Le SCFP-Terre-Neuve-et-Labrador se réjouit de voir le gouvernement Furey enfin prendre des mesures pour s’attaquer au manque de lits de soins de longue durée sur la côte ouest de Terre-Neuve, mais considère que la solution n’est pas de dépenser l’argent durement gagné par les contribuables en ayant recours à du personnel infirmier provenant d’agences privées.
« Si les hôpitaux débordent, ce n’est pas seulement à cause du nombre de personnes qui ont besoin de soins, souligne Sherry Hillier, présidente du SCFP-Terre-Neuve-et-Labrador. C’est plutôt un symptôme du sous-financement chronique installé depuis des années, des salaires inadéquats et de l’argent gaspillé à faire appel à des agences privées. »
Le Dr Pat Parfrey, PDG des services de santé de Terre-Neuve-et-Labrador, admet que le secteur de la santé peine à recruter du nouveau personnel, surtout sur la côte ouest. La solution proposée, à part solliciter les infirmières et infirmiers qui sortent de l’école, est de se tourner vers les agences privées. Une solution qui n’est pas du tout viable à long terme.
« Le gouvernement ne semble pas comprendre d’où proviennent les personnes qui travaillent pour des agences privées, s’étonne Sherry Hillier. On compte un nombre limité de travailleuses et travailleurs de la santé dans la province. Ces personnes quittent le domaine ou entrent dans les agences à cause des mauvais salaires et du manque de soutien dans le secteur public. Lorsqu’ils embauchent des infirmières et infirmiers issus des agences, les services de santé de la province embauchent exactement les mêmes personnes que celles qui travailleraient normalement dans le secteur public, mais pour plus cher! »
« En réalité, le personnel de la santé de la province ne gagne tout simplement pas assez pour maintenir un niveau de vie décent, soutient Donna Ryan, coordonnatrice du secteur de la santé du SCFP-Terre-Neuve-et-Labrador. Donc quand les services de santé affichent des postes, personne ne postule, ce qui amène l’organisation à dire qu’elle ne trouve personne pour les pourvoir! »
À responsabilités égales, les infirmières et infirmiers des agences (ou « personnel volant ») peuvent gagner jusqu’au double du salaire offert dans le secteur public. En 2023 seulement, le gouvernement Furey a dépensé 91 millions de dollars pour rémunérer des infirmières et infirmiers volants. Ce phénomène s’inscrit dans une tendance à la privatisation troublante dans la province qui fait que les services coûtent plus cher, mais se dégradent malgré tout. Le nouvel hôpital en partenariat public-privé en est un bon exemple : il comptera moins de lits qu’attendu, avec moins d’espace pour les services auxiliaires.
« Les services de santé de Terre-Neuve-et-Labrador disent avoir besoin de 5 millions de dollars pour préparer l’ancien hôpital à recevoir des personnes ayant besoin de soins de longue durée, mais qui bénéficiera de cet argent? demande Sherry Hillier. Sera-t-il aspiré de nouveau par des entreprises privées qui vont construire un bâtiment trop petit? L’argent des contribuables ira-t-il encore garnir les poches de PDG au lieu de servir aux gens qui l’ont gagné à la sueur de leur front? »
Le SCFP-Terre-Neuve-et-Labrador demande au gouvernement Furey de prendre des mesures concrètes et tangibles pour améliorer et soutenir le système de santé public et les personnes qui le tiennent à bout de bras au quotidien.