Les travailleuses et travailleurs de la Community Justice Society (CJS) de Halifax ont voté en faveur de l’entente de principe qu’ils avaient en main, mais la victoire est bien amère, malgré les gains réalisés dans cette ronde de négociations. En effet, le 7 avril dernier, les travailleuses et travailleurs ont reçu un avis indiquant que le gouvernement provincial résiliait son entente de services avec la Community Justice Society. L’organisme se voyait donner 90 jours pour clore ses dossiers en cours et quitter les locaux.
« Cette résiliation de l’entente de services est en fait synonyme de perte d’emploi pour tout le personnel de la CJS, explique Denise Russell, présidente du SCFP 4764. Alors que nous étions en pleine négociation, on nous a soudain dit que nous serions sans travail dans 90 jours. »
La section locale négociait sa prochaine convention collective depuis un peu plus d’un an et s’apprêtait à passer à la conciliation en mai quand l’avis de résiliation est entré.
Le SCFP 4764 représente six intervenant(e)s à l’emploi de la CJS, qui administre le programme de justice réparatrice pour le ministère de la Justice de la Nouvelle-Écosse à Halifax. Les membres de la section avaient voté à l’unanimité en faveur de moyens de pression lors d’un vote de grève en mars dernier.
« La décision du gouvernement est extrêmement troublante, autant pour la justice réparatrice en Nouvelle-Écosse que pour les services publics de manière générale, déplore Nan McFadgen, présidente du SCFP–Nouvelle-Écosse. La Community Justice Society est la seule agence de justice réparatrice syndiquée dans la province. Or, voilà que son entente avec le gouvernement se trouvait résiliée sans motif, après 25 ans d’existence. »
Même si les travailleuses et travailleurs se sont sentis quelque peu forcés d’accepter la nouvelle entente après avoir reçu l’avis de résiliation, les efforts du SCFP 4764 n’auront pas été vains : parmi les gains réalisés, on remarque une augmentation salariale de 9 % sur deux ans, de meilleures dispositions concernant les frais de déplacements professionnels et des clarifications entourant la semaine de travail et les horaires.
Néanmoins, au lieu de se réjouir des gains obtenus à la table de négociation, les travailleuses et travailleurs n’ont plus en tête que la précarité de l’emploi qu’ils ont failli perdre.
« Je travaille pour la CJS depuis bientôt 20 ans, et durant toutes ces années, notre syndicat a toujours été en mesure d’obtenir les augmentations demandées, a souligné Denise Russell. Mais ce n’est pas notre chèque de paie qui nous motive. Ce travail nous passionne, et nous être fait dire que nous pourrions ne plus pouvoir le faire nous a vraiment dévastés. »