Le personnel de première ligne en santé mentale de l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM), section Haliburton, Kawartha et Pine Ridge, a voté massivement en faveur d’une grève après que des années de sous-financement, conjuguées à la stagnation des salaires prévue par le projet de loi 124, l’aient plongé dans la pauvreté.
Les membres du SCFP 5258 – qui comptent notamment du personnel infirmier, des travailleuses et travailleurs en santé mentale ainsi que du personnel de soutien scolaire travaillant auprès des familles – fournissent des services communautaires essentiels au sein d’une région rurale aussi vaste que l’Île-du-Prince-Édouard. Ils et elles gèrent des programmes d’hébergement sécurisé et d’intervention en cas de crise, offrent des services de counseling, de traitement de la toxicomanie et de prévention du suicide, soutiennent les personnes aux prises avec des troubles de développement et de santé mentale, et font bien d’autres choses encore. Dans le cadre d’une trentaine de programmes répartis dans quatre comtés, ces 176 travailleuses et travailleurs ont aidé 80 000 usagers et usagères l’an dernier.
Malgré leur énorme contribution, ils et elles gagnent jusqu’à 15 $ de moins par heure que leurs homologues d’autres organismes. Beaucoup doivent se résigner à occuper plusieurs emplois juste pour boucler leurs fins de mois. Le sous-financement chronique de la province a poussé les services à la limite de leurs capacités; à preuve, les listes d’attente pour les soins de santé mentale ont atteint 18 mois l’an dernier.
« Les gens pensent peut-être que la pandémie est derrière nous, mais nous en voyons encore les effets chaque jour », confie Allison Merritt, membre du personnel de soutien scolaire auprès des familles et présidente du SCFP 5258. « On voit des gens qui ont réussi à tenir le coup pendant la crise s’effondrer aujourd’hui et avoir désespérément besoin d’aide. On n’est tout simplement pas assez nombreux pour répondre à la demande. Nos communautés méritent tellement mieux. »
Le vote de grève survient après plusieurs mois d’efforts déployés dans le cadre de la campagne « Prêts à se battre », qui rassemble des milliers de membres du SCFP et de l’OPSEU/SEFPO œuvrant dans plus de 50 organismes de services sociaux de l’Ontario. La campagne réclame des salaires équitables et de nouveaux investissements dans les services communautaires après des années de négligence et le plafonnement inconstitutionnel des salaires imposé par le projet de loi 124. Si quelques travailleuses et travailleurs du secteur public ont été indemnisés pour leurs pertes salariales, les conservateurs de Doug Ford ont ignoré ceux et celles qui constituent l’épine dorsale de l’économie des soins en Ontario.
« Demandez aux parents d’enfants inscrit(e)s sur la liste d’attente pour troubles de l’autisme ou aux travailleuses et travailleurs de la protection de l’enfance qui sont contraints de loger des enfants dans des motels, et ils vous diront que nos services sociaux sont au bord de l’effondrement. Cela fait des années que ce gouvernement sous-finance les organismes et néglige leurs travailleuses et travailleurs au détriment des communautés », s’indigne Fred Hahn, président du SCFP-Ontario. « Voilà ce qui explique aujourd’hui les listes d’attente et la présence de travailleuses et travailleurs dans les banques alimentaires. Nous méritons mieux en Ontario, et nous sommes prêt(e)s à nous battre pour nos emplois, pour la qualité des services et pour la santé de nos communautés. L’époque où les travailleuses et travailleurs des services sociaux acceptaient sans broncher les miettes que leur donnait le gouvernement, elle est terminée. Nous lutterons jusqu’au bout. »
Partout en Ontario, des dizaines de sections locales œuvrant dans les services sociaux ont voté ou se préparent à voter en faveur d’une grève, ce qui témoigne non seulement de la frustration grandissante des travailleuses et travailleurs de première ligne, mais aussi de leur volonté commune de faire bouger les choses.