La semaine dernière, la plus haute cour de la Saskatchewan a décidé que Legal Aid Saskatchewan, la commission d’aide juridique de la province, avait enfreint la loi en retirant Val Harvey de son panel d’avocats du secteur privé, une décision bien accueillie par le syndicat qui représente les travailleurs de l’aide juridique.

Selon la section locale 1949 du SCFP, la décision de destituer Mme Harvey a été prise par le PDG Craig Goebel en représailles à une lettre qu’elle a écrite au procureur général de la Saskatchewan. Elle y sonnait l’alarme concernant les changements structurels que M. Goebel menait au sein de l’organisme, changements qui, selon elle, allaient nuire aux clients et aux employés de l’aide juridique.

« Fervente défenseure de ses clients, Mme Harvey a été sommairement retirée du panel peu après avoir écrit cette lettre qui critiquait une tentative de privatisation du bureau de Saskatoon », résume Julia Quigley, vice-présidente du SCFP 1949. « Il est évident que Craig Goebel a retiré Mme Harvey du panel pour la museler. Cette décision constitue une victoire pour les avocats et les clients de l’aide juridique. Elle envoie le message que la commission et son PDG ne peuvent pas museler la dissidence. Elle renforce le droit constitutionnel de notre personnel à la liberté d’expression. Elle renforce aussi les préoccupations de nos membres concernant l’orientation que prend l’aide juridique sous l’actuel PDG, Craig Goebel. »

En réponse à la lettre de Mme Harvey, M. Goebel a menacé d’intenter une poursuite en diffamation sans fondement. Le SCFP 1949 a été choquée par ce qui semblait être une mesure de représailles contre Mme Harvey, qui sonnait l’alarme au sujet de la privatisation et des coupes dans l’aide juridique.

« Franchement, nous avons été étonnés que la commission avance l’argument selon lequel elle avait le droit de retirer tout avocat du panel sans motif valable ni respect de la procédure, ajoute Julia Quigley. C’est une décision choquante venant d’une institution publique qui prétend défendre l’accès à la justice. La commission s’est battue bec et ongles pour renvoyer une avocate qui avait pris la parole. Elle a dépensé des milliers de dollars du Trésor public pour faire tomber une femme qui a osé critiquer le PDG Goebel. Combien de clients aurions-nous pu aider avec cet argent? Combien d’avocats et d’employés de soutien aurait-on pu embaucher? Nos tribunaux croulent sous la tâche et nos clients sont les personnes les plus touchées par les mauvaises décisions de l’aide juridique. Nous manquons énormément de ressources depuis des décennies, et nos clients à prédominance autochtone sont punis par l’organisme qui est censé les aider. Pendant ce temps, la direction paie de sa poche des avocats coûteux pour porter ses litiges ridicules auprès du plus haut tribunal du pays. C’est un triste reflet des priorités biaisées de cette direction. »

Cette décision intervient dans un contexte de mécontentement croissant à l’égard du PDG Craig Goebel. En 2018, 96 pour cent des membres ont voté en faveur d’une motion de censure contre lui. Celle-ci a été adoptée après qu’il a lancé des « changements structurels » visant à privatiser le bureau de Saskatoon. D’anciens membres et des membres actuels de la magistrature ont soutenu les travailleurs en dénonçant les changements en séance publique et dans les médias.

Ensuite, M. Goebel a envoyé un courriel à tous les avocats de l’aide juridique au plus fort de l’épidémie de COVID-19, les prévenant que le virus n’est pas « une carte de sortie de prison gratuite » pour les clients de l’aide juridique qui ont peur de rester en détention là où leurs chances de contracter le virus sont accrues. Dans le même courriel, il a demandé à ses avocats de « calmer » les préoccupations de leurs clients. « C’était un message méprisable à envoyer à nos avocats et à leurs clients, que leurs craintes de contracter la COVID-19 en détention préventive étaient en quelque sorte illégitimes et que notre rôle en tant qu’avocats est de saper les intérêts de nos clients, déplore Julia Quigley. Les commentaires de Craig Goebel suggèrent qu’il est en conflit d’intérêts avec les clients de l’organisme qu’il dirige. »

« Devant le comportement de son PDG, en particulier maintenant que la Cour d’appel a rendu cette décision, je pense que la commission d’aide juridique doit se demander si M. Goebel est la bonne personne pour occuper ce poste. »

La seciton locale 1949 du SCFP représente tous les employés non cadres de Legal Aid Saskatchewan.