Cette semaine, le gouvernement libéral fédéral tente de pousser l’adoption de sa Loi sur la modernisation des transports, malgré les graves préoccupations soulevées à propos de la vie privée, de la propriété étrangère et des pertes d’emploi.
Cette soi-disant « déclaration des droits des passagers » va bien au-delà des droits des passagers. Elle introduit les enregistrements audio-vidéo dans les locomotives. Elle augmente la participation des intérêts étrangers comme propriétaires d’actions dans les lignes aériennes canadiennes. Enfin, elle permet l’investissement privé dans les ports, ce qui va intensifier l’automatisation et les pertes d’emploi.
Appareils d’enregistrement audio-vidéo dans les locomotives
Contrairement à la boîte noire des avions que consulte la Commission de la sécurité des transports dans ses enquêtes sur les accidents, l’enregistrement audio-vidéo dans les locomotives soumettrait les cheminots à une surveillance constante, au point où le projet de loi C-49 doit créer une exception aux lois sur la vie privée. Cet appareil audio-vidéo est pointé vers l’intérieur de la cabine. Et la direction du chemin de fer y aura accès, détail qui a suscité des critiques acerbes de la part du commissaire à la vie privée.
Non seulement ces appareils d’enregistrement enfreignent le droit à la vie privée des travailleurs, mais ils n’apportent aucune mesure préventive permettant d’accroître la sécurité.
Propriété étrangère
Le projet de loi C-49 propose de hausser à 49 pour cent le plafond imposé aux parts votantes de lignes aériennes canadiennes pouvant être détenues par des intérêts étrangers. Ce changement lancera le Canada dans une course vers le fond. En effet, il est démontré, à travers le monde, que l’accroissement de la propriété étrangère dans ces entreprises entraîne une hausse de la précarité d’emploi et un affaiblissement des conditions et normes de travail, de la sécurité à bord et du droit à la négociation collective.
En réduisant leurs coûts de main-d’œuvre, les lignes aériennes réduisent aussi la sécurité des passagers et de l’équipage. Cette mesure survient alors que la sécurité des passagers est déjà mise en péril par un ratio passagers-agent de bord plus élevé que jamais.
Automatisation des ports
Le projet de loi C-49 permet aux autorités portuaires d’aller chercher des fonds privés par l’entremise de la Banque de l’infrastructure du Canada (BIC).
Le financement de la BIC pour bâtir des ports fortement automatisés pourrait entraîner la perte de milliers de bons emplois, plusieurs ports se montrant intéressés par l’automatisation. Le SCFP s’oppose fermement à ce qu’on utilise la BIC pour éliminer des emplois, accroître la propriété étrangère de nos ports et dévaster les communautés portuaires.
Le SCFP représente 23 000 membres dans le secteur des transports. Ceux-ci travaillent dans les lignes aériennes, les aéroports, les traversiers, les autorités portuaires, les chemins de fer, les routes et les autoroutes, ainsi que dans les réseaux publics et privés de transports en commun.