Depuis que la Banque du Canada a amorcé la hausse des taux d’intérêt en avril 2022, on parle d’une possible récession. Normalement, une augmentation rapide des taux d’intérêt se traduit par des pertes d’emplois et par un ralentissement de l’activité économique. Le Canada a esquivé la récession jusqu’à maintenant grâce à des facteurs comme le prix mondial des marchandises de base et la force de l’économie américaine. Certains signes laissent cependant entrevoir un affaiblissement éventuel de l’économie.
Le secteur du bâtiment est un des principaux indicateurs de l’activité économique globale. La valeur des permis de construction résidentielle peut nous fournir des indicateurs sur la stabilité des emplois dans le domaine de la construction. Elle indique aussi dans quelle mesure la quantité de logements disponibles augmente. Cette information est importante puisqu’une augmentation du parc résidentiel stabilise les coûts pour les propriétaires comme pour les locataires. Ainsi, plus la valeur des permis de construction résidentielle est élevée, plus on peut en déduire que l’économie va bien. Or, si l’on tient compte de l’inflation, cette valeur a chuté à une moyenne de 3,5 milliards de dollars durant la première moitié de 2023 par rapport à un sommet de 5 milliards de dollars durant la première moitié de 2021.
Les tendances dans le domaine de l’emploi sont aussi un bon indicateur de la santé économique du pays. Les employeurs ont fait état de plus d’un million d’ouvertures de postes durant le deuxième trimestre de 2022. Depuis, le nombre de postes vacants a baissé de 150 000 dans un vaste éventail de professions et de secteurs, mais surtout pour les emplois qui ne nécessitent qu’un diplôme d’études secondaires ou moins.
En outre, si le nombre de demandes d’assurance emploi a considérablement baissé au début de 2023, on constate que le nombre de travailleuses et travailleurs demandant des prestations régulières d’AE a augmenté durant le deuxième trimestre.
Le taux de chômage des personnes qui déclarent être à la recherche d’un emploi demeure assez faible à 5,5 %, mais il a bel et bien augmenté au cours des trois derniers mois. Toutefois, il y a d’autres facteurs à considérer. Il faut notamment tenir compte des travailleuses et travailleurs à temps partiel qui veulent augmenter leur nombre d’heures de travail, et de celles et ceux qui attendent qu’on les rappelle dans leur emploi antérieur ou qui aimeraient bien travailler mais ont abandonné leurs recherches. Lorsqu’on ajoute tous ces cas de figure au taux de chômage, on constate qu’il y avait 2,5 millions de personnes sans emploi ou sous-employées au Canada en juillet 2023, soit 260 000 de plus qu’en juillet 2022. Concrètement, ce sont 190 000 personnes supplémentaires sans emploi et 70 000 travailleuses et travailleurs à temps partiel souhaitant travailler à temps plein qui causent cette augmentation.
Ces éléments n’annoncent pas une récession à coup sûr, mais ce sont des signaux importants à surveiller à l’approche de l’automne.