Les syndicats ripostent aux nouvelles lois néo-écossaises

Le 21 septembre 2017, des centaines de syndiqués des quatre coins de la Nouvelle-Écosse se sont réunis devant l’Assemblée législative pour souligner la rentrée parlementaire provinciale. Ces travailleurs, membres de plusieurs syndicats du secteur public, ont enterré le discours du Trône dont on faisait la lecture à l’intérieur. Ils ont transmis au gouvernement McNeil un message clair et net : nous allons défendre notre droit à la négociation collective. « Les syndicats dureront beaucoup plus longtemps que l’actuel gouvernement libéral ! »

  • Pour voir des photos de la manifestation, rendez-vous sur Flickr.

La manifestation était organisée par la Fédération du travail de la Nouvelle-Écosse. Le SCFP y était aux côtés de membres d’Unifor, du NSGEU (le syndicat des employés de l’État), du NSNU (le syndicat des infirmières), du NSTU (le syndicat des enseignants), du SEIU (Service Employees International Union), du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), de la section locale 727 de l’UIOE (le syndicat des ambulanciers) et de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants.

Trois dirigeants syndicaux nationaux étaient sur place, aux côtés des dirigeants provinciaux, pour prendre la parole. Le président national du SCFP, Mark Hancock, était le premier d’une longue liste d’orateurs, sur laquelle se trouvaient aussi le président du SNEGSP Larry Brown et le président d’Unifor Jerry Dias. Ont aussi pris la parole : Alex Furlong du Congrès du travail du Canada, le chef du NPD néo-écossais Gary Burril et la présidente du SCFP-N.-É. Nan McFadgen.

« Nous sommes ici pour transmettre un message, a dit M. Hancock. Nous allons vous traîner à la table des négociations. Nous allons vous traîner devant les tribunaux. Nous sommes même prêts à vous traîner dans la rue. »

Soulignons quelques faits saillants de la manifestation. Il y avait des effigies en carton de « Stomping Steve » qui surplombaient la foule de travailleurs et la mer de chandails roses et de bannières du SCFP. Les Dixie Dogs, un groupe local de six musiciens syndiqués, assurait la musique avec, à sa tête, le président de la Fédération du travail de la N.-É., Danny Cavanagh. La manifestation s’est interrompue brièvement pour laisser passer, dans le respect, la procession militaire qui inaugure traditionnellement la session parlementaire avant chaque discours du Trône.

Depuis 2013, les travailleurs du secteur public, dont les enseignants, les infirmières, les travailleurs des écoles et des garderies, les fonctionnaires et la communauté artistique, soit plus de 70 000 travailleurs, endurent l’ingérence constante du gouvernement libéral dans leurs négociations collectives.

Le 22 août 2017, le gouvernement libéral a promulgué le projet de loi 148 qui impose les conditions salariales, ainsi qu’un gel sur un avantage négocié qu’on appelle l’allocation de retraite ou la récompense pour états de service. Cette prestation est éliminée pour tous les employés embauchés depuis avril 2015. Le 8 septembre 2017, les syndicats ont demandé le statut d’intervenant devant la Cour d’appel de la Nouvelle-Écosse.

Le gouvernement McNeil a déposé ou promulgué sept projets de loi qui visent spécifiquement les syndicats.

Projet de loi 1
La Loi sur les autorités de la santé a réorganisé le système de santé en réduisant inutilement le nombre d’unités de négociation et en tentant d’assigner les droits de représentation syndicale.

Projet de loi 19 
Les modifications à la Loi sur les syndicats ont compliqué l’exercice du droit à se syndiquer et à conclure une première négociation collective.

Projet de loi 30 
La Loi sur les services essentiels dans le maintien à domicile s’est ingérée directement dans les négociations collectives des travailleurs du maintien à domicile.

Projet de loi 37 
La Loi sur les services essentiels dans la santé et les services communautaires limite le droit aux moyens de pression de plus de 40 000 travailleurs dans les soins actifs, les soins de longue durée, les foyers de groupe, le maintien à domicile et la protection de l’enfance, entre autres secteurs.

Projet de loi 75
La Loi sur l’entente professionnelle avec les enseignants et l’amélioration des salles de classe impose aux enseignants une convention collective dont ils avaient rejeté les modalités à trois reprises.

Projet de loi 100 
La Loi sur la responsabilité et la viabilité des universités permet aux universités de passer outre aux conventions collectives pendant une période de « revitalisation » de cinq ans.

Projet de loi 148 
La Loi sur la viabilité des services publics gèle les salaires et limite les augmentations, en plus de fixer les modalités des conventions collectives et d’éliminer les récompenses pour états de service.

Ces attaques contre les travailleurs du secteur public sont injustes et fort probablement inconstitutionnelles. En outre, elles nuiront gravement à l’économie.

Les limitations salariales que contient le projet de loi 148 sont de réelles limitations salariales et non des augmentations économiques imposées. Par exemple, dans la troisième année, l’augmentation économique ne peut pas dépasser un pour cent, ce qui signifie qu’on pourrait négocier moins, mais pas plus. L’allocation de retraite, un avantage négocié librement, est retirée injustement sans mesures compensatoires, ce qui, dans les faits, prive nos membres d’une rémunération acquise mais reportée jusqu’à leur retraite.

Ces limites salariales diminueront le pouvoir d’achat, puisque le coût de la vie va augmenter plus rapidement que la rémunération. Pour bénéficier d’une économie en croissance et réduire les inégalités, nous avons besoin de meilleurs salaires.

On peut faire mieux

Il existe des mesures que pourrait prendre le gouvernement néo-écossais pour donner préséance aux citoyens, protéger les services publics dont nous avons besoin, créer de bons emplois et raffermir l’économie.

Le gouvernement libéral devrait reconnaître en son secteur public un moteur de croissance économique. La santé et l’éducation sont d’importants secteurs économiques et non un fardeau pour la société.

« Stephen McNeil essaie de vous faire croire qu’il n’y a pas d’autre solution; il a tort, a lancé Mme McFadgen à la foule. Nous croyons qu’il est possible de changer les choses. »