Karin Jordan | Employée du SCFP
Rebecca Benson | Employée du SCFP
Une nouvelle série de vidéos percutantes présente des membres du Conseil national des Autochtones du SCFP qui parlent de ce que l’eau signifie pour eux et leur communauté. Cette série qui nous appelle à protéger les ressources et les services en eau a été lancée le 22 mars 2023, à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, et s’inscrit dans la campagne L’eau, c’est la vie du SCFP.
Cette campagne sensibilise les gens aux effets persistants de la colonisation sur les communautés autochtones, en plus de renforcer la solidarité entre les membres du SCFP. Le point de départ d’une véritable réconciliation consiste à écouter, à apprendre et à honorer le rôle des peuples autochtones en tant que gardiens et protecteurs des eaux de leurs terres visées par les traités et de leurs territoires traditionnels non cédés.
L’accès à l’eau et aux services d’assainissement est un droit de la personne en vertu du droit international. Pourtant, de nombreuses communautés autochtones du Canada vivent avec de l’eau impropre à la consommation ou même au lavage, depuis des décennies dans certains cas. Et d’autres n’ont aucun réseau d’aqueduc et d’égout fonctionnel. De plus, la pollution et les abus corporatistes ont affecté les sources d’eau dont dépendent de nombreuses communautés autochtones.
Les peuples autochtones luttent depuis des générations contre les menaces qui pèsent sur leur eau, telles que l’inaction du gouvernement, l’exploitation des ressources naturelles par le privé et le racisme environnemental, résultats des effets de la colonisation.
À travers leurs histoires respectives, les membres du Conseil national des Autochtones lancent un cri d’alarme : nous devons agir tout de suite et nous battre pour l’eau, source de vie.
Lindsay (Loyer) Poll
Lindsay (Loyer) Poll est membre du SCFP 4070 et agente de bord chez WestJet. Au fil des ans, la pollution a anéanti les qualités thérapeutiques de l’eau dans sa communauté d’origine.
« Notre communauté est directement au bord de l’eau. Ma kookum (grand-mère) raconte beaucoup d’histoires d’elle et ses proches quand ils étaient enfants, l’eau était parfaite, claire et magnifique, et ce, depuis bien avant la colonisation. Ce lac a toujours été connu comme le lac de la guérison. Les gens de notre communauté franchissaient plusieurs kilomètres pour simplement venir plonger dans ce lac, parce qu’il guérissait. Ma grand-mère est une fervente catholique et a été baptisée dans cette eau. On ne peut même plus y toucher », dit-iel.
Lindsay Poll vit dans une petite ferme familiale sur le territoire du Traité no 7 dans la région de Calgary, mais elle est originaire de la Nation métisse Lac Sainte-Anne et de la Première Nation Michel, dans la région d’Edmonton, territoire du Traité no 6 et de la Région métisse 4.
« L’eau n’est pas une marchandise financière. C’est l’élément vital de notre mère la Terre. Il n’y a donc pas que ma petite communauté de Lac Sainte-Anne, mon petit plan d’eau qui a été détruit. C’est toute l’eau de l’Île de la Tortue qui a été détruite. »
À travers ses gestes, elle s’efforce de susciter du changement et exhorte les gens à poser des questions, à inviter des membres autochtones à partager leur vécu et à entendre vraiment leurs propos.
« Je veux amener un changement durable. Et ce n’est pas pour moi, mais pour guérir les sept prochaines générations. C’est donner cette voix à mes enfants, à mes petits-enfants et arrière-petits-enfants. Nous voulons la sécurité de toutes les nations de notre mère la Terre, parce que l’eau, c’est la vie. L’eau, c’est ce qui nous donne tout. Sans elle, il n’y a rien », dit-iel.
