Andrew Loewen | Service des communications du SCFP
L’année 2017 a été marquante pour les employés des bibliothèques de la Saskatchewan.
Le budget provincial de mars 2017 a imposé des compressions dans tout le secteur public, réduisant l’enveloppe des bibliothèques de 4,8 millions de dollars. L’État menaçait d’éliminer le service rural et de réduire considérablement le service urbain.
Les employés de bibliothèque du SCFP ont travaillé avec les groupes communautaires et les usagers pour monter une des plus vastes mobilisations populaires de l’histoire de la province.
Plus de 7 000 personnes dans 70 localités ont pris part aux actions « arrêtez ce que vous faites et lisez » devant les bureaux de circonscription des députés provinciaux, entre autres. Ce soutien sans précédent aux bibliothèques a contraint le gouvernement de Brad Wall, qui s’est même dit surpris de l’ampleur de la grogne populaire, à faire volte-face. Il a rétabli le financement.
« J’ai adoré les manifestations. Elles illustraient parfaitement l’importance de la bibliothèque dans la communauté », a lancé la présidente de la section locale 2669, Pam Ryder. La section locale 2669 représente 290 employés de la Bibliothèque publique de Saskatoon.
Hélas, ce n’est pas la fin de l’histoire. En mai, 23 membres de la section locale 2669 ont été licenciés. La moitié seulement a retrouvé un poste par supplantation, souvent à salaire inférieur et à temps partiel. Yvonne Siermacheski, 27 ans d’ancienneté, présidente du comité des relations publiques de sa section locale, a perdu son poste à temps plein de spécialiste du film pour se voir offrir un poste à temps partiel qui coupait son revenu mensuel de plus de la moitié.
Selon Mme Siermacheski, la réorganisation en « modèle de service mené par la communauté » est une tromperie. On élimine les services vitaux et les programmes communautaires sans consulter personne. Ainsi, les bibliothécaires licenciés ont dû postuler à leur ancien poste, certains devant subir cinq ou six entrevues malgré leur ancienneté. D’autres ont été contraints de démissionner.
À Saskatoon, des services complets sont à risque pour 2018, dont les Services à l’enfance, l’Histoire locale, les Services aux adultes, l’Information, et les Beaux-Arts. Ces programmes ont une importance particulière pour les Néo-Canadiens, les personnes à faible revenu, les personnes vivant avec un handicap, les auteurs, les généalogistes, les chercheurs, ainsi que les enfants et leurs parents.
« Plusieurs des programmes que nous offrions se sont volatilisés, des programmes qui attiraient des clientèles, comme les jeunes mères et leurs bébés qui devenaient des usagers pour la vie », a déploré Mme Ryder.
« Les bibliothèques de Regina et de Saskatoon ont de très grosses administrations. À Regina, où je travaille, nous avons un cadre pour huit employés. Et la précarité d’emploi gagne du terrain : nous avons autant de gens à temps partiel qu’à plein temps, plus une vingtaine de postes contractuels », a ajouté la vice-présidente de la section locale 1594, Alejandra Cabera.
Les travailleurs saskatchewanais poursuivent leur campagne (manifestations, vidéos, lobbyisme) avec l’aide du SCFP national. Ils réclament un réseau de bibliothèques robuste qui reconnaît la valeur de ses employés et des communautés qu’ils servent.