Colleen Reynolds Service des communications du SCFP

Les syndicats sont-ils un bien commun? Bien sûr! Parlez-en aux membres de la section locale 4764 du SCFP, à Halifax, en Nouvelle-Écosse. Ils ne sont que six, principalement des femmes, et travaillent pour la Community Justice Society, un organisme sans but lucratif (OSBL). Le 31 août 2018, ils ont conclu une convention collective historique avec leur employeur. Celle-ci comporte des augmentations de salaire équivalant à 27 pour cent pour ramener ces travailleurs à égalité avec de nombreux agents de probation employés par le ministère provincial de la Justice.

La section locale, qui n’avait jamais fait la grève auparavant, a courageusement pris la décision de débrayer. Elle s’était rendu compte que son contrat requérait des changements majeurs qui ne pouvaient être obtenus autrement. La grève a commencé le 30 juillet 2018 et a duré cinq semaines.

La préparation de cette ronde de négociations était parsemée d’embûches. Le SCFP a mené une évaluation des emplois, qui a démontré que la valeur relative des tâches effectuées par ces travailleurs sociaux représentait 90 pour cent de la valeur du travail effectué par les agents de probation de la province. À la réception du rapport, l’employeur a reconnu l’existence d’un problème concernant la rémunération : Les conclusions du rapport étaient convaincantes.

Autre défi important : la manière dont le ministère de la Justice a initialement mis en place le programme de justice réparatrice par l’intermédiaire de plusieurs OSBL. Cela a permis au gouvernement de nier son implication dans les négociations en prétendant ne pas être partie prenante à la convention collective, même si le ministère finance le programme en entier. Une situation difficile puisque la province contrôlant la totalité du financement, l’employeur n’était pas en mesure d’augmenter les salaires.

Face à une impasse, le SCFP 4764 a rendu publiques ces pratiques injustes en matière de salaire et de financement, tout en dénonçant le ministre de la Justice qui n’assumait pas ses responsabilités dans le dossier.

Appuyée par le SCFP national, la section locale a acheté des publicités à la radio et dans les journaux. Elle a aussi fait parvenir des lettres aux journaux pour susciter l’appui du public en amont de la grève. LE SCFP 4764 a mis à profit son vaste réseau d’alliés dans le milieu de la justice réparatrice pour recueillir des témoignages et du soutien, notamment d’anciens clients, du NPD, d’avocats des tribunaux de la jeunesse et d’animateurs bénévoles. Au cours de la grève, la section locale a tenu une conférence de presse et fait du piquetage devant son lieu de travail, l’Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse, le palais de justice provincial et le bureau de circonscription du ministre de la Justice. Ces événements ont attiré beaucoup l’attention des médias.

« Tout au long de ce processus, nous avons beaucoup appris sur l’importance de la solidarité entre travailleurs », affirme Denise Russell, présidente du SCFP 4764. « Nous sommes reconnaissants du soutien que nous avons reçu de nos confrères et consœurs syndicaux, du personnel, du NPD et des entreprises de la région. »

La victoire de la section locale a aussi profité aux autres travailleurs en justice réparatrice de la province. Au renouvellement de la convention collective, on a informé les travailleurs sociaux non syndiqués employés par d’autres OSBL qu’ils recevraient les mêmes augmentations de salaire.

« J’avais entendu dire que bon nombre des avantages acquis par les syndicats profitaient à tous les travailleurs », explique Shila Leblanc, chef de grève au SCFP 4764. « Nous l’avons prouvé. Je suis tellement fière de ce que nous avons accompli ensemble. »