Près de 4 000 infirmières en Nouvelle-Écosse se disent fatiguées d’attendre que le gouvernement et leurs employeurs leur versent l’augmentation de salaire qui leur est due.
Cinq syndicats représentant des infirmières auxiliaires autorisés (IAA) réclament une action immédiate et une compensation pour toutes les IAA, quel que soit leur lieu de travail. Le 15 juin, une sentence de consentement accordait une augmentation de 12 pour cent aux IAA de l’ancienne Capital District Health Authority (la Régie de la santé de la région de la capitale), représentées par le Syndicat des employés du gouvernement et des employés généraux de la Nouvelle-Écosse (NSGEU). Cette augmentation est rétroactive au 17 mars 2014.
- Voici un communiqué de presse cosigné par le SCFP-Nouvelle-Écosse, le NSGEU, le NSNU, Unifor et le SEIU. On peut visionner la conférence de presse du 22 juillet, qui réunissait les présidents de ces cinq syndicats, au youtu.be/yo66zCi9ums (en anglais seulement).
La sentence ne s’applique pas aux IAA représentées par les autres syndicats, à savoir le NSNU, le SCFP, le SEIU et Unifor, ni aux IAA représentées par le NSGEU, mais travaillant pour d’autres employeurs que l’ancienne Capital District Health Authority (CDHA).
La sentence de consentement était le point culminant d’une procédure d’examen et d’un grief ultérieur initié par le NSGEU sur la base du rôle élargi des IAA employées par l’ancienne CDHA.
« Je suis IAA depuis 21 ans; je peux vous dire que notre rôle a changé radicalement », a raconté la présidente du SCFP-Nouvelle-Écosse, Nan McFadgen. « Au début, nous étions des aides-infirmières. Aujourd’hui, nous travaillons partout, de la salle d’urgence à la salle d’opération et aux cliniques COVID. Nous sommes responsables de résidents en soins de longue durée… la liste est interminable. »
Le NSGEU a fait valoir que les IAA accomplissaient des tâches supérieures à leur échelon de rémunération et qu’elles méritent d’être reclassés. D’autres syndicats de la santé ont avancé le même argument, mais, contrairement au NSGEU, ils ne disposaient pas d’un mécanisme ou d’un article de convention collective pour réclamer un reclassement par voie de grief.
Selon Jason MacLean, président du NSGEU, toutes les IAA, et pas seulement celles qui ont reçu la sentence de consentement, attendent depuis trop longtemps qu’on reconnaisse leur apport au système de santé. Il serait inacceptable de repousser ce rééquilibrage à plus tard.
« Il nous a fallu six ans et un arbitre pour boucler le dossier, souligne M. MacLean. Ce serait cruel de demander à des milliers d’infirmières d’attendre encore de nombreuses années, potentiellement, avant d’obtenir un salaire égal. »
Janet Hazelton, présidente du Syndicat des infirmières et infirmiers de la Nouvelle-Écosse (NSNU), affirme qu’on a déposé des griefs où on mentionnait la parité salariale comme principe fondamental de la grille salariale et le fait que les employeurs violent ce principe en refusant d’ajuster le salaire de toutes les IAA rétroactivement à 2014.
« Nous avons déposé des griefs dans tous les secteurs : les soins actifs, les soins communautaires et les soins de longue durée, dit-elle. Mais le gouvernement et les employeurs devraient s’attaquer immédiatement aux disparités. Il y a de nombreuses années, les syndicats se sont battus pour obtenir la parité salariale pour toutes les IAA. Si on ne règle pas le problème tout de suite, on imposera aux IAA un recul irrévocable. »
La directrice de la région de l’Atlantique chez Unifor, Linda MacNeil, estime que cette situation a eu un effet démoralisant et polarisant sur les IAA qui font le même travail d’un bout à l’autre de la province, mais qui seront désormais nettement moins rémunérées que certaines de leurs collègues. Retarder la résolution du problème entravera davantage les efforts de recrutement et de rétention, notamment en région rurale.
« Les cinq syndicats qui représentent des IAA en Nouvelle-Écosse ont organisé une campagne commune de rédaction de lettres et de sensibilisation du public pour unifier leurs membres et obtenir le soutien des infirmières, explique-t-elle. Plus la situation perdure, plus les IAA se sentent collectivement sous-évaluées et dévalorisées. »
Le moment ne pourrait pas être plus mal choisi, estime Cathy Retieffe, présidente de la section locale 2 (filiale de la Nouvelle-Écosse) du SEIU, qui représente des IAA dans de nombreux établissements de soins de longue durée de la province.
« Une deuxième vague de COVID-19 pourrait dévaster les soins de longue durée comme nous l’avons vu dans d’autres provinces et chez nous, dit-elle. Payer des salaires différents à des infirmières qui font le même travail, particulièrement pendant une pandémie, est inutilement nuisible. Nos efforts et nos priorités doivent porter sur la sécurité de tous, et non sur la quête fondamentale de la parité salariale pour un travail égal. »
Les syndicats reconnaissent que toutes les IAA de la Nouvelle-Écosse ont vu leurs tâches et responsabilités augmenter avec le temps et qu’elles tiennent un rôle de premier plan dans les soins aux patients. Il est temps que le gouvernement apprécie nos IAA de tous les secteurs de soins à leur juste valeur en appliquant immédiatement la parité salariale.