Troy Winters and Wes Payne | Santé & sécurité et communications du SCFP

Ban asbestosAu début de l’été 2014, le gouvernement Harper a profité du projet de loi omnibus C-31 sur le budget pour modifier la Loi sur les produits dangereux. Au lieu d’interdire l’amiante, cette loi énonce maintenant les règles encadrant sa vente et son impor­tation au Canada. Il faut savoir qu’on importe encore régulièrement au Canada des produits contenant de l’amiante, comme les patins et les garnitures de frein pour automobiles. En fait, nos importations d’amiante sont en hausse.

Entre-temps, Santé Canada a éliminé des références qui minimisaient le risque d’exposition à l’amiante, ce qui rend sa nouvelle position sur l’amiante plus musclée et plus en phase avec les normes de l’Organisation mondiale de la santé. Par exemple, le nouveau texte ne suggère plus que l’amiante chrysotile (un type d’amiante plus sécuritaire, selon le gouvernement) est « moins puissant » ou qu’il faut en inhaler « une quantité significative » pour qu’il soit dangereux. Ces modifications placent le gouvernement Harper, qui continue à défendre publiquement l’amiante chrysotile, en mauvaise posture.

La nouvelle position de Santé Canada est la bienvenue, évidemment, mais elle n’arrivera pas à protéger les travailleurs à elle seule. Le vrai problème se trouve dans les réglementations fédérales et provinciales, souvent trop laxistes ou simplement non appliquées, ce qui fait courir des risques aux travailleurs. Sans un resserrement et une application plus stricte des réglementations, l’amiante continuera de poser problème.

D’ailleurs, l’amiante continue de rendre des membres du SCFP malades. Les syndiqués qui travaillent dans la maintenance (générale, électricité, plomberie, air climatisé, etc.) courent le risque le plus élevé. Et même après leur retrait, les matériaux en amiante prennent le chemin du dépotoir, où ils ne font pas l’objet de mesures spéciales. Résultat : d’autres travailleurs y sont exposés chaque fois qu’un sac s’éventre ou refait surface après avoir été enfoui.

Le SCFP réclame toujours l’interdiction pure et simple de l’importation, de l’exportation et de l’utilisation de l’amiante au Canada. Il réclame aussi des programmes de transition équitable pour qu’à mesure qu’on abandonne l’amiante, on puisse offrir des emplois ou de la formation aux personnes qui vivent dans les régions touchées par la fermeture des mines d’amiante. Qui plus est, le SCFP exhorte le gouvernement fédéral à militer pour que les Nations Unies ajoutent l’amiante chrysotile à la liste des produits chimiques dangereux couverts par la Convention de Rotterdam. Cette dernière mesure viendrait en aide aux travail­leurs d’ici et d’ailleurs car elle complique­rait l’importation et l’exportation de ce produit mortel.

« L’amiante fait des dommages terribles et durables », explique le secrétaire-trésorier national du SCFP, Charles Fleury. « C’est la principale cause de décès en milieu de travail au Canada. Et nous savons qu’il y en a dans de nombreux hôpitaux, écoles et édifices publics où œuvrent des membres du SCFP. L’importation de ces produits fera du tort aux travailleurs pendant plusieurs décennies. »