University Settlement est un organisme de bienfaisance qui renforce les communautés torontoises depuis plus d’un siècle. Or, tout ne va pas bien en son sein. Dans une démonstration retentissante de solidarité, ses travailleuses et travailleurs ont voté à 96 % en faveur de la grève si la direction refuse de s’attaquer aux problèmes qui couvent depuis longtemps.
Soixante-trois membres du SCFP 2998.01 ont appuyé le mandat de grève, ce qui représente 75 % des conseillères et conseillers en établissement et en emploi, des éducatrices et éducateurs de la petite enfance, du personnel des loisirs, des professeur(e)s de musique, du personnel des services aux personnes âgées, etc. Manifestement, les membres appuient leur comité de négociation.
Les fonctions chez University Settlement sont très variées. Les conseillères et conseillers en établissement aident les gens nouvellement arrivés au pays (personnes immigrantes ou réfugiées) et les personnes à faible revenu à trouver des services sociaux, un emploi, une école et des soins de santé, mais aussi à parfaire leurs compétences, à obtenir une accréditation et à trouver du travail. Les professeures et professeurs de musique proposent des cours de qualité à des enfants qui n’ont pas les moyens de s’offrir des cours privés ailleurs. Et le personnel des services de loisirs et de garde est crucial à la communauté.
Or, tous les services de University Settlement ont deux choses en commun : leur main-d’œuvre est fière de servir une communauté dans le besoin, mais elle a elle-même désespérément besoin d’un salaire équitable.
« Nous supprimons les obstacles à la prospérité, mais nous ne prospérons pas », explique Jun Zhang, conseiller en établissement depuis plus de quinze ans et président de l’unité de négociation 2998.01 du SCFP. « Mon salaire n’a augmenté que de 4,67 $ depuis mon arrivée, en 2008. Les gens que j’aide trouvent des emplois mieux rémunérés que le mien. »
Les travailleuses et les travailleurs de University Settlement offrent le type de services communautaires que le gouvernement fédéral et la Ville de Toronto disent vouloir prioriser afin d’aider les familles néocanadiennes et à faible revenu à se bâtir une vie dans la métropole ontarienne. Pourtant, bon nombre de ses employées et employés n’ont pas les moyens d’y vivre.
Sarah Iles enseigne le chant à University Settlement depuis sept ans. Son contrat prend fin bientôt. Elle a démissionné il y a quelques semaines, non pas parce qu’elle n’aime pas son travail, mais parce qu’elle n’a plus les moyens de l’exercer. Dans d’autres organismes à but non lucratif de la ville, une professeure de musique comme elle gagne 50 $ l’heure. À cause de la crise des loyers à Toronto, il faut gagner 40 $ l’heure pour vivre. Mme Iles, malgré d’impressionnantes qualifications professionnelles, gagne moins de 25 dollars l’heure.
« J’ai moi-même commencé à étudier le chant ici, quand j’étais petite, raconte-t-elle. J’ai adoré ça et j’ai voulu rendre la pareille. Je crois profondément que la musique et les arts devraient être accessibles à tout le monde, et j’ai vu des enfants travaillants s’épanouir. Nous sommes au service d’une communauté qui mérite ces opportunités enrichissantes, aujourd’hui plus que jamais, après des décennies de coupes budgétaires dans le système scolaire public. Mais cette école de musique centenaire ne survivra pas longtemps si on n’y gagne pas un salaire décent. »
Les deux parties se sont rencontrées sept fois. Le syndicat et l’employeur reprendront les négociations le 10 janvier.