En 2018, le gouvernement fédéral libéral a promis d’évaluer les propositions budgétaires futures en tenant compte de l’égalité des genres. Cependant, ce n’est qu’en 2021 que Statistique Canada a reçu des fonds supplémentaires pour combler les lacunes dans les données sur la race, le statut des personnes 2ELGBTQI+ et les personnes ayant un handicap. Par exemple, à partir de janvier 2022, l’enquête sur la population active a commencé à inclure des questions sur l’origine ethnique, le sexe à la naissance et le genre (incluant l’option non binaire). Ces données supplémentaires permettent une analyse plus approfondie des obstacles systémiques auxquels sont confrontés différents groupes. L’idée est que si nous en savons plus sur ces obstacles, nous pouvons financer des solutions à ces problèmes.
Les documents budgétaires comprennent une section analysant chaque mesure budgétaire, identifiant les principaux bénéficiaires en fonction du genre, du niveau de revenu et de l’âge. L’analyse utilise une échelle de cinq points pour le genre et le revenu, et une échelle de trois points pour les groupes d’âge. D’autres bénéficiaires, comme les personnes autochtones, les personnes ayant un handicap et les personnes noires ou racisées, sont identifiées lorsque nécessaire. Toutefois, cette analyse ne donne qu’une idée approximative des priorités budgétaires, et néglige l’importance ou l’efficacité de l’impact pour les groupes identifiés. L’outil de planification de l’équité budgétaire, appelé Analyse comparative entre les sexes plus (ACS+), a été mis en œuvre vers la fin du processus d’élaboration des politiques pour la plupart des mesures budgétaires. Par conséquent, 60 % des mesures qui identifient les impacts négatifs potentiels sur certains groupes ne comportent aucune stratégie pour atténuer ces impacts.
Selon la propre analyse du gouvernement, le budget ne répond pas aux besoins des femmes, des personnes ayant un handicap, des personnes 2ELGBTQI+, des personnes noires ou racisées, ni des personnes à faible revenu. Et même si le gouvernement affirme que 10 % de ses investissements budgétaires bénéficieront aux peuples autochtones, il est difficile de déterminer si cette allocation est suffisante sans connaître l’ampleur de ce qui est réellement nécessaire.
Dans l’ensemble, il y a un net écart entre les genres dans les dépenses fédérales de cette année. Seulement 2 % des dépenses favorisent directement les femmes, tandis que 12 % favorisent directement les hommes. La disparité entre les genres constatée dans le budget de 2023 est encore pire lorsque l’on tient compte des mesures d’épargne, comme la réduction de plus de 11 milliards $ sur cinq ans dans les ministères, les organismes et les sociétés d’État. Ces coupures, équivalant à environ 15 % des investissements budgétaires de cette année, toucheront les femmes de façon disproportionnée.
Le déséquilibre entre les genres dans le budget de 2023 découle en partie de la priorité accordée aux investissements dans des secteurs à prédominance masculine pour l’action climatique. Et le financement nécessaire à la mise en valeur de la main-d’œuvre et à l’amélioration des salaires dans les domaines de prestations de soins, comme la santé et la petite enfance, dans lesquels les femmes sont une majorité, est négligé dans le budget.
L’ajout de données et d’analyses sur l’égalité des genres dans le budget est une bonne mesure, mais elle est insuffisante en soi pour permettre un changement. En tant que travailleuses et travailleurs du secteur public, les membres du SCFP savent que des services publics bien financés jouent un rôle essentiel dans des services de soutien de qualité pour la population canadienne, et particulièrement pour les personnes marginalisées. Nous devons continuer de lutter pour l’élimination des obstacles systémiques pour les travailleuses et travailleurs du secteur public et pour les communautés que nous desservons, et de réclamer un financement suffisant pour les services publics comme les soins de santé et les services éducatifs à la petite enfance.