La présidente du SCFP-Manitoba, Gina McKay, a pris la parole devant le Comité permanent de la justice dans le cadre des audiences sur le projet de loi 2 : Loi abrogeant la Loi sur la viabilité des services publics.
En 2017, le gouvernement du Manitoba déposait le projet de loi 28 : Loi sur la viabilité des services publics. Celui-ci a plongé les relations de travail dans le chaos. Contestée devant les tribunaux par la Fédération du travail du Manitoba au nom du SCFP et d’autres syndicats, cette loi a été jugée « inconstitutionnelle » par la Cour du Banc de la Reine.
Bien que le gouvernement ait porté cette décision devant la Cour d’appel en octobre 2021, il a décidé d’abroger complètement la loi 28 en adoptant le projet de loi 2, à la suite d’énormes pressions des syndicats et du monde du travail.
« Des milliers de Manitobaines et de Manitobains ont été punis pendant des années, depuis avant la pandémie, à cause de l’ingérence du gouvernement dans la négociation collective libre, a déclaré Gina McKay au Comité. Pire, ces gens ont passé des années sans augmentation salariale équitable, y compris tout au long de la pandémie, parce que la Loi sur la viabilité des services publics planait au-dessus d’eux. Celle-ci a toujours des répercussions sur leur vie. »
Si un syndicat avait accepté les augmentations de salaire prévues par la loi (soit 0 %, en 2018, puis 0 %, 0,75 % et 1 %), cela aurait été l’équivalent d’une baisse de salaire de cinq pour cent au cours de cette période.
De nombreux employeurs manitobains continuent d’offrir des augmentations nulles ; c’est l’héritage de la Loi sur la viabilité des services publics.
« Certains employeurs refusent de nous dire d’où leur vient ce mandat, a dit Mme McKay. Ils font référence à un spectre menaçant qui les pousse à continuer de geler les salaires. Même si on est sur le point d’abroger cette loi, les dommages qu’elle a causés continuent d’influencer les négociations. »
Mme McKay a présenté un exemple : de nombreuses divisions scolaires ont affirmé n’offrir qu’un gel salarial en raison du mandat. Le SCFP a riposté à la table de négociation ; il a carrément refusé ces zéros. Il a poussé des dizaines de divisions scolaires à comprendre que ces zéros n’étaient pas obligatoires, qu’ils n’avaient pas force de loi, et que le personnel de soutien scolaire méritait mieux.
Les membres du SCFP ont également dû se munir de mandats de grève pour casser le « mandat fantôme » du gouvernement, ce qui a perturbé leur travail, leur vie et l’amour qu’ils éprouvent pour leur travail. Certains membres du SCFP du secteur scolaire ont même débrayé.
« Les dernières années ont illustré l’impact concret, humain, de l’ingérence de l’État dans la libre négociation collective, a ajouté Gina McKay. En outre, la faiblesse des salaires et les augmentations sous-inflationnistes ont un impact disproportionné sur les femmes, les personnes de diverses identités de genre, les Autochtones et les personnes de couleur qui constituent une grande partie de notre base. »
Le SCFP a souligné qu’en plus d’abroger la Loi sur la viabilité des services publics, le gouvernement devrait aussi retirer son opposition à la demande du Partenariat pour la défense de la fonction publique visant à ce que la Cour suprême se penche sur la constitutionnalité de la loi sur le gel des salaires.
« Nous exhortons le gouvernement à faire savoir clairement à toute la main-d’œuvre du secteur public, dans tous les types de travail, y compris la santé, le système scolaire, les sociétés d’État, les services sociaux, etc., qu’il ne s’ingérera plus dans la libre négociation collective », a-t-elle conclu.
Cette année, avec une inflation avoisinant les six pour cent, les Manitobaines et les Manitobains ont besoin que le gouvernement corrige cette injustice du passé, afin qu’ils puissent récupérer les pertes subies pendant cette période.
« À notre avis, la Loi sur la viabilité des services publics n’aurait jamais dû voir le jour. Nous savons qu’elle a encore des répercussions. Il faut la retirer et tenir le gouvernement responsable des torts qu’elle a causés aux travailleuses et aux travailleurs. »
Le projet de loi 2 passera maintenant en troisième lecture à l’Assemblée législative du Manitoba. Une fois qu’il aura reçu la sanction royale, il deviendra loi et abrogera pour de bon l’ancien projet de loi 28.