Corina Crawley | Employée du SCFP
William Chalupiak | Employé du SCFP
L’éducation est un outil puissant qui n’est pas neutre de nature : une démarche éducative met toujours de l’avant les valeurs et la vision de la société qu’elle sert.
Notre Service de l’éducation syndicale favorise une vision axée sur l’inclusion et l’équité depuis longtemps. Nous faisons tout en notre pouvoir pour que chaque membre de la grande communauté diversifiée du SCFP, qui s’étend d’un océan à l’autre, fasse entendre sa voix et se reconnaisse au sein de notre syndicat.
Pour nous, promouvoir l’équité n’est pas qu’une responsabilité : c’est ce qui fait notre force et notre unité.
L’éducation de nos membres est cruciale : elle offre un espace sécuritaire propice à la réflexion, à l’introspection et au changement, et permet de s’attaquer à des problèmes spécifiques comme la suprématie blanche, le colonialisme, le racisme et toutes les formes de discrimination.
Créé en 1964 pour éduquer les militant(e)s du SCFP sur une panoplie de sujets, en partant du rôle d’une personne déléguée jusqu’aux procédures parlementaires, le Service de l’éducation syndicale joue un rôle essentiel en outillant les membres du SCFP.
Depuis ces débuts modestes, il evolue pour s’adapter aux besoins changeants de nos membres.
En 1965, 75 personnes participent à la deuxième édition annuelle de l’école d’été de l’Ontario. On y offre des formations de base pour les militant(e)s des sections locales.
En 1967, le Service de l’éducation syndicale a déjà pris de l’ampleur et compte quatre représentant(e)s à temps plein. Il veille à ce que les femmes profitent également du programme. Outre les ateliers pour les membres du syndicat, le séminaire Éducation 1967 comporte des activités récréatives pour les familles ainsi qu’une séance spéciale pour les « épouses ».
Un vent de changement souffle dans les années 70. On ne veut plus se contenter d’inclure les femmes dans les activités syndicales; on veut s’attaquer aux problèmes systémiques qui les touchent au travail. C’est ainsi que des initiatives en faveur d’une rémunération égale pour un travail égal et des comités conjoints d’évaluation des emplois voient le jour, et que le Congrès du travail du Canada (CTC) commandite des formations mixtes destinées aux syndicalistes auxquelles les femmes sont encouragées à participer.
« Les femmes syndicalistes représenteront bientôt 50 % du nombre total de travailleurs syndiqués. Or, peu de femmes sont élues à des postes de direction dans le mouvement syndical », dit Jean-Jacques Jauniaux, le directeur de l’éducation pour le Québec au CTC, qui crée en 1971 l’école destinée aux femmes syndicalistes.
Puis, tout au long des années 80, la volonté de bâtir un syndicat plus égalitaire s’élargit. La croissance accélérée du SCFP vient avec un désir grandissant de refléter la véritable diversité de ses membres. Dans ce contexte, le SCFP s’efforce d’offrir les formations syndicales dont ont besoin les membres.
Outre les formations sur la négociation, les finances, le traitement des griefs et la gestion des activités syndicales courantes, l’éducation syndicale commence à prioriser davantage d’ateliers visant à bâtir un SCFP inclusif avec une diversité au sein de son leadership.
En 1986, l’équipe de l’éducation syndicale lance Comment réagir à la discrimination au travail, une nouvelle formation conçue pour mettre fin à la discrimination en milieu de travail, sous toutes ses formes.
En 1993, tout le travail du SCFP en fait un leader de la lutte contre le racisme. L’éducation syndicale continue de jouer un rôle majeur dans la grande lutte menée par les membres du SCFP contre le racisme en milieu de travail en ajoutant des ateliers sur l’antiracisme à son programme de formation courant.
