Saguenay, Québec
SCFP 2466 

« Nos bibliothèques doivent savoir innover et s’adapter. »

Depuis 2005, je fais partie de l’équipe des bibliothèques de la Ville de Saguenay, plus spécifiquement dans l’arrondissement de Chicoutimi. Je suis commis de bibliothèque et cheffe d’équipe. J’ai fait mes études en littérature et j’ai toujours été « un rat de bibliothèque », depuis que je suis entrée dans une bibliothèque quand j’étais plus jeune, je n’en suis jamais ressortie.

Je m’implique aussi au sein de ma section locale, le SCFP 2466, comme secrétaire-archiviste. Je m’intéresse notamment aux enjeux de la gestion des horaires et de la réduction de la précarité du personnel.

J’ai la conviction que les bibliothèques sont là pour répondre aux besoins de la communauté. Mon objectif, et ma véritable passion au travail, c’est de voir les gens repartir avec leur besoin comblé, une réponse trouvée et un sourire sur le visage. C’est ce qui me donne la plus grande satisfaction.

Je crois aussi que les bibliothèques ne devraient pas rester figées dans le temps. Selon moi, elles doivent évoluer et diversifier leurs services pour rester pertinentes. C’est même une question de survie.

Les bibliothèques offrent toute une gamme de services qui sont de plus en plus variés. Parfois, ce sont des services inattendus comme, par exemple, des références pour les recherches généalogiques, ou des prêts de télescopes ou de raquettes de tennis. Nos bibliothèques s’occupent même de produire les cartes du transport en commun de la municipalité et de faire les inscriptions pour les camps d’été. Bref, nous sommes devenus multi-services.

Nos services autour de l’aide technologique ont aussi pris beaucoup d’ampleur, notamment avec le projet « Le portic » qui est né avant la pandémie, mais a explosé depuis. On aide les gens à naviguer dans le monde numérique, que ce soit en offrant des cours en ligne, en faisant du dépannage technologique ou en leur montrant simplement comment utiliser un ordinateur. Parfois, on les aide à remplir des formulaires gouvernementaux en ligne ou à s’initier aux livres numériques. Beaucoup de gens voient les changements technologiques comme une menace. Mais en même temps, c’est la réalité, et on doit s’adapter et l’intégrer à nos services. On doit pousser la littératie numérique, aider les gens à se sentir à l’aise dans ce nouveau monde. À l’avenir, nous aurons encore des livres, c’est sûr, mais ils ne seront plus la principale porte d’entrée de la bibliothèque.

Je sais que mon travail de commis de bibliothèque, tel qu’il est aujourd’hui, n’existera plus dans 20 ans. Il va devoir changer, notamment en s’adaptant à la technologie qui évolue sans cesse. Il faut innover et ne pas avoir trop peur du changement, parce que c’est une période de bouleversement radical.

D’ailleurs, le mouvement syndical a un rôle important à jouer et doit demeurer vigilant. Il doit bien sûr défendre nos droits, mais aussi admettre que les bibliothèques changent et se diversifient. Soyons créatifs et faisons éclater nos services! C’est essentiel pour assurer l’inclusion et la participation de tous et toutes et continuer de répondre aux divers besoins des communautés qu’on soutient.

Les bibliothèques ont aussi un rôle crucial au niveau des besoins sociaux de base. Et ce rôle ne cesse de croître. Une bibliothèque municipale, c’est accessible à tout le monde, avec le même niveau de respect et de services, peu importe la situation. Avec la pauvreté, l’itinérance, les problèmes de dépendance ou de santé mentale qui touchent notre société, le besoin d’espaces sécuritaires et sans jugement où les gens peuvent obtenir l’aide nécessaire augmente. Il y a de plus en plus de personnes en situation de précarité qui viennent à la bibliothèque : elle fait partie de leur environnement de vie. Et c’est ma clientèle de cœur.

Mais c’est vrai que d’interagir avec des personnes marginalisées ou vulnérables à la bibliothèque, ça peut créer un climat d’insécurité pour la clientèle et pour les employé(e)s.

Face à ces enjeux, je crois que nos bibliothèques doivent savoir innover et s’adapter. Par exemple, depuis quelques mois, en plus d’une personne qui assure la sécurité, nous avons des travailleurs et travailleuses de rue qui ont un bureau dans la bibliothèque. Ça répond vraiment à la réalité au centre-ville où les gens ont plus de besoins particuliers. Juste à côté de la bibliothèque, il y a aussi des ressources d’hébergement pour les personnes en situation d’itinérance ou vivant des difficultés. Il faut en tenir compte pour offrir des services adaptés et appropriés et cohabiter ensemble.

Voilà qu’il y a tellement de raisons pour lesquelles je pense que mon métier aura toujours sa place dans les services publics essentiels à notre société. Peu importe le besoin technologique ou social, nous continuerons d’être là pour soutenir les membres de la communauté.