Winnipeg, comme plusieurs autres municipalités, a tenté de sous-traiter des contrats au privé dans l’espoir « d’économiser ». Les résultats ont été catastrophiques. La section locale 500 mène donc une contre-offensive en faveur de services municipaux publics et de meilleure qualité.
Au fil des dernières décennies, le recours aux entrepreneurs privés pour déneiger les rues et les trottoirs de Winnipeg s’est accru. Auparavant, les déneigeuses conduites par des employés municipaux faisaient l’essentiel du boulot, mais aujourd’hui 80 pour cent du travail est réalisé par le secteur privé.
Or, plus les entreprises privées ont été impliquées, plus l’insatisfaction des citoyens a augmenté. Les hivers de 2013 et 2014 ont été particulièrement rudes à Winnipeg, une situation aggravée par la piètre qualité du déneigement privé. Pendant plusieurs semaines, les médias locaux ont fait état des ornières et de la glace dans les rues, des voitures bloquées dans les ruelles et des amoncellements de neige empêchant les personnes âgées de sortir de la maison. Certains élus municipaux, dont le nouveau maire conservateur Brian Bowman, ont commencé à s’interroger publiquement sur la pertinence de ramener une plus grande portion du déneigement à l’interne.
La section locale 500, qui représente les employés municipaux de Winnipeg, a une image publique forte, une image bâtie grâce à des années de participation au débat public entourant les services municipaux. Après avoir reçu plusieurs plaintes de citoyens au sujet du travail effectué par les entrepreneurs privés, la section locale a décidé de lancer une ligne téléphonique, de bâtir un site Internet et d’acheter des publicités pour inciter les gens à faire part de leurs impressions.
Les résultats sont renversants. En deux mois, plus de 400 Winnipégois se sont exprimés et plus de 70 pour cent d’entre eux se disent insatisfaits du déneigement et réclament la remunicipalisation du service.
La section locale 500 a dévoilé le rapport Public Plowing Works (Le déneigement public, ça marche), puis demandé à l’ancien directeur général du parc de véhicules de Winnipeg de préparer un plan complet de remunicipalisation du déneigement et des travaux routiers. Bien que la ville résiste fortement au changement, le syndicat a forcé la direction municipale à s’interroger sur son système défaillant. La section locale a aussi placé les élus municipaux sur la sellette. Et grâce à Mère Nature, ce dossier redeviendra d’actualité chaque fois qu’il neigera.