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À l’instar de la plupart des entrepri-ses nord-américaines de production et de distribution d’électricité, Hydro-Québec a entrepris d’adapter ses structures et son fonctionnement depuis le milieu des années 1990. Avec la déréglementation du marché énergétique, les exigences de la Federal Energy Regulatory Commission (FERC) des États-Unis ont souvent plus de poids que les besoins des consommateurs ou les droits des travailleuses et travailleurs.

 

Les sections locales 1500, 2000 et 957 du SCFP, qui représentent 14 000 travailleuses et travailleurs d’Hydro-Québec, ont décidé de s’opposer à ce virage commercial d’Hydro-Québec. Elles et ils ont décidé d’adopter une approche novatrice pour exercer des pressions…une grève commerciale visant les revenus d’exportation et de facturation de la société d’État.

 

« Hydro-Québec voulait se positionner comme un acteur commercial majeur dans un marché nord-américain de 25 milliards de dollars », d’expliquer Charles Paradis, coordonnateur des négociations du SCFP. « Alors Hydro-Québec a négocié une entente avec ses employés, en 1995, lesquels ont accepté les attritions de postes, des baisses sala-riales en échange d’une future création d’emplois et d’une réouverture des négociations sur les salaires pour 1999 et 2000 afin que toutes et tous puissent bénéfi-cier de la rentabilité de l’entreprise ».

 

« Mais au moment prévu pour un retour d’ascenseur afin que les employés aient leur juste part, Hydro-Québec, même si elle se prétendait désormais une entreprise commerciale indépendante du gouvernement, présenta les mêmes offres que le gouvernement Bouchard à ses employés du secteur public plutôt que les 13 % réclamés par les sections locales du SCFP. Les syndiqués se sont sentis littéralement trahis par les fausses promesses d’Hydro-Québec », a ajouté Charles Paradis.

 

Déclenchement de la grève commerciale

 

Loin de baisser les bras, les sections locales ont présenté un projet de grève commerciale visant toutes les activités d’exportation (très importantes durant les mois de canicule dans le nord-est américain ) et la facturation aux abonnés.

 

Ils savaient que la grève serait longue et que la plupart des membres seraient reconnus comme donnant des services essentiels et qu’ils ne pourraient donc pas faire la grève. Mais ce qui était tout aussi important, ils savaient que le soutien public l’était et ils ne voulaient pas éveiller l’animosité de la clientèle résidentielle et commerciale après avoir obtenu autant de respect au cours de la dernière tempête de verglas. Alors elles et ils se sont organisés pour s’assurer que leurs membres sur la ligne de piquetage ne souffraient pas au plan financier et ont ciblé des services qui n’auront pas d’effet sur les clients du Québec.

 

« Étant donné que les membres affectés à ces activités ne représentent qu’entre 10 % et 12 % de notre effectif, les autres ont accepté de verser une cotisation de grève spéciale de 10 % pour soutenir leurs consoeurs et confrères en grève et la grève a été déclenchée le 5 mai 1999 », de souligner M. Paradis.

 

Depuis le début de la grève, Hydro-Québec a tenté d’imputer aux syndiqués les pannes sur le réseau domestique alors que les syndicats, de leur côté, ont rappelé que la société d’État a décidé de centrer tous ses efforts sur la vente d’électricité à l’étranger au lieu de donner la priorité à l’entretien de l’équipement.

 

Un concept de grève applicable à d’autres entreprises

 

« La grève a été qualifiée de grève chirurgicale par certains journalistes, parce qu’elle vise le coeur même de la stratégie commerciale de l’entreprise, ses profits, sans affecter les abonnés résidentiels et commerciaux du Québec », de dire Charles Paradis.

 

Au moment de rédiger cet article, il est trop tôt pour évaluer les effets de la grève mais l’expérience sera évaluée de près au cours des mois.

 

« Cette approche de moyen de pression devra faire l’objet d’un bilan serré pour évaluer son efficacité dans un certain nombre d’entreprises engagées dans un processus de déréglementation, dans un contexte de mondialisation économique, de recherche maximale de profits à l’extérieur des marchés domestiques . ».

 

Louis Cauchy