Toby Sanger et Isabelle Boucher
Pascal Colpron | Illustrations
Miser sur les gens et leur formation sont les meilleurs moyens d’investir dans l’économie.
Maintenant plus que jamais, les personnes acquièrent et améliorent leurs compétences de base tout au long de leur vie. La technologie évolue et les attentes à l’endroit des travailleurs aussi.
Les faits suivants vous convaincront de l’importance de la formation :
- L’investissement dans l’éducation est trois fois plus important pour la croissance économique que l’ investissement dans le capital physique, comme les machines et l’équipement.
- L’amélioration des compétences de base a une plus grande influence sur l’économie que l’amélioration des compétences des personnes qui ont de meilleures capacités de lecture et d’écriture.
- 17 % des adultes canadiens ont un niveau égal ou inférieur au niveau de compétences minimales en matière de lecture et d’écriture. Près de la moitié n’ont pas les capacités minimales requises pour de nombreux emplois.
- Les personnes dont les compétences de base et les capacités de lecture et d’écriture sont inférieures courent plus de risque d’être sans emploi à long terme, de dépendre de l’aide sociale ou de demeurer inactives.
Bon nombre des personnes qui ont seulement acquis des compétences et des capacités de lecture et d’écriture de base ont été contraintes de quitter l’école de façon précoce pour soutenir leur famille ou n’avaient pas les moyens d’assumer les coûts associés à l’éducation, des coûts qui vont d’ailleurs en augmentant. Mais il n’y a pas que les personnes qui ont moins d’éducation qui peuvent profiter de la mise à niveau des compétences essentielles et des capacités de lecture et d’écriture. Environ 6 % des personnes ayant des études postsecondaires ont aussi des capacités de lecture et d’écriture de base et pourraient aussi en bénéficier.
Les avantages rattachés à l’amélioration des compétences essentielles et des capacités de lecture et d’écriture dépassent de loin les simples avantages économiques. Dans certains cas, c’est ce qui fait la différence entre la vie et la mort si les travailleurs ne peuvent comprendre des directives de santé et de sécurité. Ces compétences sont également importantes sur le plan de la littératie financière, de sorte que les travailleurs peuvent s’assurer de recevoir ce qui leur est dû par les employeurs, les gouvernements et les entreprises.
Les apprenants adultes qui ont acquis des capacités de lecture et d’écriture ont vu leur vie transformée positivement. Leur confiance a augmenté, ils ont obtenu de meilleurs emplois et certains ont pu enseigner, écrire des livres ou devenir des dirigeants politiques.
Les avantages s’échelonnent sur plusieurs générations. Les membres inscrits au programme d’acquisition des compétences essentielles de la section locale 500 du SCFP estiment que l’un des avantages les plus importants est celui d’être devenu un modèle à imiter pour leurs enfants.
Étant donné que les personnes dont les compétences de base et les capacités de lecture et d’écriture sont inférieures ont aussi tendance à toucher un revenu inférieur et ont moins de chance d’exercer leur droit de vote ou d’être politisées, le perfectionnement de ces compétences peut grandement contribuer à réduire les inégalités au chapitre du revenu comme du pouvoir politique.
Le financement de ces programmes provient d’une panoplie de sources, mais en grande partie des provinces. Le financement public est particulièrement important parce que les employeurs canadiens investissent peu dans la formation des travailleurs. Les gouvernements libéraux et conservateurs ont graduellement éliminé les programmes fédéraux d’acquisition des compétences, dans certains cas en transférant la responsabilité des programmes, du personnel et du financement aux provinces.
Les 500 millions de dollars versés annuellement aux provinces en vertu des ententes sur le marché du travail (EMT) représentaient une partie importante du financement favorisant l’acquisition de compétences essentielles et de capacités de lecture et d’écriture. Les fonds des EMT étaient destinés à la majorité des travailleurs qui ne sont pas admissibles aux programmes financés par l’assurance-emploi. Ces programmes ont connu un franc succès : 87 % des participants ont obtenu un emploi, 87 % ont acquis des titres de compétences précis et les participants ont augmenté leurs gains de 323 dollars par semaine en moyenne après avoir complété le programme. Pour chaque dollar de financement, les travailleurs ont vu leurs gains augmenter de 15 dollars en une seule année.
Malheureusement, dans son budget de 2013, le gouvernement Harper a annoncé qu’il réduisait le financement destiné à ces programmes de 60 %. En mai 2014, les organisations d’alphabétisation de partout au Canada qui avaient reçu du financement de base par l’entremise du Bureau de l’alphabétisation et des compétences essentielles ont vu leurs demandes de financement supplémentaire rejetées.
S’il y a une bonne nouvelle, c’est que l’opposition s’est jointe au SCFP, aux organismes d’alphabétisation de partout au Canada, aux gouvernements provinciaux, aux experts et personnes affectées pour condamner ces réductions.
« Nous entendons continuellement dire que la main d’œuvre et une formation de qualité sont l’épine dorsale de notre économie. Nous ne pourrions être plus d’accord. C’est pourquoi je suis aussi étonné que le gouvernement Harper s’en prenne à des programmes d’acquisition de compétences et de formation de base comme ceux-ci. Si l’économie était véritablement une priorité du gouvernement, je me serais attendu à ce qu’on investisse dans la formation des travailleurs », a déclaré le président national du SCFP, Paul Moist.
Le SCFP est un chef de fil dans le mouvement syndical en matière de promotion de l’alphabétisation et de l’acquisition de compétences essentielles. Nous disposons d’un Groupe de travail sur l’alphabétisation réunissant des membres et des activistes de toutes les provinces. Nos sections locales ont mis en œuvre plusieurs programmes d’alphabétisation dans leur milieu de travail qui sont venus en aide à un grand nombre de membres. Le SCFP œuvre aussi au sein de la coalition LMAworks.com, où les militants partagent des histoires de réussite et réclament le maintien du financement de ces programmes.
Visitez LMAworks.com ou communiquez avec Isabelle Boucher, coordonnatrice de l’alphabétisation du SCFP (iboucher@cupe.ca) pour obtenir de plus amples renseignements.