Irene Jansen | Service de l’égalité 

Au congrès national du SCFP de 2007, les délégués ont fixé un objectif ambitieux : un salaire minimum de 15 dollars l’heure pour tous les membres du SCFP. Au congrès national de 2013, la cible a été établie à 18 dollars l’heure, soit la même que celle visée par de nombreuses campagnes sur le salaire de subsistance.

Pour aider les sections locales à atteindre cet objectif, le SCFP a dressé le portrait de ses membres gagnant 18 dollars l’heure ou moins. Les caractéristiques suivantes ont été étudiées : le sexe, l’identité autochtone, l’identité raciale et leur statut d’emploi (temps partiel et occasionnel).

L’analyse des données tirées de l’Enquête sur la population active de Statistique Canada et du recensement révèle une concentration de femmes, d’Autochtones et de travailleurs racisés dans certains secteurs et emplois faible­ment rémunérés. Des tendances se dégagent aussi pour les différents emplois dans un même secteur, que ce soit au niveau de la démographie ou de la précarité.

Les données disponibles ne mention­nent pas l’orientation sexuelle, les genres autres qu’homme ou femme ou encore les personnes ayant un handicap. Grâce à d’autres études, nous savons toutefois que les travailleurs marginalisés par l’homophobie, la transphobie ou en raison d’un handicap sont aussi victimes de discrimination salariale.

L’étude, disponible sur demande, montre que la très grande majorité des membres faiblement rémunérés dans les secteurs des services de garde à l’enfance, des services sociaux, de la santé, des conseils scolaires et des bibliothèques sont des femmes. Les membres autochtones sont particulièrement concentrés dans les emplois faiblement rémunérés dans les services sociaux et les services de garde à l’enfance. Quant aux membres racisés, ils sont plus susceptibles d’occuper des emplois mal payés dans les secteurs de l’éducation postsecondaire, des soins de longue durée et des services de garde à l’enfance.

Dans ces secteurs faiblement rémunérés, on trouve aussi un taux élevé d’emplois à temps partiel et temporaires. C’est particulièrement le cas dans le secteur des bibliothèques publiques. En effet, 44 pour cent des membres du SCFP occupant des emplois faiblement rémunérés dans les bibliothèques travaillaient à temps partiel (moins de 30 heures par semaine). Les secteurs des soins de longue durée, des services sociaux et des services de garde à l’enfance montraient aussi des taux élevés de travail à temps partiel. En ce qui a trait aux emplois temporaires, le secteur de l’éducation postsecondaire se démarque : le tiers des emplois faiblement rémunérés sont temporaires. Le secteur de la santé se tire mieux d’affaire que les autres puisque la diminution du nombre d’emplois permanents y est moins prononcée qu’ailleurs.

Notre recherche confirme l’importance d’atteindre l’équité en matière d’emploi dans les milieux de travail du SCFP. Ce besoin est particulièrement criant dans certains secteurs. L’analyse montre qu’à l’exception des services sociaux, les travailleurs autochtones sont faiblement représentés dans tous les secteurs, les niveaux les plus bas étant atteints dans les bibliothèques, les  établissements d’enseignement postsecondaire et les hôpitaux. La représentation des travailleurs racisés est faible partout et leur niveau d’emploi est particulièrement bas dans les conseils scolaires et les municipalités. De plus, selon la recherche disponible sur la discrimination en emploi et les niveaux de salaire, les travailleurs autochtones et racisés sont aussi clairement sous-représentés dans les emplois mieux rémunérés.

Nous devons savoir quels types d’emplois nos membres faiblement rémunérés ou à statut précaire occupent ainsi que leurs caractéristiques démographiques. Ainsi, nous serons mieux outillés pour revendiquer l’amélioration de leurs salaires et de leurs conditions de travail.

Dans le cadre d’un projet connexe, le Service de l’égalité du SCFP étudie aussi les tendances et les effets de la précarité pour les femmes dans le secteur public, en particulier les femmes encore plus marginalisées par le racisme, un handicap, l’homophobie et la transphobie. Le projet est mené conjointement avec le Congrès du travail du Canada, le Syndicat des travailleuses et travailleurs des postes et l’Institut canadien de recherches sur les femmes.

Pour en savoir plus, communiquez avec Irene Jansen à ijansen@cupe.ca