Le syndicat manifeste contre l’intention du centre hospitalier de sous-traiter les services de nettoyage, de manutention, de gestion des déchets et de blanchisserie
En 2006, une éclosion de C. difficile à l’Hôpital de Sault-Sainte-Marie a causé 10 morts et a contribué à 8 autres décès. L’établissement, qui avait privatisé les services d’entretien ménager, s’est vu contraint d’augmenter de 40 % le personnel de nettoyage et de mettre en place une série d’autres mesures.
Comme le soutient le SCFP, voilà que la direction du système de santé William Osler commet une erreur semblable et met en danger la santé et la sécurité des patient(e)s à l’Hôpital général d’Etobicoke en privatisant les services d’entretien ménager et d’autres types de services, ce qui aggravera l’engorgement dans l’hôpital et minera les pratiques en matière de contrôle des infections.
La société hospitalière envisage de sous-traiter 215 postes d’entretien ménager, de manutention, de blanchisserie et de gestion des déchets à une entreprise privée à but lucratif. Le syndicat précise que la motivation de l’exploitant à accroître ses revenus se traduira par une baisse de l’effectif, un taux de roulement élevé et un travail d’équipe divisé entre les membres du personnel interne et sous-traité.
« C’est dangereux de sous-traiter les services hospitaliers, comme le nettoyage. Cette pratique accroît fortement le risque de contracter une infection qui peut causer la mort », explique Michael Hurley, président du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO/SCFP). « Plutôt que de sous-traiter pour réduire ses coûts, William Osler devrait consacrer des ressources à l’amélioration de la santé et la sécurité au moment même où on observe une hausse du nombre de cas de maladies infectieuses dans le monde et d’infections nosocomiales en raison de la résistance antimicrobienne. »
Au Canada, près de 200 000 personnes contractent des infections dans les établissements de santé chaque année et, parmi elles, 8 000 en meurent.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (en anglais seulement), le personnel de nettoyage est la première ligne de défense contre les infections nosocomiales et appuie les efforts visant à réduire la résistance antimicrobienne. En outre, les recherches montrent qu’un effectif suffisant et des pratiques rigoureuses en matière de contrôle des infections sont essentiels au maintien d’une bonne hygiène dans le milieu de la santé, lesquels sont menacés par la privatisation.
Michael Hurley ajoute qu’un certain nombre d’infections peuvent facilement se propager entre patient(e)s qui se touchent ou en touchant des surfaces partagées contaminées, puisque les bactéries peuvent se trouver sur de nombreux objets dans l’environnement des patient(e)s, comme les côtés de lit, les téléphones et les poignées de porte.
Présidente du SCFP 145, qui représente le personnel de William Osler, Erica Young affirme que la privatisation de la manutention causerait des retards et un arriéré à l’hôpital vu le nombre limité d’employé(e)s pour transporter les patient(e)s.
Étant technicienne de salle d’opération et cumulant 30 ans d’expérience dans le milieu hospitalier, elle déclare que les rendez-vous manqués prolongeraient la durée d’hospitalisation et contribueraient à l’engorgement, ce qui aggraverait les problèmes d’hygiène causés par la sous-traitance des services d’entretien ménager.
« Avec le sous-financement de l’hôpital et la privatisation, tout risque de déraper, et les patient(e)s en souffriront, » s’attriste-t-elle, en soulignant que l’hôpital n’a donné aucune justification en faveur de la sous-traitance. « La direction de l’hôpital devrait militer pour obtenir davantage de ressources, et non trouver des façons d’économiser qui entraîneront des éclosions et des décès. C’est inadmissible que William Osler adopte cette approche. »
Elle ajoute que la privatisation des services d’entretien ménager a échoué dans de nombreuses juridictions, citant un rapport de recherche du SCFP. À la suite d’une expérience désastreuse en matière de sous-traitance, les hôpitaux écossais ont réduit les infections au C. difficile de 37 % après avoir rapatrié à l’interne les services d’entretien ménager.