Depuis son investiture le 20 janvier 2025, Donald Trump a proféré une série de menaces concernant l’imposition de droits de douane sur l’ensemble des biens et services importés du Canada et du Mexique, ainsi que sur d’autres produits comme l’acier et l’aluminium, avertissant que, si les deux pays y allaient de représailles, il augmenterait d’autant plus les taux.
L’administration Trump a beau affirmer que c’est le Canada qui paie les droits de douane, ils sont en réalité une taxe que les importateurs des États-Unis versent à leur gouvernement. Une taxe de 25 % sur les importations provenant du Canada augmente considérablement les coûts pour les importateurs des États-Unis, une hausse qui les encourage à chercher des options locales. Les droits de douane pourraient également inciter certaines entreprises à transférer leur production du Canada vers les États-Unis, ce qui risque d’entraîner d’importantes pertes d’emplois chez nous.
Échec des politiques
Il y a 30 ans, le SCFP s’opposait au rapprochement économique avec les États-Unis et nous mettait en garde contre les dangers de ce modèle : trois décennies plus tard, notre économie est vulnérable aux conséquences des menaces de Trump. Le Canada dépend des États-Unis à la fois comme marché d’exportation, mais aussi comme source d’investissements dans notre économie. La montée de la privatisation va de pair avec les visées de libre-échange, ce qui intensifie les risques économiques dans certains secteurs cruciaux, comme l’électricité, le transport et les télécommunications.
L’avis du SCFP
Le gouvernement fédéral devrait répondre à la menace économique des droits de douane en soutenant la rémunération ainsi qu’en augmentant le financement pour la formation et le recyclage, notamment par l’intermédiaire des établissements d’enseignement postsecondaire. Il devrait également travailler avec les municipalités pour offrir un programme de garantie d’emploi aux jeunes.
Le gouvernement fédéral devrait en outre faciliter le commerce intérieur en investissant dans des infrastructures publiques essentielles liées au transport et à l’énergie, et prendre des mesures pour soutenir le secteur canadien des télécommunications.
La réponse du Canada doit aussi reconnaître et défendre les droits des peuples autochtones conformément à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et au traité de Jay, qui leur permet de se déplacer librement entre les États-Unis et le Canada.
La position des partis
En réponse aux droits de douane, les conservateurs et les libéraux ont choisi la déréglementation et les baisses d’impôt. Le premier ministre Carney a déjà éliminé la supervision fédérale de grands projets de mines et d’infrastructures. Auparavant, un processus d’examen fédéral assurait l’application de normes universelles partout au Canada ; une approche de reconnaissance mutuelle risque quant à elle de faire baisser le niveau d’exigences.
Le Parti libéral a annoncé du financement ciblé pour appuyer d’importants projets d’infrastructures, par exemple une somme de 175 millions de dollars sur 5 ans pour le chemin de fer de la baie d’Hudson et pour le port de Churchill, au Manitoba. Malheureusement, la solution des libéraux consiste surtout à offrir des occasions d’emprunts à faible coût au secteur privé, ce qui accroît les risques associés à la privatisation.
De son côté, le NPD propose de financer des projets d’infrastructures prêts à démarrer pour garder les gens au travail, et de développer des infrastructures qui servent l’intérêt du public. Le parti a également proposé des politiques qui encouragent l’achat de produits canadiens, notamment l’imposition de droits de douane sur les véhicules Tesla et une remise de 10 000 $ à l’achat d’un véhicule électrique fabriqué au Canada.