La veille du jour où le premier ministre Doug Ford doit assister à l’assermentation de son nouveau cabinet, les travailleurs et travailleuses de l’éducation de première ligne ont livré 25 000 lettres à son bureau de Queen’s Park. Il y est demandé une augmentation de la dotation en personnel dans les écoles pour améliorer la prestation de services aux élèves en septembre, ainsi qu’une hausse de salaire réelle supérieure au taux d’inflation pour remédier aux bas salaires et aux problèmes de rétention.

« Les travailleurs et travailleuses de l’éducation de première ligne sont l’épine dorsale des écoles de chaque communauté. La plupart ont un deuxième ou même un troisième emploi pour joindre les deux bouts », a déclaré Laura Walton, présidente du Conseil des syndicats des conseils scolaires de l’Ontario (CSCSO) du SCFP. « Pourtant, nous ne gagnons que 39 000 $ par année en moyenne alors que nous subventionnons personnellement le système d’éducation de l’Ontario en faisant du travail non payé en dehors des heures normales, car les niveaux de dotation sont si bas qu’il nous est impossible de tout faire pendant les heures rémunérées ».

« La question de savoir si les écoles de la province reçoivent suffisamment d’argent pour mettre fin aux coupures préjudiciables et pour veiller à ce que tous les élèves, surtout les élèves ayant des besoins particuliers, puissent se prévaloir des soutiens et des services appropriés est un choix politique fait par nos élu(e)s », a déclaré Mme Walton. « L’Ontario est la province la plus riche du Canada et l’argent contrôlé par seulement 59 milliardaires a augmenté de plus de 100 milliards de dollars pendant la pandémie. Ce gouvernement n’a aucune excuse pour lésiner sur l’avenir de nos enfants ou pour maintenir le personnel de l’éducation au bord de la pauvreté ».

La lettre au premier ministre de l’Ontario, que des travailleurs et travailleuses de l’éducation ont signé, se lit en partie comme suit :

Même avant la pandémie, le manque de travailleurs et travailleuses de l’éducation était problématique dans les écoles de l’Ontario. De nombreux conseils scolaires ne parviennent pas à recruter et à retenir des travailleurs et travailleuses de l’éducation qualifiées, en grande partie parce que les salaires sont si bas et les emplois si précaires ».

Pendant la pandémie de COVID-19, nous avons travaillé à la fois dans les écoles et hors site, mettant parfois en danger notre santé et notre sécurité et celles de nos familles. Nous avons pris ces risques pour que les élèves puissent continuer à apprendre, que les écoles soient sûres et que les familles et les communautés aient le soutien dont elles ont besoin.

Un sondage réalisé en 2021 auprès des travailleurs et travailleuses de l’éducation du SCFP a révélé que 51 % avaient au moins un emploi supplémentaire pour joindre les deux bouts. Ce chiffre passe à 64,5 % pour les personnes à revenu unique. Environ 75 % de nos membres sont des femmes pour lesquelles l’écart salarial entre les sexes se creuse davantage chaque année ».

Jeudi, les membres du SCFP-CSCSO ont aussi remis des copies des lettres signées par des collègues de leurs sections locales à 25 député(e)s provincial(e)s progressistes-conservateurs de la province.

Faits en bref :

  • Cinquante-cinq milles membres du SCFP-CSCSO occupent pour ainsi dire toutes les catégories d’emploi dans le secteur de l’éducation, à l’exception des postes d’enseignant(e)s et de gestionnaires. La contribution de chacun(e) de ces membres de première ligne est nécessaire à la réussite des élèves et la pénurie chronique de personnel menace la capacité des écoles à fournir tout ce dont les élèves ont besoin.
  • Les travailleurs et travailleuses de l’éducation de première ligne ont signifié leur avis de négocier au gouvernement de l’Ontario et au Conseil des associations de conseillers scolaires (CACS) le lendemain des élections provinciales du 2 juin. Les membres du SCFP-CSCSO se disent prêts à négocier pendant tout l’été afin d’intervenir une convention collective équitable, ce qui éviterait des perturbations dans les salles de classe cet automne, et demandent au gouvernement de venir à la table pour s’engager, par écrit et sans délai, à mettre à disposition les services et les soutiens dont les élèves et les travailleurs et travailleuses ont besoin.
  • Le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) calcule que le gouvernement progressiste-conservateur de Doug Ford a réduit le financement de l’éducation de 800 $ par élève (ajusté en fonction de l’inflation) pendant son premier mandat. Avec deux millions d’élèves dans les écoles de l’Ontario, cela se traduit par une réduction de 1,6 milliard de dollars au cours de l’année scolaire 2021-2022, une somme qui pourrait contribuer à améliorer le soutien aux élèves et à augmenter les niveaux de dotation et les salaires du personnel de l’éducation.
  • Au cours de la dernière décennie, les salaires du personnel de l’éducation a chuté considérablement en dessous de l’inflation. Cela est dû en grande partie à l’interférence législative avec la libre négociation collective qui a utilisé le pouvoir de l’État pour limiter les hausses salariales pour les employé(e)s les moins bien rémunéré(e)s du secteur de l’éducation. Le projet de loi 115, sous l’égide du précédent gouvernement libéral a gelé les salaires pendant deux ans. Le projet de loi 124, sous le gouvernement progressiste-conservateur actuel, a imposé une limite stricte de 1 % d’augmentation par année pendant trois ans, même si tout indique que celle-ci est inférieure à l’inflation et aux tendances des autres secteurs syndiqués de l’économie.

Le résultat de ces attaques contre les salaires et les droits de négociation collective des travailleurs et travailleuses de l’éducation est que les accords salariaux de 2012 à 2021 s’élèvent à 8,8 % (composés) alors que l’inflation jusqu’à la fin de 2021 est de 19,5 %. Compte tenu un taux d’inflation qui dépasse largement les 7 % en 2022, la réduction salariale pour le personnel de l’éducation sera de 17 %.