Est-ce que votre employeur réalise des économies en payant des primes réduites pour son assurance en cas d’accidents de travail ?
Si c’est le cas, tenez-en compte lorsque vous préparerez votre prochaine ronde de négociation.
En Ontario, la Commission de la sécurité professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail (CSPAAT) a diminué les primes d’à peu près tous les employeurs de la province de neuf pour cent pour 2017 et 2018. Autrement dit, les employeurs économisent sur leurs coûts de main-d’œuvre. On parle d’environ 300 dollars par année pour un employé gagnant le salaire minimum et d’un peu pour chaque travailleur qui gagne davantage.
Si la CSPAAT est en mesure d’accorder ces diminutions de primes aux employeurs, c’est qu’elle rejette un plus grand nombre de réclamations d’accidentés du travail.
Le gouvernement libéral ontarien vise en effet à avoir le plus bas taux d’absences acceptées résultant de blessures au pays et l’un des plus petits montants globaux d’indemnisations versées au Canada.
Les absences acceptées résultant de blessures sont les accidents que la CSPAAT reconnaît comme donnant droit à une indemnisation. En Ontario, ce nombre baisse depuis plusieurs années dans tous les secteurs d’activités, y compris dans les hôpitaux, les établissements de soins de longue durée et dans le secteur de la santé en général. Dans l’ensemble des secteurs, le taux d’absences acceptées a diminué de moitié depuis 2002.
Comme la CSPAAT refuse d’indemniser de plus en plus d’accidentés du travail, les travailleurs compensent en ayant recours à leurs congés de maladie et à leurs autres avantages sociaux.
En raison de cette tendance, le SCFP encourage ses sections locales à négocier avec leur employeur l’investissement des sommes économisées grâce à la CSPAAT dans des améliorations aux congés de maladie et aux assurances-santé collectives.
Nous encourageons aussi les travailleurs à maintenir la pression sur le gouvernement et les employeurs afin que des indemnités soient versées pour les absences résultant d’une blessure. Par exemple, il est aberrant de reconnaître l’état de stress post-traumatique (ÉSPT) comme une condition donnant droit à des indemnisations pour les intervenants d’urgence, puis de rejeter les réclamations présentées. De plus, le nombre de cas d’agression, de harcèlement et de violence avec blessures dans les hôpitaux, des cas pour lesquels la CSPAAT versait des indemnités auparavant, a augmenté de 25 pour cent au cours des dernières années. Malheureusement, les employeurs poussent les travailleurs blessés à reprendre le travail le plus tôt possible.
Les pressions en ce sens risquent d’ailleurs de se multiplier ailleurs pays. En effet, si le gouvernement ontarien et la CSPAAT réussissent à faire baisser le nombre de réclamations acceptées et à diminuer les primes, d’autres provinces pourraient être tentées de faire de même.