Le nouveau gouvernement fédéral s’est engagé à augmenter les investissements dans les infrastructures de plus de 5 milliards de dollars. Cet engagement comprend une enveloppe supplémentaire de 1,67 milliard de dollars par année dans chacun des secteurs suivants : le transport en commun, les infrastructures vertes et les infrastructures sociales. Ces investissements sont judicieux et progressistes. Ils auront aussi un impact positif à long terme en raison des importantes retombées sociales et environnementales qu’ils génèreront.

Le gouvernement Harper a bien augmenté le financement destiné aux infrastructures, mais en l’assortissant à des conditions purement idéologiques. Pour toucher du financement, les municipalités devaient en effet conclure des partenariats public-privé, ce qui s’est avéré coûteux et a occasionné d’importants retards.

Sous les conservateurs, peu de financement était consacré à l’amélioration de l’environnement et au nécessaire virage vers une économie à faibles émissions de gaz à effet de serre. De plus, le financement fédéral accordé a moins bénéficié aux femmes, les dépenses liées aux infrastructures physiques traditionnelles générant surtout des emplois pour les hommes dans le secteur privé. Ces derniers représentent en effet 87 % de la main-d’œuvre dans le domaine de la construction.

Or, les investissements dans les infrastructures peuvent et doivent être avantageux aux plans environnemental et social, et ce, tant au chapitre de services fournis que des retombées économiques. Le financement des infrastructures devrait être assujetti à une analyse comparative des bénéfices pour les hommes et les femmes, ce qui devrait d’ailleurs être le cas pour tous les programmes gouvernementaux. L’augmentation du financement destiné aux infrastructures sociales (logement abordable, services de garde, établissements pour personnes âgées, maisons de transition et installations culturelles, récréatives et communautaires, notamment) serait aussi un pas vers l’avant, tout comme la hausse des investissements dans les infrastructures vertes et le transport en commun.

Les investissements dans les infrastructures peuvent aussi jouer un rôle dans le processus de réconciliation avec les Premières Nations. Les communautés autochtones réclament en effet depuis longtemps de meilleures infrastructures d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées. Leurs réseaux de santé, d’éducation et de services sociaux doivent aussi être améliorés.

Les infrastructures publiques doivent être financées et gérées par le public. Les retombées économiques qu’elles génèrent doivent aussi être partagées de façon équitable. Le gouvernement fédéral peut atteindre ces objectifs en assortissant les contrats et le financement en matière d’infrastructures à des conditions progressistes comme l’octroi de salaires de subsistance, le respect de l’équité salariale, de l’équité en matière d’emploi et des droits des travailleurs, ainsi que l’obligation d’offrir de la formation et des opportunités d’emploi aux membres des groupes défavorisés ou en quête d’égalité.