Pierre Ducasse | Service des communications du SCFP
Une expérience dangereuse est présentement en cours à la bibliothèque publique de Toronto.
Les heures d’ouverture seront prolongées dans deux succursales, mais elles fonctionneront sans qu’aucun membre du personnel ne soit sur place pendant ces nouvelles plages horaires. Il s’agit d’une proposition risquée, puisqu’il n’y a jamais eu de « bibliothèque sans personnel » dans un grand centre urbain comme Toronto.
La Bibliothèque publique de Toronto n’est pas étrangère à l’innovation. Les bibliothèques sont souvent friandes de nouvelles technologies et la bibliothèque a été l’un des premiers lieux torontois à offrir un accès public à Internet. Malheureusement, dans sa course à l’automatisation, elle met en péril la sécurité de ses usagers et la sécurité d’emploi de ses employés. Les employés de bibliothèques ont donc décidé de contre-attaquer.
La section locale 4948 du SCFP prépare une campagne visant à informer le public des dangers potentiels de ce type de bibliothèque pour la santé et la sécurité. La section locale croit que les bibliothèques sans personnel vont nuire aux services, réduire la sécurité et menacer des emplois. La section locale est d’accord avec le prolongement des heures d’ouverture, mais pas en l’absence de personnel qualifié.
La section locale s’inquiète de la sécurité. « Les mesures de sécurité sont totalement inadéquates. Si une usagère se fait harceler par quelqu’un, comment peut-elle appeler à l’aide? Comment va-t-elle contacter l’unique agent de sécurité qui surveille son moniteur à des kilomètres de là? Nous travaillons parfois avec des personnes en crise qui sont tout sauf prévisibles. Il faut du personnel sur place pour la sécurité de tous », a déclaré le président du Syndicat des travailleurs des bibliothèques publiques de Toronto (section locale 4948), Brendan Haley.
Le président craint aussi pour la qualité du service. Les employés de bibliothèque contribuent au renforcement de la communauté torontoise grâce aux programmes publics et en connectant les usagers à des ressources vitales comme l’ordinateur et l’Internet.
« Ce sont avant tout les plus vulnérables de la société qui ont besoin des services, de l’assistance et des programmes fournis par nos membres. On ne peut pas dire qu’un immeuble vide représente une avancée dans les services publics. D’une part, les progrès technologiques nous ont permis de mieux trouver, organiser et stocker nos informations. De l’autre, ils constituent des obstacles pour les personnes qui ne sont pas au fait des technologies. Seules de vraies personnes peuvent aider ces usagers », a expliqué Brendan Haley.
Enfin, la protection des emplois suscite de vives préoccupations. Pour tenter de réduire les coûts, les bibliothèques comme les autres employeurs pourraient être tentés d’utiliser la technologie pour remplacer du personnel. Cela éliminerait l’aspect humain de l’équation.
La technologie peut être un outil utile. Mais elle ne doit pas remplacer les personnes qui offrent avec cœur nos services publics aux citoyens.