Après des années de sous-financement, le personnel de première ligne qui offre des services de lutte contre le sida et de réduction des méfaits au Gilbert Centre de Barrie, en Ontario, a voté en faveur de la grève.  Tous les membres ont déposé leur bulletin de vote, et tout le monde a voté « oui ».

Les membres du SCFP 1813.14 gèrent des programmes de réduction des méfaits, des abris-chaleur, des programmes de sensibilisation destinés aux toxicomanes, ainsi que d’autres initiatives qui sauvent des vies. Plusieurs d’entre eux et d’entre elles doivent cependant occuper un deuxième emploi ou recourir aux banques alimentaires pour arriver à joindre les deux bouts.

Ces travailleuses et travailleurs ont adhéré au SCFP en 2022 alors qu’environ 85 % avaient un emploi précaire, travaillant de contrat en contrat. Après avoir lutté, ils et elles ont gagné en stabilité. Ce que ces personnes demandent aujourd’hui, c’est de transformer les emplois sous-payés du Gilbert Centre en carrières valorisantes qui s’accompagnent de salaires équitables et de la sécurité d’un régime de retraite.

« Nous aimons notre travail. Nous faisons une différence chaque jour. Mais ce n’est pas parce que nous consacrons nos vies à aider les personnes les plus marginalisées de nos communautés qu’il nous faut vivre dans la pauvreté pour autant », affirme Rebecca Madrid, présidente du SCFP 1813. « Les services sociaux sont en crise dans notre ville et notre province. Nos concitoyen(ne)s n’ont pas les moyens de composer avec des compressions budgétaires et des listes d’attente, et nous méritons mieux que des salaires de misère qui ne nous permettent pas d’investir dans notre avenir. »

Le vote de grève survient après plusieurs mois d’efforts déployés dans le cadre de la campagne « Prêts à se battre », qui rassemble des milliers de membres du SCFP et de l’OPSEU/SEFPO œuvrant dans plus de 50 organismes de services sociaux de l’Ontario. La campagne réclame des salaires équitables et de nouveaux investissements dans les services communautaires après des années de négligence et le plafonnement inconstitutionnel des salaires imposé par le projet de loi 124. Si quelques travailleuses et travailleurs du secteur public ont été indemnisés pour leurs pertes salariales, les conservateurs de Doug Ford ont ignoré ceux et celles qui constituent l’épine dorsale de l’économie des soins en Ontario.

« Demandez aux parents d’enfants inscrit(e)s sur la liste d’attente pour troubles de l’autisme ou aux travailleuses et travailleurs de la protection de l’enfance qui sont contraints de loger des enfants dans des motels, et ils vous diront que nos services sociaux sont au bord de l’effondrement. Cela fait des années que ce gouvernement sous-finance les organismes et néglige leurs travailleuses et travailleurs au détriment des communautés », s’indigne Fred Hahn, président du SCFP-Ontario. « Voilà ce qui explique aujourd’hui les listes d’attente et la présence de travailleuses et travailleurs dans les banques alimentaires. Nous méritons mieux en Ontario, et nous sommes prêt(e)s à nous battre pour nos emplois, pour la qualité des services et pour la santé de nos communautés. L’époque où les travailleuses et travailleurs des services sociaux acceptaient sans broncher les miettes que leur donnait le gouvernement, elle est terminée. Nous lutterons jusqu’au bout. »

Partout en Ontario, des dizaines de sections locales œuvrant dans les services sociaux ont voté ou se préparent à voter en faveur d’une grève, ce qui témoigne non seulement de la frustration grandissante des travailleuses et travailleurs de première ligne, mais aussi de leur volonté commune de faire bouger les choses.