Les ambulanciers paramédicaux de la région de Waterloo se voient refuser leurs réclamations à la Commission de la sécurité professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail (CSPAAT) après avoir contracté la COVID-19. Selon le SCFP, ces refus s’expliquent par celui du gouvernement Ford de tenir les employeurs responsables des éclosions en milieu de travail.
« Attraper la COVID-19 en travaillant, c’est déjà assez effrayant », raconte un ambulancier paramédical de la région de Waterloo qui souhaite rester anonyme, « mais que mon employeur ne me soutienne pas pendant la quarantaine, c’est comme une gifle. » La CSPAAT a rejeté des demandes de prestations même lorsque les ambulanciers paramédicaux ont interagi avec des patients positifs à la COVID-19 dans le cadre de leur travail.
Les Services paramédicaux de la région de Waterloo font appel des décisions favorables de la CSPAAT au motif que, les travailleurs portant un équipement de protection individuelle (EPI), ceux-ci doivent forcément avoir contracté la COVID-19 par le biais d’une propagation communautaire. Le syndicat conteste ce point de vue. « Il est insultant d’obliger les travailleurs de première ligne à prouver leur exposition professionnelle lorsqu’ils ont interagi avec un patient positif à la COVID-19 », s’insurge Jason Fraser, ambulancier de première ligne et président du Comité des travailleurs ambulanciers du SCFP-Ontario (CACO). « L’EPI aide à réduire la propagation au travail, mais ce n’est pas parfait. Nos membres doivent souvent enfiler leur EPI sous pression, dans le froid; ce n’est pas idéal. Les employeurs ne devraient pas s’opposer à nous sur cette question. »
Jason Fraser croit que le gouvernement Ford laisse tomber les travailleurs de première ligne en donnant la priorité aux restrictions et aux sanctions contre les citoyens au lieu de tenir les employeurs responsables lorsque des travailleurs contractent la COVID-19. « Les travailleurs qui ont accès à la CSPAAT devraient pouvoir réclamer des prestations lorsqu’ils contractent la COVID-19 au travail, estime-t-il. Et ceux qui n’y ont pas accès ont besoin d’un congé de maladie payé par l’employeur. Doug Ford a le pouvoir de diminuer la propagation de la COVID-19 parmi les travailleurs de première ligne, mais il ne fait rien. En fait, il choisit de blâmer les citoyens tout en laissant les employeurs s’en tirer. »
En juin, le député provincial de Niagara Falls, Wayne Gates, a proposé le projet de loi 191, Loi modifiant la loi sur la sécurité professionnelle et l’assurance contre les accidents du travail, qui ferait en sorte que tout travailleur des services essentiels qui contracte la COVID-19 soit présumé l’avoir contracté au travail. Ainsi, les travailleurs atteints de cette maladie pourraient toucher des prestations de la CSPAAT. Ce projet de loi a franchi l’étape de la première lecture, mais comme l’Assemblée législative provinciale ne siège pas en ce moment, rien n’indique qu’il sera adopté. Fred Hahn, président du SCFP-Ontario, qui représente 280 000 travailleurs de première ligne dans la province, voit ce projet de loi comme un premier pas pour tenir les employeurs responsables des éclosions de COVID-19 en milieu de travail.
« Partout en Ontario, nous avons vu des éclosions de COVID-19 toucher nos héroïques travailleurs de première ligne, dit-il. Cela doit cesser tout de suite, et la solution est assez simple. Ford doit rappeler immédiatement les députés à Queen’s Park, adopter le projet de loi 191 pour que la CSPAAT accepte les demandes de prestations, puis instaurer le congé de maladie payé pour tous les travailleurs. »
Le SCFP est le plus grand syndicat ambulancier en Ontario, où il représente 5 500 ambulanciers paramédicaux et agents de répartition d’ambulances.