« L’eau, c’est la vie, mais rendons les terres. Rendons la terre que nous ne possédons même pas. Personne ne la possède. Nos enfants possèdent cette terre, puis quand ils grandiront, leurs enfants la possèderont, donc, nous l’empruntons. Et il faut la leur laisser en meilleur état. »
Leo Cheverie
Leo Cheverie est de descendance inuite du Labrador et membre du SCFP 1870. Il travaille depuis 1985 comme bibliotechnicien à l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard. Il est originaire de la communauté géographiquement située à East Point, à l’Î.-P.-É.
Issu d’une famille de pêcheurs, il reconnaît l’urgence de protéger les sources d’eau contre la contamination et les abus.
« J’ai vu la destruction des poissons et d’autres formes de vie. À certains endroits où ma famille ramassait des mollusques ou autres choses, on ne peut plus le faire aujourd’hui », dit-il. « L’Île-du-Prince-Édouard dépend uniquement des eaux souterraines pour son eau potable. Elle est donc très vulnérable côté accès à l’eau et pureté de l’eau. J’ai vu de petites fermes céder leur place à de grandes fermes de monoculture qui utilisent beaucoup de pesticides et de produits chimiques qui s’écoulent dans les cours d’eau et les rendent anoxiques. Beaucoup de plans d’eau avec lesquels j’ai grandi, comme l’étang Diligent près de chez moi, sont devenus anoxiques. »
Leo Cheverie a manifesté un peu partout dans les Maritimes aux côtés de militant(e)s, de pêcheurs et pêcheuses, de membres des communautés autochtones et de leurs allié(e)s pour protéger l’eau pour tout le monde, contre les grandes pétrolières et d’autres industries. « Je pense que les gens comprennent », dit-il. « Une fois que les gens savent ce qui se passe avec la pollution et l’eau, ils veulent la protéger. »
Il nous appelle à nous mobiliser et à militer ensemble pour faire cesser la pollution et la destruction de notre approvisionnement en eau pour des profits à court terme.
« À l’échelle mondiale, l’eau se fait rare et il faut la protéger. J’ai appris une leçon : nous devons tous ensemble lutter en soutien à notre planète bleue pour que tout le monde ait accès à l’eau, pas seulement les plus riches qui peuvent acheter de l’eau aux dépens de tous. »
Nathalie Claveau
Nathalie Claveau est cheffe monteuse de ligne à Hydro-Québec et membre du SCFP 1500. Elle habite à Mashteuiatsh, une communauté innue au Lac-Saint-Jean, juste au bord de l’immense lac. L’eau a toujours tenu un rôle de premier plan dans sa vie et elle la voit comme une richesse inestimable.
« Ce n’est pas parce qu’on a l’eau potable aujourd’hui que demain ce sera le cas. Il faut être les protecteurs de ça, puis les défenseurs. Ce n’est pas inépuisable non plus. Même l’eau de pluie, un moment donné, va être polluée aussi, nos sources d’eau se tarissent. C’est d’être vigilant et de ne pas prendre ça pour acquis. »
Nathalie Claveau souligne l’injustice liée à l’eau à laquelle de nombreuses communautés autochtones sont confrontées, notamment parce que l’eau est une ressource naturelle.
« On est supposé de l’avoir, l’eau. On ne devrait même pas se battre pour avoir ça », dit-elle. « Chez moi, on a notre propre service qui nettoie l’eau pour avoir de l’eau potable. Mais je sais qu’il y a bien des communautés que ce n’est pas ça. Même dans le nord du Canada, les Inuits n’ont pas accès à l’eau potable, il faut qu’ils amènent l’eau avec des camions-citernes. Puis, il y a aussi que les grosses compagnies vont acheter de l’eau de source, puis vont l’embouteiller. C’est l’inégalité : au lieu de l’envoyer justement dans ces communautés-là, elles sont prises avec le fait de ne pas avoir d’eau potable, d’acheter et de la faire venir à la maison. C’est une iniquité vraiment flagrante. »
Nathalie Claveau est heureuse de voir que l’eau et d’autres enjeux autochtones deviennent des préoccupations plus généralisées. « Parce que les membres, même s’ils disent « On ne connaît pas les réalités », ce n’est pas vrai. Souvent, on est tellement proche des autres communautés, qu’on ne fait juste pas le pas. » Elle croit que les membres du SCFP sont sur la bonne voie lorsqu’ils posent plus de questions et prennent conscience qu’il s’agit d’un enjeu crucial à notre survie.
