L’Office d’investissement du régime de pensions du Canada (OIRPC) est associé à un scandale impliquant la fraude, le détournement de fonds et le mauvais traitement de personnes âgées. Le régime de retraite public canadien est le plus gros investisseur dans Orpea, une entreprise à but lucratif accusée de rationner la nourriture et les produits d’incontinence dans ses établissements de soins de longue durée européens.

L’OIRPC détient 15 pour cent d’Orpea et a deux sièges à son conseil d’administration. À la suite du scandale, la valeur de l’action de l’entreprise a chuté au point de menacer sa survie. En tant que plus important investisseur unique, l’OIRPC joue un rôle majeur dans le processus de restructuration de la dette de 9,5 milliards d’euros d’Orpea, un processus qui se déroule jusqu’en janvier 2023 sous la protection des tribunaux.  

Cette restructuration entraînera probablement des pertes importantes pour tous les investisseurs d’Orpea, y compris l’OIRPC.

« On a investi une part de notre régime de retraite public dans des soins de longue durée privatisés, ce qui est inacceptable. Pour une entreprise comme Orpea, le profit compte plus que la vie et la dignité des personnes dont elle s’occupe. C’était un mauvais investissement, éthiquement et financièrement », a lancé le président national du SCFP, Mark Hancock.

L’OIRPC supervise et investit les sommes détenues par le Régime de pensions du Canada. Ces sommes proviennent des cotisations des travailleuses, des travailleurs et des employeurs de toutes les provinces à l’exception du Québec. C’est l’un des plus grands investisseurs en capital-investissement au monde, avec 134 milliards de dollars investis.

« Le SCFP est clair : il faut éliminer le profit des soins de longue durée. L’argent des travailleuses et des travailleurs canadiens ne devrait pas être investi dans la privatisation des services publics », a ajouté la secrétaire-trésorière nationale du SCFP, Candace Rennick.

L’OIRPC n’est pas le seul régime de retraite à être associé à ce genre de comportement prédateur. L’entreprise canadienne de soins de longue durée Revera appartient entièrement à l’Office d’investissement des régimes de pensions du secteur public, qui investit l’épargne-retraite des travailleuses et des travailleurs du secteur public fédéral. Dans le cadre de la campagne Rendons Revera publique, les syndicats canadiens réclament que les établissements de l’entreprise deviennent publics.

Le cas d’Orpea est un exemple horrible du danger associé aux soins de longue durée à but lucratif. Au début de 2022, le journaliste Victor Castanet a publié un ouvrage qui levait le voile sur la négligence des résidentes et résidents, ainsi que sur le rationnement de la nourriture et des produits d’incontinence. Il y lançait aussi des allégations de fraude financière qui ont conduit à l’ouverture d’une enquête de la police française et à une série de descentes dans les bureaux d’Orpea.

Le gouvernement français a ouvert deux enquêtes sur les affaires sociales et les finances d’Orpea en mars 2022. Cela a été suivi par des descentes dans des dizaines d’établissements gérés par Orpea. Un rapport de 524 pages est venu confirmer bon nombre des conclusions de Victor Castenet. De plus, l’entreprise a été condamnée à rembourser des millions de dollars en subventions.

En Europe, ce scandale est largement médiatisé. Il devrait l’être tout autant au Canada.