Un nouveau rapport de recherche démontre que les politiques du gouvernement de Doug Ford ont mené à des réductions salariales en dollars réels pour la main-d’œuvre majoritairement féminine du secteur public, ce qui a eu une incidence négative sur l’écart salarial entre les genres en Ontario.
Le rapport du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario du SCFP (CSHO-SCFP) révèle que, bien que la croissance moyenne des salaires (27 %) dans toutes les industries de 2017 à 2023 ait dépassé l’inflation de près de 7 %, les travailleuses et travailleurs des secteurs de la santé, de l’éducation et des services sociaux ont subi des baisses de salaire en dollars réels.
Ces trois secteurs à prédominance féminine emploient plus de 90 % de la main-d’œuvre du secteur public, et 32 % de toutes les femmes de la province. Alors que les femmes œuvrant dans d’autres secteurs économiques ont amélioré leurs revenus par rapport aux hommes, l’érosion des salaires dans le secteur public a fait augmenter l’écart de rémunération entre les genres à l’échelle de la province.
« C’est une attaque de Doug Ford contre les salaires des femmes. En gelant les salaires du personnel du secteur public, les conservateurs de l’Ontario empêchent les femmes de progresser », a déclaré Sharon Richer, secrétaire-trésorière du CSHO-SCFP.
Selon Sharon Richer, il semble que le travail féminisé des femmes dans les domaines de la santé, des services sociaux et de l’éducation soit jugé moins important par le gouvernement conservateur. Elle a déclaré qu’il était inadmissible que le gouvernement réduise le salaire « des femmes qui s’occupent des patientes et patients, des personnes âgées et d’autres populations vulnérables ».
En 2023, les femmes ontariennes ont gagné 87,2 cents pour chaque dollar gagné par les hommes, contre 88 cents en 2018, quand Doug Ford a été élu.
Le rapport du CSHO-SCFP montre que les répercussions genrées des politiques gouvernementales n’affectent pas seulement les salariées, mais aussi la qualité des services publics, ce qui entraîne des conséquences pour tout le monde.
Dans les hôpitaux, les restrictions salariales du gouvernement ont contribué à une pénurie de main-d’œuvre sans précédent, car les emplois dans le secteur sont devenus moins attrayants par rapport à ceux dans le reste de l’économie.
En 2017, juste avant l’élection du gouvernement Ford, les salaires dans le secteur hospitalier étaient inférieurs de 1,41 $ à la moyenne de l’ensemble des industries. Ils sont maintenant inférieurs de 4,41 $ à la moyenne de l’ensemble des industries – une perte de 3 $ l’heure, ou 5 850 $ par année.
Pam Parks, infirmière auxiliaire autorisée à Durham, a souligné que ses collègues et elle se sont senties démoralisées au cours des dernières années, car leur salaire a diminué même si leur charge de travail a considérablement augmenté.
Selon elle, les restrictions salariales imposées par le gouvernement ont poussé beaucoup de travailleuses et travailleurs à carrément quitter le secteur, contribuant ainsi à aggraver le manque de personnel critique. Les postes vacants dans les hôpitaux ont triplé depuis 2015 et sont désormais deux fois plus nombreux que ceux de la moyenne de l’ensemble des industries.
« C’est plus difficile pour nous de payer nos factures aujourd’hui qu’il y a six ou sept ans. C’est plus difficile d’offrir une qualité de vie décente à nos enfants et à nos familles », a déclaré Pam Parks. « On s’attend à ce qu’on travaille plus fort et qu’on se dévoue pour notre communauté, mais le gouvernement montre qu’il ne se soucie pas de notre bien-être et de notre qualité de vie. »
Le rapport, qui retrace les tendances salariales dans le secteur public depuis les années 1980, démontre que les travailleuses et travailleurs ont dû faire face à des restrictions salariales du gouvernement à divers moments, en alternance avec des périodes où les salaires se sont améliorés.
Cependant, depuis 2011, les travailleuses et travailleurs des secteurs de la santé, des services sociaux et de l’éducation ont connu une baisse de salaire anormalement prolongée. Cette baisse a touché le tiers de toutes les travailleuses en Ontario, comparativement à seulement 9 % des travailleurs.
Jillian Watt, présidente du SCFP 7800, qui représente les travailleuses et travailleurs de Hamilton Health Sciences, a souligné que les travailleuses et travailleurs de la santé sont de plus en plus précaires, ce qui menace la qualité des soins, comme en témoignent les longues listes d’attente pour les chirurgies, les fermetures fréquentes des salles d’urgence et l’augmentation des soins de santé de couloir.
« Beaucoup de membres du personnel hospitalier ont deux emplois pour faire face à l’augmentation du coût de la vie. Beaucoup ont recours aux banques alimentaires », a-t-elle déclaré. « Les travailleuses et travailleurs du secteur de la santé réduisent leurs dépenses d’épicerie, et réduisent les activités sportives et récréatives des enfants. Il y a eu une érosion constante de notre qualité de vie, et une dégradation de nos conditions de travail. D’où la question : vaut-il la peine de continuer d’exercer ce métier? »
Un récent sondage auprès du personnel hospitalier du SCFP a montré que deux membres sur cinq envisagent de quitter leur emploi, ce qui pourrait nuire davantage aux soins en Ontario.
Le CSHO-SCFP a proposé plusieurs solutions à la pénurie de personnel, comme améliorer la rémunération et offrir des mesures incitatives à la rétention et au recrutement, mettre en place des ratios personnel-personnes soignées, accroître l’emploi à temps plein et interdire les agences de placement de personnel infirmier. Le SCFP affirme que le gouvernement doit augmenter chaque année le budget des hôpitaux d’au moins 5 % au-delà du taux d’inflation pendant les quatre prochaines années pour atteindre ces objectifs.