« La question L’eau, c’est la vie, c’est la question. Poser la question, c’est y répondre aussi. Enlève ça et il n’y en a plus de vie, puis l’humanité s’éteint là. Si ça me tient à cœur ? Bien oui, je veux vivre ! » conclut-elle.
Dawn Bellerose
Dawn Bellerose a plus de 33 ans d’expérience en tant qu’intervenante auprès de personnes ayant des besoins particuliers chez Intégration communautaire Algoma. Elle est membre du SCFP 1880. Elle vit à Sault Ste. Marie, le territoire traditionnel des Robinson-Huron et du peuple Anichinabé. L’eau a toujours été au cœur de son bonheur et de son bien-être, ainsi que ceux de sa famille.
« À Sault Ste. Marie, nous sommes entourés de magnifiques Grands Lacs : le lac Supérieur, le lac Michigan et le lac Huron. Mon grand-père et ses frères étaient pêcheurs. C’était leur vie, c’était leur contribution à leur communauté de nourrir non seulement leur famille, mais aussi la communauté. Quand j’étais petite, nous allions toujours chez mes grands-parents, qui vivaient dans le petit village de Thessalon, et nous aimions nager. Et mon père nous emmenait pêcher et faire du bateau. »
Dawn Bellerose reconnaît qu’elle est privilégiée d’être une Autochtone urbaine et d’avoir accès à de l’eau potable. Elle dit qu’elle a été choquée d’apprendre qu’à Grassy Narrows, et dans plusieurs autres communautés autochtones à travers le Canada, on ne peut pas boire, cuisiner ou se laver avec l’eau depuis des décennies.
« L’eau de Grassy Narrows est contaminée par le mercure depuis bien plus que 60 ans. Des études ont prouvé que la concentration est très élevée. Ne pas avoir d’eau potable, c’est horrible en soi, mais les impacts sur les familles et les communautés, les sources de nourriture qui sont contaminées aussi. Mais un après l’autre, les gouvernements qui ont été au pouvoir ont promis d’agir, puis ont brisé chacune de leurs promesses », explique-t-elle. « Je n’arrivais juste pas à le comprendre. On est en Ontario, au Canada ! Je ne savais pas que cela se pouvait dans mon pays. Et j’ai voulu savoir ce que je pouvais faire pour aider. »
Elle s’est donc impliquée chaque fois que la communauté venait à Toronto, soutenant leurs activités et leurs manifestations. Les membres du SCFP sont des allié(e)s dans cette lutte pour protéger et recouvrer l’eau. Nous avons ensemble un rôle à jouer pour mettre fin à l’injustice liée à l’eau et œuvrer pour la réconciliation.
« L’eau, c’est la vie. C’est comme l’air qu’on respire. Ça vous nettoie. Ça étanche la soif. Ça nettoie l’âme, ça nourrit. C’est tout. Si tout le monde pouvait simplement ouvrir son robinet pour savourer un verre d’eau », dit Dawn Bellerose, la voix teintée d’espoir.
Nous invitons tous et toutes à regarder et à partager les quatre vidéos en ligne. Celles-ci offrent la possibilité aux membres du SCFP d’en apprendre davantage sur l’importance de l’eau pour les peuples autochtones et leurs communautés, et de s’impliquer.
Les membres peuvent également commander une affiche du tableau L’eau, c’est la vie de l’artiste Aaron Paquette.
Soyez aux côtés des peuples autochtones et exigez la fin de l’injustice liée à l’eau. Engagez-vous à écouter, apprendre et agir à scfp.ca/eau-egale-vie