Le gouvernement de l’Ontario se doit d’agir sans tarder face à la grave pénurie de personnel hospitalier et à la possibilité d’autres fermetures de salles d’urgence et unités de soins cette fin de semaine, ont déclaré aujourd’hui plusieurs syndicats de la santé. L’Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario (AIIO), le SCFP et SEIU Healthcare ont présenté des mesures urgentes pour garantir l’accès aux soins hospitaliers dans les communautés de la province.

Depuis le début de la pandémie, les trois syndicats hospitaliers ont plusieurs fois rappelé au gouvernement et au public que le système hospitalier de l’Ontario, après des années de sous-financement et de sous-effectif, ne dispose pas de la résilience, de la capacité et du personnel nécessaires pour faire face à une crise inédite comme la pandémie actuelle.

« Il y a 20 000 postes vacants dans les hôpitaux de l’Ontario; la main-d’œuvre est épuisée, démoralisée et elle songe à partir en raison de la pandémie, des réductions de salaire et de l’environnement de travail, qui est souvent dangereux. C’est inacceptable que le gouvernement n’ait pas encore de plan global pour doter nos hôpitaux en personnel, alors que de plus en plus d’hôpitaux risquent de fermer leurs unités, leurs soins intensifs et leurs urgences », a déclaré Michael Hurley, président du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario du SCFP. « On peut renverser cette crise en collaborant pour la résoudre; le bien-être d’un grand nombre d’Ontariens en dépend. »

Les trois syndicats ont à plusieurs reprises invité le gouvernement provincial à discuter pour lui proposer des solutions, notamment en ce qui concerne la grave pénurie de personnel en santé et les mesures à prendre pour régler la crise. Selon Statistique Canada, il y a plus de 45 000 postes vacants dans le secteur de la santé en Ontario. Dans quelques années à peine, avec le vieillissement et la croissance de la population, il faudra 100 000 travailleurs de la santé de plus pour maintenir les services. Le gouvernement provincial n’a aucun plan à court ni à long terme pour investir dans le personnel nécessaire pour offrir des soins de qualité.

« Plusieurs services d’urgence et unités de soins intensifs ferment ou sont à pleine capacité chaque fin de semaine, parce qu’il n’y a carrément pas assez d’infirmières. Le gouvernement doit arrêter de trouver des excuses et commencer à écouter les professionnels de la santé et à agir immédiatement. Il faut garder les infirmières et infirmiers en poste et ramener ceux qui ont quitté la profession, pour que tous les Ontariens aient accès aux soins de santé publics dont ils ont besoin », a déclaré Cathryn Hoy, infirmière autorisée et présidente de l’AIIO. « La question n’est plus de savoir ce qu’il faut faire pour résoudre la crise du personnel en santé; à l’heure actuelle, des urgences et des unités de soins intensifs ferment ou réduisent leurs capacités par manque de personnel. Le gouvernement doit faire preuve de volonté politique pour adopter les mesures qui permettront d’atténuer la crise. Les Ontariens de toute la province méritent d’avoir accès à de bons soins de santé publics. Le gouvernement doit passer à l’action avec la même rapidité que les infirmières et les professionnels de la santé l’ont fait. »

Aujourd’hui, l’AIIO, le Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario du SCFP et SEIU Healthcare ont publié un plan en cinq points qu’ils demandent au premier ministre et à la ministre de la Santé d’appliquer immédiatement pour commencer à régler la crise, doter nos hôpitaux en personnel et mettre fin à la fermeture des urgences. Les mesures proposées sont les suivantes :

  1. Soutenir la main-d’œuvre en place : augmenter le nombre d’employés pour réduire la charge de travail; fournir du soutien en santé mentale; investir pour rendre l’hôpital plus sécuritaire pour le personnel et les patients; offrir des emplois à temps plein; et investir dans du soutien sur place, comme la garde d’enfants.
  2. Augmenter les salaires pour attirer et retenir le personnel. Abroger le projet de loi 124, qui bloque les hausses salariales.
  3. Déployer des incitatifs financiers pour décourager les départs à la retraite et favoriser l’embauche et la rétention. Encourager le personnel à faire des quarts de travail supplémentaires lorsqu’il peut le faire en toute sécurité.
  4. Recruter, avec des mesures incitatives, les milliers d’infirmières, d’ambulanciers et d’autres professionnels qui sont autorisés à travailler, mais ne travaillent pas à l’heure actuelle.
  5. Élargir considérablement le nombre de places dans le système postsecondaire pour les disciplines de la santé : exonérer les frais de scolarité et offrir des incitatifs financiers supplémentaires pour étudier et pratiquer en Ontario.

Avant que la situation ne s’aggrave, les syndicats espèrent que le gouvernement provincial agira sans tarder pour régler cette crise avec l’urgence et le sérieux avec lesquels le personnel de santé – qui est composé à plus de 85 % de femmes – traite ses patients. Pour résoudre la crise et éviter la fermeture des hôpitaux, le gouvernement provincial doit abandonner ses politiques idéologiques de restriction salariale pour renverser les dommages infligés à une main-d’œuvre très démoralisée, ont souligné les syndicats.

« Le premier ministre Ford a un plan pour renforcer les maires et affaiblir les travailleurs de la santé. La fermeture des hôpitaux et la perturbation des services de santé sont les conséquences concrètes de sa réticence à investir dans le personnel de première ligne », a déclaré Sharleen Stewart, présidente de SEIU Healthcare. « Pourtant, M. Ford a reconnu cette semaine qu’une personne sur dix en Ontario ne recevait pas les soins de qualité dont elle avait besoin ou ne recevait pas de soins du tout. Nous vivons un moment crucial, parce que 120 000 travailleurs hospitaliers s’unissent pour réclamer de l’aide, et nos syndicats proposent cinq solutions concrètes pour garder les hôpitaux ouverts et stabiliser la crise du réseau de la santé en Ontario. »

Ensemble, l’AIIO, le SCFP et SEIU Healthcare représentent plus de 120 000 infirmières autorisées, infirmières auxiliaires autorisées et préposés aux bénéficiaires, et des dizaines de milliers de professionnels œuvrant dans les soins à domicile, communautaires et de longue durée.