Les travailleurs migrants qui viennent au Canada accomplissent des tâches importantes, comme récolter les aliments que nous consommons ou prendre soin de nos enfants et de nos aînés. Malheureusement, ils travaillent dans des conditions dangereuses et vivent dans des logements insalubres. Les droits au travail et l’accès aux services sociaux des travailleurs migrants sont aussi limités.
Heureusement, de plus en plus de migrants et leurs alliés s’organisent pour mettre fin à cette exploitation. En octobre 2015, la Coalition pour les droits des travailleurs et travailleuses migrants du Canada a été mise sur pied. Son objectif est de « rebâtir le système d’immigration pour assurer la dignité et la justice pour tous ».
Or, le programme fédéral des travailleurs étrangers temporaires (PTET) favorise l’exploitation des travailleurs migrants. Le système de permis de travail de ce programme lie les travailleurs à un employeur précis. Il est donc difficile pour les travailleurs de quitter leur emploi lorsqu’ils sont victimes d’abus économiques ou physiques. En raison de leur statut d’immigrant temporaire et de la menace de déportation qui pèse sur eux, les travailleurs migrants sont aussi vulnérables s’ils dénoncent certaines injustices en milieu de travail ou s’ils tentent de former un syndicat.
En créant un bassin de travailleurs vulnérables, le PTET donne aux employeurs beaucoup trop de pouvoir et les dissuade d’offrir de meilleurs salaires, conditions et avantages sociaux à tous les travailleurs. De plus en plus, les règles relatives aux travailleurs temporaires sont incorporées dans les accords commerciaux comme le Partenariat Transpacifique.
Mais l’effet le plus insidieux du PTET est la perception non fondée selon laquelle les travailleurs migrants « volent des emplois aux travailleurs canadiens ». Ce préjugé divise les travailleurs canadiens alors que nous devons unir nos efforts et lutter contre l’insécurité économique et l’expansion des emplois précaires. Le problème n’est pas la main-d’œuvre, qu’elle soit canadienne ou étrangère, mais le système économique lui-même qui doit devenir plus équitable. Pour ce faire, nous devons investir dans la formation et les stages, verser le salaire de subsistance, assurer la sécurité de revenu, offrir des programmes sociaux et des services publics et bonifier le programme d’immigration, notamment en accordant le statut de résident permanent à tous les travailleurs étrangers dès leur arrivée au pays.
Plus tôt cette année, des syndicats et des groupes communautaires et confessionnels ont organisé le forum Equal in Dignity, Equal in Rights (Égaux dans la dignité et égaux en droit) à Fredericton au Nouveau-Brunswick. Des travailleurs migrants ont raconté leurs expériences et les participants ont discuté des correctifs à apporter au PTET. « Ce forum nous donne de l’espoir. Nous sommes si heureux d’avoir participé. Nous avons appris que des gens nous appuient et qu’ils ne nous perçoivent pas comme des travailleurs migrants sans nom et sans visage qui volent des emplois aux Canadiens », a raconté un travailleur migrant.
Dans la foulée de ce forum, le gouvernement fédéral a annoncé la révision du PTET. Les travailleurs migrants et leurs alliés, dont le SCFP, se mobilisent dans le but d’éliminer le lien exclusif entre un travailleur migrant et un employeur. Ils réclament aussi une modification du programme d’immigration qui mènera à terme à l’obtention du statut de résident permanent pour tous les travailleurs migrants, et ce, dès leur arrivée au Canada. Le gouvernement fédéral doit être à l’écoute des travailleurs migrants.
Consultez notre fiche d’information sur le PTET et le programme des aides domestiques