Le Canada a beau avoir la réputation d’être un excellent endroit pour vivre et faire des affaires, tant en matière de sécurité qu’au plan éthique, il est aussi en train de se bâtir une renommée comme endroit où il est facile d’échapper à l’impôt et de blanchir de l’argent. Selon Transparency International, le Canada a les lois sur la transparence des entreprises les plus laxistes des pays membres du G20, à égalité avec la Corée du Sud. En matière de transparence, le Canada est même déclassé par la Russie, l’Arabie saoudite, la Chine, la Turquie et l’Indonésie.

Le manque de transparence favorise le blanchiment d’argent, l’évasion fiscale et d’autres activités illégales. La faiblesse des lois canadiennes permet aux propriétaires d’entreprise de conserver l’anonymat en créant des compagnies-écrans. L’absence d’un registre central des entreprises comprenant le nom des propriétaires leur facilite la tâche. Cela fait du Canada un endroit attrayant pour blanchir de l’argent, particulièrement dans les secteurs des ressources et de l’immobilier. Au Canada, contrairement à bien d’autres pays, les avocats, les comptables et les agents immobiliers ne sont pas tenus de divulguer qui ils représentent dans une transaction.

La moitié des compagnies minières de la planète ont leurs sièges sociaux au Canada, en partie parce qu’il y a de l’expertise chez nous. Mais la faiblesse des lois canadiennes en matière de transparence et de responsabilisation des entreprises, particulièrement au Yukon, pèse aussi dans la balance. Des compagnies officiellement basées au Canada (parfois seulement dans un cabinet d’avocats) ont commis des violations des droits de la personne à l’étranger (dont des meurtres ciblés), des crimes environnementaux, en plus de pratiquer l’évasion fiscale, le blanchiment d’argent et la corruption.

La Banque mondiale a banni de ses appels d’offres une des plus grandes entreprises du Canada, SNC-Lavalin, pour une période de 10 ans en raison de multiples allégations de fraude et de corruption, une première. Pourtant, cette compagnie n’a pas reçu de sanctions au Canada. Pire, les libéraux fédéraux ont adopté une loi qui permet aux criminels en cravate d’éviter les poursuites en concluant une entente avec le gouvernement.

Le Canada doit resserrer ses règles en matière de transparence et de responsabilisation des entreprises. L’organisme Canadiens pour une fiscalité équitable recommande de commencer par mettre sur pied un registre public centralisé qui empêcherait les véritables propriétaires d’entreprises de se cacher derrière des compagnies-écrans.