Le syndicat des employés de l’Institut Philippe-Pinel déplore un manquement important au protocole après la découverte le jeudi 22 avril d’un plan de mutinerie dans l’unité F2, dédiée aux adolescents à haut risque de comportements violents. Six adolescents sont impliqués. Des armes improvisées et des courroies de fortune avaient été mises de côté en prévision d’une prise d’otage qui aurait mené à une tentative d’évasion.
À la suite d’enquêtes sur des incidents comparables survenus à l’Institut en 2011 puis en 2018, l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur affaires sociales (ASSTSAS) avait émis des protocoles à appliquer aux incidents futurs. Ces protocoles prévoient notamment la tenue dans les 72 heures d’un débriefing complet dans un cadre paritaire entre employeur et employés. Or, le débriefing a été tenu lundi, donc après ces 72 heures, et a pris la forme d’une séance d’information à sens unique et non d’une véritable séance de travail paritaire.
« La dangerosité du travail à l’Institut est bien connue et fait les manchettes régulièrement. Afin de poursuivre sa mission vitale malgré tout, le personnel a besoin que tous les mécanismes de santé-sécurité soient appliqués adéquatement, que l’employeur collabore pleinement avec le syndicat et les employés et, surtout, que l’on retienne les leçons du passé », selon Marie-Eve Desormeaux, présidente de la section locale 2960 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP). « Là, au lieu de calmer les esprits, la gestion de crise crée beaucoup d’insatisfaction et d’inquiétude. »
Le lundi 26 avril, le syndicat a déposé une plainte à la CNESST au sujet de cette dérogation aux protocoles.
« Tout cela survient dans un contexte où, comme syndicat, nous constatons que nos membres perdent confiance en la capacité de l’employeur de les protéger, ce qui cause des démissions et alimente le cercle vicieux de la pénurie de personnel. Nous perdons notre expertise, c’est une véritable saignée. Nous craignons même de ne plus répondre adéquatement à notre mission d’institut surspécialisé », d’ajouter la présidente.
« D’ailleurs, le projet de loi 59 du gouvernement du Québec sur la réforme du régime de santé et de sécurité du travail, tel que déposé, ne permettrait pas la mise sur pied de véritables comités de santé-sécurité paritaires dans le réseau de la santé et des services sociaux. C’est une lacune qui nous fera très mal si elle n’est pas corrigée », de conclure Marie-Eve Desormeaux.
La section locale 2960 du SCFP représente les quelque 700 employés de l’Institut Philippe-Pinel. Ils exercent des fonctions telles qu’infirmière, sociothérapeute, intervenant spécialisé en pacification et en sécurité (ISPS), commis-surveillant d’unité, préposé à l’entretien ménager, préposé au service alimentaire et agente administrative.