Photo de Haidee OBrienRichmond (Colombie-Britannique)
SCFP 718-05

« Avec les bons outils et les bonnes ressources, tout le monde a les moyens d’agir et de s’épanouir. »

Je suis bibliothécaire à la bibliothèque publique de Richmond depuis 1995, et au fil des ans, j’ai travaillé dans plusieurs succursales et services. Depuis juin, je suis bibliothécaire à la succursale Steveston, où j’ai commencé ma carrière. J’adore les bibliothèques et librairies, puisque les mots, les idées et l’information en général sont mes champs d’expertise et m’ont amenée à y faire carrière.

Avant de devenir bibliothécaire, j’ai suivi une formation en journalisme et j’ai travaillé dans ce domaine. Je couvrais des enjeux variés, mais les tâches que j’effectuais chaque jour étaient répétitives et banales. Ce que j’aime le plus dans mon poste actuel, c’est la variété qu’il offre. Chaque jour apporte de nouveaux défis au comptoir de la bibliothèque, où j’aide volontiers à répondre aux questions et aux divers besoins du public. Je me laisse toujours surprendre par ce qu’on va me demander! J’apprécie cette énergie et cette stimulation intellectuelle, même lors des journées les plus chaotiques.

Beaucoup de choses ont changé au fil de mes 28 années à la bibliothèque. J’ai commencé ma carrière alors qu’Internet faisait son apparition et que le public s’y intéressait de plus en plus. Nous organisions des séances de formation pour montrer comment naviguer sur Internet. Nous proposons encore des séances semblables aujourd’hui, mais plus ciblées, parmi une variété d’autres services numériques spécialisés.

Les différents rôles de la bibliothèque ont aussi évolué. Le personnel continue de fournir des services de première ligne, mais il y a aussi des spécialistes qui s’occupent de la publicité, des communications et des tâches promotionnelles qui vont bien au-delà de notre partenariat de base avec un journal local. Je me souviens qu’à la fin des années 1990, j’avais même appris le langage HTML pour gérer le site web du journal.

Je chéris le fait que les bibliothèques sont l’un des rares espaces véritablement inclusifs qui accueillent des gens de tous les horizons. Le personnel des bibliothèques défend des valeurs d’ouverture, d’équité et d’égalité, parce que nous croyons fermement qu’avec les bons outils et les bonnes ressources, tout le monde a les moyens d’agir et de s’épanouir. Une bibliothèque, c’est un espace où tout le monde est égal. Dans un monde marqué par les disparités économiques, la hausse du coût de la vie et les restrictions imposées aux médias par les géants du web, le libre accès aux ressources des bibliothèques est plus important que jamais.

Nous nous adaptons constamment pour répondre à l’évolution des besoins de la communauté. Nous aidons les gens à utiliser les technologies numériques, nous offrons des services aux personnes qui ne peuvent pas venir à la bibliothèque et nous assurons l’accessibilité aux personnes en situation de handicap. Par ailleurs, nous mettons régulièrement des personnes en situation d’itinérance en contact avec un centre d’accueil communautaire.

Bref, je fais bien plus que cataloguer des livres. Nous adorons dénicher un livre qu’un parent veut lire à son enfant et organiser des activités pour les nouveaux parents et leurs bébés, pour les encourager à sortir de chez eux, à rencontrer d’autres parents et à promouvoir l’alphabétisation grâce à des jeux, des comptines et des chansons. Plusieurs personnes ont besoin de notre aide pour s’y retrouver à la bibliothèque, et nous jouons un rôle essentiel pour rendre toutes nos ressources accessibles à notre communauté.

Je monte également des stations de marionnettes et je présente des spectacles de marionnettes aux enfants d’âge préscolaire. De plus, depuis la pandémie de COVID-19, j’ai commencé à organiser des séances de questions-réponses virtuelles avec des auteurs de renom, comme Michael Ondaatje pour son livre La peau d’un lion, et Susan Juby pour son livre Mindful of Murder. Sans le personnel des bibliothèques, ces activités disparaîtraient. Et dans mon rôle de responsable de la bibliothèque, j’ai un téléphone d’urgence pour intervenir dans les situations difficiles lorsque nécessaire.

Je suis très à l’aise avec le public, mais c’est de plus en plus stressant à cause de la hausse des demandes et des attentes, combinées à des attentes plus élevées de la part de l’employeur, notamment en ce qui concerne la programmation. Tout ça alourdit notre charge de travail, qui est déjà aggravée par la rotation élevée du personnel et les postes qui ne sont pas pourvus parce que l’employeur tente de réduire ses dépenses. La violence et le harcèlement au travail sont aussi devenus des problèmes pressants – j’ai été confrontée à des agressions verbales et des cris, et j’ai même été menacée de violence. C’est très effrayant et angoissant, même pour moi qui suis responsable de la bibliothèque. Nous n’avons pas d’agents de sécurité et j’ai déjà dû appeler la police pour obtenir de l’aide. Alors même si nous avons plusieurs outils pour faire face aux incidents, ils ne sont pas infaillibles.

Malgré ces défis, d’innombrables petits moments révèlent que le personnel des bibliothèques peut changer des vies. On le voit dans le sourire et la gratitude d’un nouvel arrivant qui a pu imprimer des documents essentiels, dans la voix d’un retraité souffrant d’une déficience visuelle qui s’illumine en discutant des livres audio que nous proposons, et dans le regard d’une personne qui surmonte une maladie ou une dépression pour participer à un club de lecture avec enthousiasme. Une personne enseignante a vanté l’ambiance chaleureuse à notre bibliothèque en disant : « La bibliothèque fait partie intégrante de notre communauté, elle rassemble les gens et répond à plusieurs besoins. »