Comme beaucoup d’autres voyageuses et voyageurs, j’ai suivi de près les négociations de l’Association des pilotes de ligne du Canada (Air Line Pilots Association) la semaine dernière et j’ai été ravie d’apprendre qu’elle avait réussi à conclure une entente de principe avec l’employeur, Air Canada. Cette entente est un excellent exemple de la façon dont le droit constitutionnel à la libre négociation collective est le moyen le plus juste et le plus équilibré d’obtenir des contrats qui fonctionnent pour les employeurs et les employé(e)s.
Au cours des derniers jours de leur « délai de réflexion », alors que la date limite pour permettre au Syndicat d’émettre son avis de grève approchait, j’ai vu la rhétorique de l’employeur s’intensifier, incitant le gouvernement à intervenir et à imposer l’arbitrage exécutoire aux parties. Selon l’employeur, le syndicat se montrait « déraisonnable » dans ses demandes et inflexible dans ses propositions (notamment en ce qui concerne les salaires).
Curieusement, lorsque le gouvernement a refusé de s’ingérer dans le processus de négociation et que le Syndicat a pu utiliser son droit de grève comme levier, un compromis acceptable a été miraculeusement trouvé!
Je suis convaincue qu’Air Canada a fait de nombreux calculs pour comparer l’incidence d’une grève à celle d’une augmentation des salaires sur ses bénéfices, et que l’entreprise a rapidement compris que des « bénéfices légèrement inférieurs » grâce au travail des pilotes valent toujours mieux que des revenus nuls en cas d’arrêt de travail.
Les travailleuses et travailleurs connaissent la valeur de leurs contributions. Lorsque leur valeur n’est pas reconnue, le droit de cesser le travail demeure l’outil le plus puissant pour les travailleuses et travailleurs.
À l’Île-du-Prince-Édouard, la grande majorité des travailleuses et travailleurs du SCFP n’ont pas le droit de grève. Ces travailleuses et travailleurs dépendent entièrement de la volonté politique du gouvernement de négocier des conventions collectives équitables, ce qui semble se produire de moins en moins souvent ici. Des réductions salariales sous le gouvernement libéral dans les années 1990 aux offres modestes des conservateurs actuels de King, les travailleuses et travailleurs de première ligne dans bon nombre de nos services essentiels s’appauvrissent de plus en plus à l’Île-du-Prince-Édouard.
Mais pourquoi le gouvernement offrirait-il plus que le strict minimum aux travailleuses et travailleurs, en sachant qu’au bout du compte, un arbitre imposera un règlement? Cette disposition encourage les employeurs à proposer des offres plus basses aux travailleuses et travailleurs, de sorte que le « compromis à mi-chemin » est lui aussi plus bas.
Le droit de grève n’implique pas nécessairement que les travailleuses et travailleurs exerceront ce droit, comme le démontre l’entente conclue cette semaine par Air Canada – il assure simplement une égalité des chances pour que les points de vue et les intérêts des travailleuses et travailleurs soient considérés à leur juste valeur lors des négociations. Sans ce levier, les employeurs sont moins enclins à négocier équitablement ou à offrir des hausses salariales raisonnables et de meilleures conditions de travail.
Le SCFP-Î.-P.-É. félicite l’Association des pilotes de ligne du Canada d’avoir exigé et obtenu plus et mieux de la part d’un employeur qui affiche des profits croissants et d’avoir réclamé sa juste part des retombées de son travail!
En solidarité,
Ashley Clark
Présidente, SCFP- Î. -P.-É.