Pour n’importe quel autre employeur, ce geste aurait été sans précédent : dès le premier jour de la conciliation – avant même que les négociations ne commencent – une demande a été formulée de ne pas instituer de commission de conciliation. Mais un tel comportement est typique de Julia Dumanian et de la Société canadienne de l’ouïe.

« Depuis son entrée en fonction comme PDG en 2015, les travailleuses et travailleurs ont le profond sentiment qu’elle s’emploie à affaiblir leur capacité à défendre leurs intérêts, tout en réduisant les services offerts. Julia Dumanian franchit un nouveau cap dans sa gestion chaotique, mais elle s’inscrit dans une tendance déjà bien établie », a déclaré André Crépeau, spécialiste des appareils de communication récemment retraité, fort de 28 ans d’expérience à la Société canadienne de l’ouïe. « Du point de vue des travailleuses et travailleurs, Julia 

Dumanian semble n’avoir aucun intérêt pour la négociation; ce qui compte pour elle, c’est avant tout l’image publique et les profits. »

Le salaire de Julia Dumanian a augmenté de 178 % en neuf ans. Au cours de cette même période, les salaires des travailleuses et travailleurs n’ont augmenté que de 12 %. Pendant que Julia Dumanian touche un salaire annuel de 340 250 $, les travailleuses et travailleurs ont vu leur pouvoir d’achat s’effondrer alors que leurs chèques de paie accusent un recul de 16 % par rapport à l’inflation.

Les quelque 200 membres du SCFP 2073 effectuent un travail essentiel, souvent invisible. « En tant que conseillères et conseillers, audiologistes, orthophonistes, interprètes et autres professionnel(le)s, ces membres soutiennent les personnes qui présentent une surdité ou les personnes malentendantes de l’Ontario en les aidant à décrocher un emploi et à s’y épanouir. Les membres effectuent des visites à domicile pour fournir et ajuster des appareils fonctionnels, offrent des services d’interprétation en langue des signes, et bien plus encore. »

« Avant, la Société était un employeur de choix. Les gens aspiraient à faire carrière ici, a déclaré André Crépeau. Mais ce n’est plus le sentiment que j’ai aujourd’hui. On a l’impression qu’il n’y a plus d’avenir ici, que le travail du personnel n’est plus valorisé. Ce sentiment est partagé par les travailleuses et travailleurs qui ressentent une pression constante de traiter les client(e)s comme des numéros. »

En réponse à la demande de ne pas instituer de commission de conciliation, les membres du SCFP 2073 ont organisé un vote de grève, auquel plus de 85 % des membres ont participé, et 146 ont voté en faveur de la grève.

« Julia Dumanian a touché plus d’un demi-million de dollars d’indemnités de départ après son licenciement de l’Hôpital Memorial de Cambridge. Et ce, après avoir accumulé plus de 160 000 dollars en frais de repas et de déplacement en seulement deux ans. Aujourd’hui, elle perçoit 340 000 $ par an d’une autre agence financée par le gouvernement, ce qui soulève des questions sur ses priorités et ses valeurs en tant que leader, a déclaré Fred Hahn, président du SCFP-Ontario. Mais la responsabilité ne s’arrête pas à elle. La Société canadienne de l’ouïe vise une distinction prestigieuse d’Agrément Canada. Elle dépend d’une bonne évaluation de la part de Charity Intelligence, ainsi que du financement du ministère de la Santé et du ministère des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires. Tous ces groupes doivent porter une attention sérieuse à un employeur qui néglige le bien-être de ses travailleuses et travailleurs. Et si Julia Dumanian ose mettre ces travailleuses et travailleurs en lock-out, les 290 000 membres du SCFP-Ontario seront solidaires une fois de plus. »

Le 8 avril, une demande a été formulée de ne pas instituer de commission de conciliation, ce qui signifie que les deux parties seront en mesure de prendre des mesures de grève légale d’ici le 25 avril, date à laquelle elles retourneront en conciliation. Les membres du SCFP 2073 gardent l’espoir qu’une entente équitable puisse être conclue sans que leurs services essentiels ne soient interrompus.