Malgré une hausse des inscriptions, le secteur scolaire saskatchewanais est sous-financé depuis des années. L’an dernier, le budget du Parti saskatchewanais a aggravé la situation en retirant 54,2 millions de dollars au soutien scolaire et en classe, ce qui représente 500 $ de moins par élève. Simultanément, le gouvernement a augmenté les taxes scolaires de 67 millions de dollars, mais, au lieu d’aller à l’éducation, cet argent a été versé dans les revenus généraux.

« Après le budget de l’an dernier, raconte Jackie Christianson, il a fallu éliminer des programmes préscolaires s’adressant aux enfants ayant des besoins très particuliers, ainsi que des postes d’enseignants et d’employés de soutien. On a aussi coupé dans le transport scolaire et réduit sauvagement l’horaire de travail de plusieurs employés de soutien déjà mal rémunérés. » Mme Christianson est présidente du comité des travailleurs scolaires au SCFP-Saskatchewan, le syndicat qui représente plus de 7 000 travailleurs en soutien scolaire dans la province.

Les divisions scolaires suivantes ont toutes diminué les horaires de travail du personnel de première ligne : Chinook, Good Spirit, Horizon, Prairie South, Prairie Spirit, Prairie Valley, Regina Public, Saskatchewan Rivers, Saskatoon Public, St Paul’s RCSSD et Sun West.

« L’état prive les écoles de ressources, alors que les inscriptions augmentent rapidement, explique Mme Christianson : de dix pour cent entre 2010 et 2017, mais de 21 pour cent au conseil scolaire public de Saskatoon. »

Alors que son gouvernement présentera son budget le 10 avril, le premier ministre Scott Moe a reconnu que « les gens s’inquiètent des investissements dans l’éducation primaire, secondaire et postsecondaire », ce qui ne l’a pas empêché d’annoncer un « budget difficile » truffé de compressions et de reculs salariaux.

« Les collectivités saskatchewanaises tiennent à la qualité de l’éducation, souligne Mme Christianson. Les parents réclament un investissement concret dans le personnel de première ligne. Il est plus que temps, surtout avec les hausses d’inscriptions et le nombre croissant d’enfants ayant des besoins particuliers ou dont l’anglais n’est pas la langue maternelle. Même en rétablissant une partie du financement, M. Moe imposerait des compressions majeures. »

Le salaire des travailleurs en soutien scolaire, déjà bas, a pris du retard sur l’inflation. Plusieurs travailleurs occupent plus d’un emploi pour boucler leurs fins de mois.

« Et pendant ce temps, poursuit Mme Christianson, l’État a ouvert, en septembre, dix-huit écoles construites en PPP, un modèle coûteux, comme l’a réalisé récemment le gouvernement manitobain. On aurait pu bâtir cinq écoles en mode traditionnel pour le prix de quatre écoles en PPP. »

« Espérons que le gouvernement Moe tende l’oreille aux doléances des Saskatchewanais et des travailleurs de première ligne dont dépendent les élèves, conclut-elle. Qu’il se réengage dans la démocratie locale et qu’il accorde aux divisions scolaires la possibilité de s’adapter. Qu’il cesse de verser des deniers publics aux écoles privées (ou indépendantes) et aux consortiums internationaux de PPP. Qu’il verse aux travailleurs un salaire équitable. Qu’il assure la santé et la sécurité des élèves et des travailleurs dans les écoles. Il est temps d’investir dans l’avenir de la Saskatchewan. »