L’inflation augmente, mais les augmentations salariales des travailleurs demeurent inférieures à la hausse du coût de la vie. Normalement, avec un taux de chômage qui se rapproche de son plancher historique, les augmentations salariales devraient pourtant être plus généreuses.
D’ordinaire, la baisse du taux de chômage entraîne une augmentation des salaires, car les employeurs se font concurrence pour embaucher les travailleurs qualifiés. Actuellement, ce phénomène tarde à se manifester. Le taux de chômage au Canada a récemment atteint 5,8 %, ce qui devrait être la moyenne cette année et l’année prochaine. Le Canada n’a pas connu un taux de chômage aussi bas depuis 1974.
La dernière fois que le taux de chômage s’est rapproché de ce creux historique, c’était au début de 2008. Il avait alors atteint 5,9 %. Même si l’inflation était alors comparable à maintenant, soit un peu plus de 2 %, les augmentations salariales dépassaient 3,5 % en moyenne. Autrement dit, les travailleurs obtenaient des augmentations décentes.
Les choses sont différentes aujourd’hui. Au cours des trois premiers mois de l’année, les prix à la consommation ont augmenté en moyenne de 2,1 %, mais les règlements salariaux conclus récemment prévoient une hausse moyenne de 0,8 % seulement. Les travailleurs subissent donc une perte de salaire réel et, par conséquent, une baisse de leur niveau de vie.
L’inflation a grimpé ces derniers mois principalement en raison de la hausse du prix de l’essence. En mars et en avril 2018, le prix de l’essence a augmenté de 17 % par rapport à l’an dernier, soit d’environ 20 cents le litre. C’est ce qui a poussé l’inflation à 2,3 % en mars. Si l’on exclut l’essence, l’inflation n’aurait été que de 1,8 %, ce qui signifie qu’il n’y a pas beaucoup de pressions inflationnistes sous-jacentes. C’est peut-être rassurant pour les gens de la Banque du Canada qui ont pour mandat de contrôler l’inflation sous-jacente, mais pas vraiment pour les familles qui payent leur essence plus chère.
Le prix de l’essence est instable, mais il va demeurer élevé et il va augmenter dans les années à venir. En vertu du plan fédéral de lutte aux changements climatiques, si une province ne respecte pas la cible minimale de 2 % fixée par le fédéral pour la tarification du carbone, Ottawa imposera sa propre taxe, ce qui ferait augmenter le prix de l’essence de 2,2 cents le litre chaque année au cours des cinq prochaines années.
L’inflation a augmenté le plus en Saskatchewan, où elle était en moyenne de 2,7 % pour le premier trimestre de 2018. Le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador ont enregistré la plus faible inflation, avec respectivement 1,4 % et 1,5 %. Pour la même période, c’est au Québec que les salaires ont augmenté le plus (2,4 %) et c’est à Terre-Neuve-et-Labrador qu’ils ont augmenté le moins (0 %).
HAUSSES DES SALAIRES ET DES PRIX PAR JURIDITION
Moyenne Canadienne | Secteur fédéral | T ,-N ,-L , | Î ,-P ,-É , | N ,-É , | N ,-B , | Qué , | Ont , | Man , | Sask , | Alb , | C ,-B , | |
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Augmentation moyenne du salaire de base(principales conventions signées au premier trimestre de 2018) |
0 ,8 % |
1 ,6 % |
0 ,0 % |
1 ,5 % |
1 ,3 % |
– |
2 ,4 % |
2 ,1 % |
1 ,5 % |
1 ,1 % |
0 ,1 % |
1 ,9 % |
Inflation moyenne (premier trimestre de 2018) | 2 ,1 % | 2 ,1 % | 1 ,5 % | 2 ,3 % | 2 ,1 % | 2 ,4 % | 1 ,4 % | 2 ,1 % | 2 ,2 % | 2 ,7 % | 2 ,0 % | 2 ,4 % |
Inflation moyenne (prévisions pour 2018)* | 2 ,3 % | 2 ,3 % | 1 ,8 % | 1 ,9 % | 1 ,7 % | 2 ,1 % | 1 ,9 % | 2 ,3 % | 2 ,1 % | 2 ,2 % | 1 ,9 % | 2 ,2 % |
Inflation moyenne (prévisions pour 2019)* | 2 ,1 % | 2 ,1 % | 1 ,9 % | 1 ,9 % | 1 ,9 % | 2 ,0 % | 1 ,9 % | 2 ,1 % | 2 ,1 % | 2 ,1 % | 2 ,0 % | 2 ,1 % |