À la veille des élections provinciales, des civières seront alignées devant l’hôpital de Bracebridge pour symboliser la gravité de la crise des soins de santé en Ontario, illustrée par ces chiffres :
- 1 860 personnes reçoivent des soins sur des civières dans les couloirs des hôpitaux, contre 826 en juin 2018, lorsque le premier ministre a promis de mettre fin à la médecine de couloir.
- 2,5 millions de citoyen(ne)s sont sans médecin de famille.
- Des patient(e)s en soins palliatifs à domicile décèdent sans analgésiques ni fournitures médicales.
- 250 000 personnes sont en attente d’une intervention chirurgicale.
- Près de 50 000 personnes sont en attente de soins de longue durée.
- Des fermetures constantes des urgences surviennent dans les petites villes.
« La crise des soins de santé touche presque toutes les familles », a déclaré Michael Hurley, président du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario du SCFP, CSHO-SCFP. « La situation dans l’ensemble du secteur des soins de santé est alarmante. Les pénuries de personnel se multiplient, les fermetures d’urgences se succèdent, et les temps d’attente pour une intervention chirurgicale, un lit en soins de longue durée, un médecin de famille ou des services de soins à domicile adéquats sont interminables. On souhaite contribuer à recentrer cette élection sur la recherche de solutions concrètes à cette crise. »
En 2023, le Muskoka Algonquin Health Care (MAHC) fonctionnait à 90,7 % de sa capacité, ce qui est bien supérieur au taux d’occupation maximal recommandé de 85 %. D’après l’analyse du CSHO-SCFP, le MAHC doit ajouter 19 lits pour atteindre des taux d’occupation sûrs.
Les dernières données du MAHC montrent que les patient(e)s des urgences attendent en moyenne 23,7 heures, et que seulement 23 % sont admis dans un temps cible de huit heures.
Le syndicat prévient que des coupes sont déjà en cours dans de nombreux hôpitaux, notamment à Hamilton, Guelph et Burlington, où les établissements peinent à faire face à l’afflux croissant de patient(e)s en raison d’un financement insuffisant.
Michael Hurley souligne que l’Ontario affiche le plus faible financement hospitalier par habitant au Canada et dispose du plus petit nombre de lits et de personnel hospitalier par rapport à sa population. Selon lui, il n’est pas surprenant de constater un engorgement record dans les hôpitaux.
Chaque jour, environ 2 000 patient(e)s reçoivent des soins sur des civières dans des espaces inappropriés tels que les couloirs et les placards, une augmentation de 125 % depuis juin 2018, lorsque Doug Ford a été élu en promettant de mettre fin aux soins de santé de couloir.
Michael Hurley affirme que l’engorgement dans les hôpitaux met en péril la sécurité des patient(e)s et du personnel, provoque des retards dans les admissions, augmente le risque d’infections nosocomiales et alourdit la charge de travail. L’engorgement dans les hôpitaux prive les patient(e)s de leur dignité, qui se retrouvent à recevoir des soins dans les couloirs, sans aucune intimité.
« Il y avait 250 000 personnes en attente d’une intervention chirurgicale l’année dernière, explique Michael Hurley. Et 2 000 personnes se retrouvent actuellement sur des civières, implorant un lit. Les patient(e)s en soins palliatifs meurent à leur domicile sans analgésiques. En tant que province, il faut impérativement offrir de meilleurs services à notre population. »
« Le prochain gouvernement doit mettre en œuvre des solutions concrètes »
Le syndicat propose les solutions suivantes pour remédier à la crise des soins de santé :
- Augmenter la capacité des hôpitaux pour répondre aux besoins d’une population vieillissante et croissante, en ajoutant des lits et en les dotant de personnel.
- Résoudre la crise du personnel en améliorant la rémunération et les conditions de travail, et en offrant des mesures incitatives comme la gratuité des droits de scolarité pour les étudiant(e)s des programmes de PSSP.
- Mettre fin à la prestation par le secteur privé des services de soins de courte durée, de soins de longue durée et de santé communautaire.
- Interdire les agences de placement de personnel infirmier pour réduire les coûts, et réinvestir ces économies dans l’amélioration de la rémunération et des conditions de travail du personnel interne.
- Améliorer la dotation en personnel dans les établissements de soins de longue durée pour atteindre la cible de quatre heures de soins par jour et augmenter la capacité afin de réduire les listes d’attente.
- Mettre fin à la sous-traitance des services de santé et gérer les soins de longue durée ainsi que les soins à domicile de manière publique et non lucrative.
- Recourir davantage aux infirmières praticiennes et infirmiers praticiens pour diriger les cliniques de soins primaires.