Le 5 mars, la présidente du SCFP-Nouvelle-Écosse, Nan McFadgen, s’adressait au Comité de modifications aux lois sur le projet de loi 72, la plus grosse réorganisation du système scolaire publique de la Nouvelle-Écosse depuis plusieurs décennies. Dans sa présentation, elle a souligné la nécessité d’une véritable consultation, la nécessité d’une structure de gouvernance démocratique et la menace de la centralisation et du partage des services.

Bonjour.

Je m’appelle Nan McFadgen et je suis la présidente de la division Nouvelle-Écosse du Syndicat canadien de la fonction publique. Le SCFP est le plus grand syndicat au Canada. Il compte plus de 650 000 membres à travers le pays.

En Nouvelle-Écosse, le SCFP représente fièrement plus de 19 000 hommes et femmes qui prodiguent d’importants services publics dans l’éducation, de la maternelle à l’université ; les soins de santé, les hôpitaux, les soins de longue durée et les soins à domicile ; les municipalités ; les routes provinciales ; et les services communautaires, entre autres secteurs de l’économie.

Permettez-moi de remercier les membres du Comité des modifications aux lois de me donner cette occasion de parler du projet de loi 72.

Je vais aborder trois points :

  1. la nécessité d’une véritable consultation ;
  2. la nécessité d’une structure de gouvernance démocratique ;
  3. et la menace de la centralisation et du partage des services.

Le premier ministre et le ministre de l’Éducation et du Développement de la petite enfance ont tous deux décrit le projet de loi 72 comme la réorganisation du système d’éducation publique la plus importante des dernières décennies. Or, il n’y a pas eu de consultations publiques. La consultante privée ontarienne qui a rédigé le rapport a eu moins de trois mois pour consulter les parties prenantes et accoucher de recommandations pour une transformation complète du système.

Le SCFP-Nouvelle-Écosse représente 4 000 employés de soutien dans chacun des sept conseils scolaires de langue anglaise de la province, ainsi qu’au Conseil scolaire acadien provincial (CSAP) de langue française. Les membres du SCFP sont aides-éducateurs, gestionnaires d’installations, secrétaires, chauffeurs d’autobus, mécaniciens, concierges, préposés au ménage, spécialistes en bâtiment, employés de maintenance, bibliothécaires et aides-bibliothécaires, préposés à la cafétéria, intervenants communautaires, ouvriers spécialisés, surveillants du midi, éducateurs de la petite enfance, etc.

Nous ne sommes pas surpris que ni le gouvernement ni Avis Glaze n’aient cherché à connaître l’opinion des membres du SCFP œuvrant dans le secteur scolaire sur ce qu’on pourrait faire pour améliorer les services d’éducation. Mais cela nous déçoit.

Non, nous n’en sommes pas surpris, parce que les travailleurs scolaires affiliés au SCFP se sont fait exclure des autres grands débats sur l’éducation publique, nommément celui sur l’inclusion.

Le programme d’inclusion consiste en grande partie à œuvrer auprès des élèves ayant des besoins particuliers. Ce travail, ce sont les aides-éducatrices membres du SCFP qui se dévouent à le faire. Pourtant, elles n’ont pas eu droit de parole lors de la Commission sur l’inclusion.

En refusant constamment de reconnaître la valeur de ce que font les travailleurs scolaires et de leur voix au chapitre, le gouvernement irrite nos membres.

L’éducation publique est un élément crucial d’une société démocratique. Elle constitue un bien public important pour le développement du bien-être mental, physique et émotionnel des élèves.

L’élimination des conseils scolaires élus aura un effet négatif sur la capacité des parents à avoir leur mot à dire, à l’échelon local, sur l’éducation de leurs enfants. Cela diminuera aussi la participation de la collectivité et la reddition de comptes.

Le SCFP croit que notre système scolaire public doit avoir des conseils élus qui soient assez petits pour profiter du point de vue des parents et qui soient redevables aux collectivités de leur territoire. Il est essentiel que les parents et les communautés soient entendus quand il est question de l’éducation de leurs enfants.

L’abolition des conseils scolaires élus est un pas dans la mauvaise direction, un recul. La Nouvelle-Écosse deviendra la SEULE province à ne pas élire ses conseils scolaires. Les conseils sont élus dans TOUTES les autres provinces et tous les territoires, à l’exception de l’Île-du-Prince-Édouard où le conseil de langue anglaise est nommé, mais où le conseil de langue française est encore élu, et c’est probablement parce que la Constitution protège les droits des minorités linguistiques.

Le Nouveau-Brunswick avait aboli les élections scolaires, mais il est revenu à une structure élue. La Saskatchewan a mené un examen sur la gouvernance des conseils scolaires en 2016 ; bien qu’elle ait envisagé de nommer les conseils, la population a repoussé cette idée si fortement en consultation, particulièrement en campagne, que le gouvernement a choisi le statu quo.

En privant les parents de la possibilité d’échanger directement avec une gouvernance élue localement, on élimine un des piliers fondamentaux d’une société démocratique. La voix locale, c’est le pouvoir de toute communauté.

Le projet de loi 72 remplace les conseils scolaires par des « entités ». Mais pour combien de temps ? Combien de temps avant que cette présence régionale affaiblie ne disparaisse elle aussi au nom d’une autre consolidation, d’une autre centralisation de la prise de décision ?

Le rapport Glaze recommande la mise en place de services partagés. Le SCFP n’est pas convaincu que cela permettra au réseau de l’éducation de réaliser des économies. En fait, nous craignons fortement qu’une entité de partage des services fasse pression pour qu’on privatise les services de soutien scolaire, ce qui entraînerait des pertes d’emploi en région rurale.

Si le gouvernement ou une entité de partage des services centralise l’informatique, la paie et les comptes fournisseurs, on perdra les postes qui font ces tâches actuellement dans les divisions scolaires.

Les membres du SCFP ont vécu la centralisation du système de santé menée par le gouvernement McNeil. Ils savent à quel point cette réorganisation a semé le chaos dans le système. Nous craignons la même chose en éducation.

En conclusion, le SCFP vous prie de bien vouloir protéger la structure démocratique de gouvernance des conseils scolaires élus et de maintenir la voix et le pouvoir des communautés dans le système scolaire public.