Une grève paralyse les Services canadiens de l’ouïe (SCO) depuis maintenant trois semaines. Les personnes sourdes, sourdes-aveugles et malentendantes du Grand Toronto se voient pénalisées et refuser l’accès à des services essentiels.

Les 206 membres du SCFP 2073 qui travaillent aux SCO dans des rôles de première ligne, notamment à titre d’interprètes gestuels, de conseillères et conseillers en emploi et d’interprètes tactiles, sont en grève depuis le 28 avril. Les parties se sont réunies pour la dernière fois le 6 mai; les SCO avaient alors refusé de faire une offre ou de répondre à la dernière proposition des membres, et ont refusé l’aide d’un tiers impartial (médiateur). Il y a 15 lignes de piquetage dans la province et 49 grévistes à Toronto.

Les cliniques d’audiologie sont fermées, les services d’alphabétisation et d’aide aux nouvelles arrivantes et nouveaux arrivants ne sont pas maintenus, et les besoins de la clientèle ne sont pas satisfaits. Les personnes sourdes, sourdes-aveugles et malentendantes sont déjà souvent marginalisées, alors la situation de grève vient complexifier leur inclusion et leur participation à la vie sociale.

« La partie patronale dit manquer d’argent pour augmenter les salaires du personnel, mais elle n’a pas eu de mal à trouver les fonds pour augmenter le salaire de la haute direction. Cette situation reflète son habitude de faire tout ce qu’elle peut pour briser le syndicat et priver les travailleuses et travailleurs de leur pouvoir », affirme Mara Waern, consultante en matière d’emploi depuis 30 ans et présidente du SCFP 2073. « Tous les besoins d’interprétation dans la province ne peuvent être satisfaits uniquement par des interprètes pigistes. En ce moment, les rendez-vous chirurgicaux, cardiologiques, oncologiques, prénataux et médicaux sont inaccessibles aux personnes sourdes. Ces dernières ont souvent besoin de services d’interprétation pour des rendez-vous de toutes sortes : à la banque, chez le dentiste, avec un avocat, à l’occasion de funérailles, et plus encore. Plutôt que de s’asseoir à la table de négociation pour négocier un contrat équitable, les SCO nous mettent des bâtons dans les roues. »

Depuis que Julia Dumanian est à la tête des SCO, les relations de travail se sont vite détériorées. C’est la deuxième grève depuis le début de son mandat; la grève de 2017 avait duré 10 semaines. La présente grève a commencé après que les SCO ont demandé un rapport recommandant de ne pas instituer de commission de conciliation avant d’entamer des négociations sérieuses, ce qui a été suivi par l’annulation des vacances des travailleuses et travailleurs et le refus d’accorder des congés de maladie.

Alors que les salaires des travailleuses et travailleurs ont chuté de 16 % sous le poids de l’inflation pendant le mandat de Julia Dumanian, les SCO n’offrent aux membres du SCFP 2073 qu’un accord d’un an incluant une augmentation de 2 %, ce qui n’aidera en rien les travailleuses et travailleurs à retrouver leurs conditions et ne leur apportera aucune sécurité dans un climat économique tumultueux. Les travailleuses et travailleurs demandent un accord de deux ans pour garantir une plus grande stabilité, ainsi qu’une augmentation totale de 5 % pendant la durée du contrat.

« Nous faisons ce travail pour contribuer à l’accessibilité de Toronto et de la province », commente Eric Lopez, assistant de programme aux SCO. « Être contraint de faire la grève pour protéger nos droits fondamentaux et obtenir une modeste augmentation, c’est insultant et nuisible pour les personnes que nous accompagnons. Nous voulons que la partie patronale revienne à la table de négociation, nous voulons qu’elle nous démontre la décence et le respect que nous méritons, et nous voulons retourner au travail, au service des personnes sourdes, sourdes-aveugles et malentendantes de l’Ontario. »

Faits en bref

  • Il y avait environ 500 travailleuses et travailleurs aux SCO en 2010; aujourd’hui, on en compte à peine plus de 200.
  • Le salaire des travailleuses et travailleurs a reculé de 16 % sous le poids de l’inflation depuis que Julia Dumanian est PDG. Elle, pourtant, gagne 122 % plus que le salaire de la personne qu’elle a remplacé comme PDG.
  • La dernière offre des SCO, qui n’est plus sur la table, était un accord d’un an comprenant une augmentation salariale de 2 %.
  • Les membres du SCFP 2073 veulent la stabilité qu’offre un accord de deux ans assorti d’une augmentation salariale de 5 %.