les pressions exercées par les syndicats et les organisations non gouvernementales. Leur déclaration commune finale a été sérieusement affaiblie quand il a fallu parler de privatisation, bien qu’ils n’aient pas reconnu l’eau comme un droit de la personne fondamental, la classant plutôt comme un « besoin ».

Le Forum marque l’émergence d’un nouveau mouvement international pour défendre l’eau publique, un mouvement que le SCFP est déterminé à conserver.

« Nous avons créé des liens solides avec les collectivités et les organisations du monde entier afin de protéger l’eau publique contre les multinationales. L’eau est un droit de la personne fondamental, non pas une denrée à être achetée, vendue et échangée », de dire Claude Généreux.

Il n’est pas surprenant que personne n’ait relevé le défi de Ferdinand Gaite. Quand on a offert au directeur de la commercialisation de la Suez Lyonnaise des Eaux de goûter l’eau produite par son entreprise, lors d’une session faisant la promotion des PPP dans le domaine de l’approvisionnement en eau, il a refusé.

Karin Jordan