Au Congrès national, les membres du Comité national arc-en-ciel présentent un important document d’orientation du SCFP sur l’équité en matière d’emploi : L’équité au premier plan. On propose d’instituer l’équité et de mener une lutte à la discrimination envers les femmes, les personnes de diverses identités de genre, les personnes noires et racisées, et les personnes en situation de handicap. La stratégie est adoptée par une vaste majorité.
« Regardez dans vos communautés. Les visages commencent à changer », lance David Onyalo, le président du Comité arc-en-ciel, aux délégué(e)s du Congrès national en 1993.
Grâce au travail acharné de visionnaires comme David Onyalo et Pam Wagner, le SCFP continue d’élargir ses horizons dans sa quête de justice en milieu de travail. En 1997, un nouvel atelier sur l’homophobie et la « discrimination invisible » intitulé Sortir du placard pour entrer dans la salle de classe est offert aux membres du SCFP.
« J’ai d’abord été une syndicaliste et puis une militante des droits des gais; alors je pouvais voir comment les droits des lesbiennes pouvaient s’intégrer à la structure syndicale », explique Pam Wagner, ancienne présidente du Comité national du triangle rose du SCFP, après avoir dirigé un projet pilote pour cet atelier en 1997.
Le nouveau millénaire est l’occasion de renouveler l’engagement de notre syndicat à éliminer les injustices en milieu de travail. En 2004, les membres autochtones du SCFP en Colombie-Britannique organisent le premier « Conseil autochtone ».
« Nous voulions célébrer notre diversité en tant que cultures des Premières Nations, mais aussi trouver comment nous faire entendre davantage au sein du SCFP et apporter des changements positifs dans le syndicat », souligne Richard Gauthier, un étudiant métis, militant et membre du SCFP 3523 à Kelowna. Il participe à l’organisation et à l’animation de l’événement de 2004, décrit comme « le plus important rassemblement autochtone du SCFP jamais organisé au Canada ».
S’en suit la création du Conseil national des Autochtones en 2006.
En parallèle, le SCFP s’attaque au capacitisme au travail, résolu à garantir le respect des droits de l’ensemble de ses membres. Grâce à des militant(e)s comme Richard Sherring et d’autres membres du Groupe de travail national des personnes en situation de handicap, le SCFP enrichit son matériel de formation de manière à faire entendre la voix des travailleuses et travailleurs en situation de handicap.
C’est notre dévouement à l’égard de l’équité, comme le prouve la formation offerte aux membres du SCFP dans les 60 dernières années, qui en partie distingue notre syndicat et alimente sa croissance.
La connaissance des enjeux du travail est un aspect important de l’inclusion, et nous sommes des pionniers de l’éducation dans le mouvement syndical. Ces connaissances et compétences de base sont des outils essentiels si l’on veut stimuler le militantisme et le leadership pour outrepasser le statu quo dans notre syndicat, mais aussi dans nos milieux de travail et nos communautés.
Depuis le début des années 2000, notre Service de l’éducation syndicale offre de nouvelles formations sur notre rôle d’intervention comme témoins, sur les espaces sécuritaires pour les membres de la diversité de genre, sur le capacitisme et les handicaps, et sur les enjeux autochtones. Consultez toutes nos ressources à scfp.ca/education-syndicale
La pandémie de COVID-19 nous a aussi forcés à accélérer le passage à la formation en ligne, ce qui a favorisé une plus grande participation de nos membres qui n’avaient auparavant pas accès à nos ateliers et à nos ressources. Avec la baisse du coût de participation aux activités d’éducation syndicale et la possibilité de participer à distance, le nombre de nouvelles personnes participantes aux ateliers a augmenté de façon exponentielle. Les membres peuvent désormais suivre des formations au moment qui leur convient, sans devoir s’absenter du travail ou jongler avec les responsabilités familiales et l’horaire de multiples emplois.
Le Service de l’éducation syndicale continue de jouer un rôle important dans les initiatives stratégiques du SCFP, dans le travail visant à outiller les membres et dans la création d’une culture de solidarité.