Texte de Candace Rennick, publié dans le Hamilton Spectator le 11 mars 2025.
Il y a quatre ans à peine, les frais de garde élevés empêchaient les enfants d’avoir accès aux services d’éducation à la petite enfance et les femmes, de travailler.
À cause de l’insuffisance et de l’irrégularité du financement public, les éducatrices et éducateurs à la petite enfance fuyaient le secteur pour des emplois mieux rémunérés, assortis de meilleurs avantages sociaux et régimes de retraite.
En 2021, le gouvernement fédéral a fini par suivre les conseils des militant(e)s du milieu et a entrepris de mettre en place un système financé par l’État qui ferait de l’accès universel à des services à 10 $ par jour une réalité d’ici 10 ans. La plupart des provinces et des territoires se servent déjà des fonds fédéraux pour réduire considérablement les frais de garde et augmenter le nombre de places.
Je crains qu’on ne rende pas justice aux retombées positives du plan pour des services de garde à 10 $ par jour. Ce programme est un moteur économique, mais il ne semble pas reconnu à sa juste valeur, peut-être parce qu’il est axé sur les jeunes enfants et profite plus particulièrement aux femmes.
Le plan pour des services de garde à 10 $ par jour est arrivé à point nommé : aux familles, il donne accès à des services abordables; aux personnes qui travaillent en éducation à la petite enfance, il offre de meilleures conditions; et aux exploitants de d’établissements publics et à but non lucratif, il confère une certaine prévisibilité après les grands bouleversements causés par la pandémie et ses répercussions sociales et économiques.
Aujourd’hui, notre stabilité est à nouveau en péril, cette fois à cause du président américain Donald Trump et de ses sbires qui sèment le chaos, suppriment des emplois et sapent notre sécurité économique et sociale.
Le maintien et l’amélioration du programme de services de garde à 10 $ par jour nous aideront à traverser cette tempête. Les familles ont besoin de services fiables, abordables et de qualité pour continuer à travailler. De plus, la construction de nouveaux centres et l’expansion des services créeront de nombreux emplois.
Les familles économisent aujourd’hui jusqu’à 16 200 $ par an par enfant grâce au programme, et 900 000 enfants au Canada fréquentent un service de garde abordable. Après seulement deux ans, la participation au marché du travail des mères ayant un jeune enfant a atteint un niveau record. Ce programme nous a permis d’éviter une récession en 2023 et d’ajouter 32 milliards de dollars au PIB du Canada rien qu’en 2024.
Bien entendu, des améliorations s’imposent. Il reste encore beaucoup à faire pour attirer et retenir des travailleuses et travailleurs qualifiés dans le domaine et pour étendre le programme.
Chaque province et territoire doit améliorer les salaires, mettre en place un régime de retraite sectoriel et des prestations de maladie pour le personnel. Pour que ces étapes se concrétisent, le soutien gouvernemental à l’universalité de la garde d’enfants ne doit pas fléchir.
La semaine dernière, le premier ministre a annoncé que la quasi-totalité des provinces et des territoires avaient signé la reconduction du plan pour cinq années supplémentaires. Les gouvernements provinciaux néo-démocrates, libéraux et conservateurs ont tous dit oui. Seuls Scott Moe (Saskatchewan) et Danielle Smith (Alberta) ont refusé, mettant ainsi leurs communautés en péril.
Je suis une syndicaliste de toujours et, pour moi, ce choix est incompréhensible. L’offre est pourtant excellente, mais ces premiers ministres laissent des milliards de dollars publics sur la table et refusent un programme qui aidera le Canada à résister aux attaques de Trump.
Je leur conseille vivement de réévaluer leur position, tout comme j’invite tous les futurs gouvernements fédéraux à maintenir et à continuer d’améliorer ce programme.