Les infirmiers et infirmières auxiliaires autorisées, les préposé(e)s aux services de soutien à la personne, les préposé(e)s au nettoyage, les porteurs et porteuses, et le personnel de bureau de l’Hôpital général de Guelph et de la Huron Perth Health Alliance interrogés récemment signalent que les tensions pandémiques les soumettent à une violence croissante au travail. Ils sont 67 pour cent à déclarer avoir subi des violences physiques et 49 % à avoir remarqué une recrudescence des incidents violents pendant la pandémie de COVID-19.
Ces membres du personnel de première ligne faisaient partie d’un échantillon local de 178 personnes interrogées par Oracle Research pour le SCFP du 17 au 24 mai. Oracle Research a interrogé 2 300 personnes en tout à travers la province.
Quelle que soit la région des personnes interrogées, on constate un problème d’envergure provinciale : la violence physique et sexuelle contre le personnel hospitalier, constitué majoritairement de femmes. Cette situation doit être prise beaucoup plus au sérieux par le gouvernement ontarien et les hôpitaux, selon Sharon Richer, secrétaire-trésorière du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO-SCFP).
En raison des conditions de travail au cours des deux dernières années et demie, 72 % déclarent se sentir déprimés et émotionnellement épuisés.
- En prenant toutes les catégories de travailleuses et de travailleurs hospitaliers, 55 pour cent sont victimes de harcèlement sexuel et 44 pour cent d’agression sexuelle.
- 20 pour cent signalent une augmentation de l’utilisation d’armes à feu et de couteaux contre le personnel.
- 27 pour cent s’identifient comme racisés ; 74 pour cent d’entre eux déclarent être victimes de harcèlement ou d’abus en raison de leur race ou de leur apparence. C’est légèrement plus élevé que la moyenne de 71 pour cent du sondage provincial du SCFP.
On dénombre plus de 1 600 employés à l’hôpital de Guelph et 1 100 autres à Huron Perth. En extrapolant les résultats du sondage, ce serait environ 1 809 membres du personnel hospitalier qui auraient été agressés physiquement au travail pendant la pandémie. De ce nombre, plus de 500 agressions auraient pour source des motifs raciaux.
« La plus sombre de toutes les projections est que plus de 1 180 membres du personnel hospitalier auraient été agressés sexuellement au travail, déplore Sharon Richer. La réalité, c’est que les hôpitaux sont des lieux de travail de plus en plus toxiques et dangereux, où chaque jour des femmes se font battre, agresser sexuellement et harceler racialement par centaines. Le premier ministre, le ministre de la Santé et les hôpitaux ne peuvent plus fermer les yeux sur un tel niveau de violence. Ils doivent mettre fin à tout ça. »
Cette recrudescence de la violence envers les femmes s’inscrit dans un contexte sans précédent de grave pénurie de personnel et de postes vacants dans les hôpitaux ontariens. Or, l’Ontario est déjà l’économie développée qui compte le moins de personnel et de lits pour sa population.
« Cela signifie que les gens doivent attendre avant d’être reçus dans un hôpital qui déborde, qu’ils sont renvoyés chez eux alors qu’ils sont encore malades, quand ils ne retournent pas chez eux sans avoir été soignés », explique Dave Verch, infirmier auxiliaire chevronné et premier vice-président du CSHO-SCFP. « L’accès aux soins et la qualité des soins rendent les proches de ces malades inquiets et en colère. Une dotation en personnel famélique est devenue la norme, et nos membres doivent fréquemment travailler seuls dans un contexte où ils sont très vulnérables à une agression. En raison de la lourde charge de travail, du manque de personnel et des risques de violence, beaucoup de gens préfèrent quitter leur emploi à l’hôpital, dont des IAA, des PSSP, des porteurs, des préposé(e)s au nettoyage et du personnel de bureau. »
Toute recommandation pour freiner la violence contre le personnel hospitalier commence par la tolérance zéro. Il faut aussi que le provincial finance une augmentation des salaires qui couvre au moins l’inflation pour dynamiser le recrutement de personnel, afin que plus personne n’ait à travailler seul. Enfin, il faut ajouter des lits si on veut mettre fin éventuellement à la médecine de couloir.