Près de 500 travailleuses et travailleurs de première ligne et employé(e)s de soutien en protection de l’enfance, membres du SCFP 2316, ont ratifié un nouveau contrat avec la Société d’aide à l’enfance de Toronto (SAET). Bien que cette entente permette d’éviter une grève qui devait commencer à la fin de la semaine dernière, elle ne fait pas grand-chose pour calmer un secteur qui, après des années de coupes budgétaires provinciales, se retrouve aux prises avec une main-d’œuvre épuisée et des conditions dangereuses pour les enfants. 

Les membres ont voté en faveur de l’entente, qui contient des dispositions relatives à la protection des emplois, mais l’assemblée de ratification s’est déroulée dans un climat tendu, la frustration visant directement la SAET. Celle-ci a refusé de diminuer la charge de travail afin de permettre aux intervenant(e)s de consacrer plus de temps à chaque dossier.

« Notre travail consiste à garder les enfants en sécurité dans leur famille », explique Aubrey Gonsalves, intervenant en protection de l’enfance et président du SCFP 2316. « Et ce travail prend du temps : pour instaurer la confiance, pour mettre les parents en contact avec l’aide communautaire et pour assurer le suivi. Le temps, c’est ce pour quoi nous nous sommes battus. Quand nous disons que nous avons trop de dossiers, nous parlons de la vie d’enfants parmi les plus vulnérables. Nous avons poussé aussi fort que possible, mais la SAET a refusé de nous aider à améliorer le sort des enfants et des familles. »

Cette situation n’est pas propre à la SAET. Les membres du SCFP chez Children’s Services of Lanark, Leeds and Grenville, à la Société d’aide à l’enfance de Highland Shores et à la Société d’aide à l’enfance de Huron-Perth se battent pour obtenir des investissements similaires de la part de leurs organismes. Par ailleurs, un nombre croissant d’organismes à travers la province sont contraints de placer des enfants à l’hôtel ou de les faire dormir dans des bureaux, ce qui pose des problèmes de sécurité inquiétants, autant pour les enfants pris en charge que pour le personnel.

« C’est un problème sectoriel », ajoute le président du SCFP-Ontario, Fred Hahn. « Les travailleuses et travailleurs ne reçoivent pas les ressources dont ils ont besoin pour assurer la sécurité des enfants. Et les familles ne reçoivent pas l’aide dont elles ont besoin pour rester ensemble. L’Association ontarienne des sociétés de l’aide à l’enfance sait ce qu’il faut pour fournir le niveau de soins approprié. Elle devrait plaider haut et fort aux côtés des travailleuses et travailleurs de première ligne pour exiger du gouvernement provincial qu’il fasse le nécessaire pour les familles. Mais les travailleuses et travailleurs doivent mener seuls le combat pour faire progresser la sécurité des enfants et répondre aux besoins des familles. »

Le problème de charge de travail n’est pas nouveau, mais il a atteint un nouveau sommet pendant la pandémie, lorsque les SAE sont devenues le dernier recours, en raison de la fermeture des autres organismes communautaires.

En 2011, le gouvernement libéral avait promis une série de tables rondes sur l’état de la protection de l’enfance. Il a commencé par la santé et la sécurité au travail, et s’est retrouvé immédiatement inondé de recommandations. « Il n’a jamais pris la peine de discuter de la charge de travail », déplore M. Hahn. « Depuis, tous les gouvernements ont fait l’autruche, même si la situation empirait. Les SAE de toute la province et le SCFP-Ontario demandent au gouvernement Ford d’investir dans la main-d’œuvre, de faire le nécessaire pour les enfants et de prendre la charge de travail au sérieux. »